André Aubaret - CHU de Toulouse : On ne peut pas bunkeriser nos établissements

On ne peut pas bunkeriser nos établissements

|| Sécurité des entreprises
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23/01/2015
André Aubaret - CHU de Toulouse
André Aubaret
Conseiller pour la sécurité générale
CHU de Toulouse
Le Centre Hospitalier Universitaire de Toulouse est la structure de référence de la région Midi Pyrénées : 14 000 personnes y travaillent, 660 000 consultations et 230 000 hospitalisations sont réalisées chaque année. Une véritable ville dans la ville en prise directe avec la montée de phénomènes de violence.
Préserver la sécurité des patients et des soignants, tout en restant fidèle à une certaine philosophie de soins, tel est le challenge d'André Aubaret.

Un Hôpital, c'est un lieu particulier à sécuriser ?
Complètement. L'Hôpital est d'abord un lieu de soins qui est ouvert sur la ville. C'est en même temps une véritable éponge qui reflète l'évolution actuelle de notre société. Les différentes violences se croisent et parfois s’affrontent. Chaque jour, nous faisons face à des incivilités, des menaces, des dégradations, des agressions qui sont autant de facteurs perturbant l'activité de nos établissements.
C'est une équation difficile que de protéger les personnes et les biens tout en préservant les principes d'ouverture et de partage qui doivent être les nôtres. C'est l'esprit dans lequel je travaille depuis mon arrivée à ce poste en mai 2014.

Comment est positionnée votre fonction de conseiller à la sécurité générale au sein de l'organigramme du CHU de Toulouse ?
Je suis directement rattaché au directeur général du CHU. C'est un poste à la fois fonctionnel et opérationnel. Je réfléchis, en collaboration très étroite avec les compétences transverses, aux grandes orientations dans le domaine de la sécurité générale, en termes d'organisation, d'équipements, de procédures, de formation. Mais je suis aussi bien évidemment en lien étroit avec les équipes fonctionnelles de sûreté et de sécurité pour analyser les statistiques, intervenir sur le terrain en cas d'incident grave, coordonner les actions, maintenir le lien institutionnel etc..

Comment endiguer les phénomènes de violence et d'agression à l'hôpital ?
La question de la protection des personnels soignants est centrale. D'où les investissements importants que nous avons réalisés sur des moyens de vidéoprotection, de contrôle d'accès ou d'alertes (DATI). Par exemple, sur le site de Purpan, un nouvel établissement baptisé URM (Urgences-Réanimations-Médecines) va ouvrir à l'été 2015. Nous avons pour objectif de profiter de cette ouverture pour réaliser un projet ambitieux en regroupant dans un PC sûreté central couvrant une dizaine d'établissements, tous les systèmes de vidéoprotection, contrôles d'accès et contrôle parkings. Ce PC fonctionnera autour d’une équipe H24 qui pourra intervenir de façon préventive mais aussi  rapidement en réponse à un acte de violence.
Nous avons également renforcé nos relations avec les forces de police et de justice. L'objectif est d'améliorer la capacité d'intervention de la police et son action à l'intérieur de nos établissements. Un protocole venant s’appuyer sur un accord santé-police-justice de 2011  a également abouti à la réalisation de 27 "fiches réflexe" destinées aux cadres de santé. Ces fiches énoncent les points clés et conduites à tenir face à différents phénomènes : blessure par armes, découverte de stupéfiants, etc…
Nous sommes également sur le point de signer une convention entre les forces de police,  de gendarmerie afin d’apporter  des réponses concrètes aux phénomènes de violence.
Une volonté forte et affirmée de la Direction Générale est d’accompagner les agents dans la constitution d’une procédure pénale.  
L'information et la formation des personnels est une des réponses prioritaires. Nous devons accompagner nos personnels pour qu'ils puissent mieux appréhender la violence, la situer  et apporter une réponse verbale et gestuelle proportionnelle.
Toutes ces actions ne peuvent trouver une réelle efficacité que dans une démarche globale respectant la vocation d'origine de l'hôpital en tant que lieu de soins.