Marjorie Baciuchka-Palmaro - Hôpital Nord Marseille : Bien réagir au cancer du sein en entreprise

Bien réagir au cancer du sein en entreprise

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30/11/2022
Marjorie Baciuchka-Palmaro  - Hôpital Nord Marseille
Marjorie Baciuchka-Palmaro
Oncologue médicale, praticien hospitalier
Hôpital Nord Marseille

Si le cancer du sein signe bien souvent l’arrêt de la vie professionnelle, des femmes continuent de travailler en parallèle des traitements. L’employeur dispose de plusieurs clés pour quotidiennement accompagner au mieux la salariée malade dans son activité. Marjorie Baciuchka-Palmaro, oncologue médicale à l’hôpital Nord Marseille, livre des pistes de réflexion.

En quoi est-ce difficile d’annoncer sa maladie au travail ?
Il faut savoir qu’à l’annonce de la maladie, tout s’arrête : la vie de famille, la vie de femme et la vie professionnelle. Grâce à la sensibilisation, le cancer est de moins en moins mal accueilli en entreprise. La maladie n’est plus dissimulée. Mais l’annonce reste chargée d’inquiétudes. Certaines femmes craignent de perdre en capacité de travail.

Quels sont les risques liés à la poursuite d’une activité professionnelle ?
Les traitements sont intensifs et éprouvants, par leur fréquence ou leurs effets. Les collègues et employeurs doivent être vigilants. La fatigue psychologique, les défauts de concentration et pertes de mémoire peuvent être des effets secondaires cachés de la chimiothérapie. Les femmes atteintes, diminuées, le cachent souvent et se mettent en difficulté.

Comment accompagner les femmes qui décident de poursuivre le travail ?
La première clé, c’est la bienveillance. Il faut d’abord laisser le choix à la salariée de continuer ou non le travail. Si elle le souhaite, il faut être à l’écoute de ce qu’elle peut faire physiquement et psychologiquement puis améliorer ses conditions de travail. Cela peut passer par l’aménagement des horaires, la mise en place de phases de repos, de télétravail etc.

Est-ce à encourager ?
Si une femme atteinte du cancer du sein le décide, il faut l’encourager. Cela veut dire qu’elle aime son travail, son équipe, son environnement. Des éléments qui constituent une aide solide pour affronter la maladie. Beaucoup de femmes, une fois de retour à la maison, se sentent isolées. Travailler dans de bonnes conditions leur permet de gagner en énergie, de lutter contre la solitude et la dépression. Dans ce cadre, l’activité professionnelle peut être une clé vers la rémission.

Comment échanger pour organiser le départ et le retour de la personne malade ?
Les femmes malades ont souvent un entretien avec l’employeur, pour préparer au mieux leur départ. La société a bien évolué à ce niveau, mais ce sont tout de même des moments brutaux, difficiles à vivre. L’autre grande clé est la communication. A cause du cancer, la sensibilité des femmes est accrue. L’employeur doit privilégier la réponse en miroir (répondre à un mail par un mail) et montrer que la porte du dialogue reste ouverte, pour adoucir l’échange et faciliter l’étape. De préférence, l’employée doit pouvoir choisir le canal de communication. C’est pareil pour le retour au travail. Laissez-le se faire en douceur, par exemple via le mi-temps thérapeutique. Quand les malades sont accompagnés, tout se passe toujours mieux.

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