Santé des agriculteurs et utilisation de pesticides : comment limiter l'utilisation et les risques ?

pesticide
ORGANISATION DE LA PREVENTION || AT / MP - Pénibilité
/
23/02/2018

La mission ministérielle chargée d'identifier les enjeux liés aux produits phytosanitaires et à leur utilisation, les filières économes et les bonnes pratiques vient de rendre son rapport.


L’utilisation des produits phytopharmaceutiques constitue aujourd’hui un enjeu majeur de santé publique tant pour les applicateurs, leurs familles que pour les riverains et la population en général.
Les différentes études publiées mettent en évidence des augmentations de risque significatives pour plusieurs pathologies en lien avec l’exposition des travailleurs et de leurs familles (cancer de la prostate, maladie de Parkinson, lymphome non hodgkinien, myélome multiple, atteinte du système nerveux central).

L’utilisation des produits phytopharmaceutiques constitue aussi un enjeu majeur pour l’environnement. La quasi-généralité des cours d’eau est contaminée et le coût du traitement curatif de l’eau est estimé entre 260M€ et 360M€ par an. Les insectes pollinisateurs sont menacés par ces produits sachant que le service rendu par ces insectes à la production marchande est chiffré entre 2,3Mds€ et 5,3Mds€ par an.

Jusqu’à présent, force est de constater que les mesures prises ne sont pas suffisamment dimensionnées pour permettre de réduire significativement la dépendance aux pesticides de la production agricole, qui se heurte à d’importants freins économiques.

Pour la mission, l’objectif fixé au sein du plan Ecophyto 2 (-50 % d’utilisation en 2025) ne pourra être obtenu que par l’affirmation au plus haut niveau de l’Etat d’une détermination du gouvernement dans son ensemble à mener ce plan à terme et d’utiliser pleinement les leviers existants pour le faire.

Les principaux leviers que la mission a identifiés à ce titre sont les suivants :

  • Mobiliser dès maintenant les financements publics (Plan d’Investissement et de Transformation de l’Agriculture (PITA) de 5mds€ ; financements de la Politique agricole commune) au service de la transition vers un usage économe des PPP
  • Soutenir et développer la filière de l’agriculture biologique en tant que système alternatif contribuant à la réduction d’utilisation de PPP, au travers d’un objectif de doublement de la production d’ici 2025 (passage de 7 % à 15 %)
  • Lever les freins économiques à la valorisation des productions économes en produits phytopharmaceutiques, au travers du développement d’un label agro écologie (autour du label existant Haute Valeur Environnementale), de l’engagement d’une concertation avec l’aval et l’amont pour identifier les filières insuffisamment développées, et de la conduite d’une étude sur la faisabilité et l’opportunité de la mise en place d’une assurance risques

Les rapporteurs énoncent plus précisément dix recommandations concrètes pour limiter l'utilisation de produits phytopharmaceutiques et leurs effets sur la santé.