Le dernier rapport de l’Observatoire national des violences en milieu hospitalier (ONVH) montre que les professionnels de santé sont en souffrance : les agressions et incivilités à leur encontre sont en constante augmentation :
- 2690 faits signalés en 2006,
- 5090 faits signalés en 2010.
La violence impacte sur les conditions de travail du personnel des établissements de santé et contribue à réduire leur bien-être au travail.
Une classification par niveau de
risque
L’observatoire distingue 3 niveaux d’atteintes aux
biens : des dégradations légères à celles touchant
du matériel de valeur (médical, informatique, imagerie
médicale...), en passant par les vols avec ou sans effractions,
tags, dégradations de véhicules, incendies volontaires…
Il définit également 4 niveaux d’atteintes aux personnes : injures, insultes et provocations, consommation ou trafic de substances illicites (stupéfiants) ou prohibées en milieu hospitalier (alcool), chahuts, occupations des locaux pour les moins graves. Les agressions peuvent aller, dans les cas heureusement plus rares, jusqu’aux coups, violences avec armes (armes blanches ou à feu, scalpels, rasoirs, objets dangereux)…
Attention cependant à l’interprétation des chiffres : il
importe de distinguer le ressenti de la réalité et de
nuancer l’augmentation des signalements de violence : ils
sont plus nombreux en raison de la politique incitative mise en
œuvre par le ministère de la Santé et des directions des
établissements de santé (politique de sécurité des
personnes et des biens, signalements plus systématiques…)
Par ailleurs, on constate que l’accroissement des violences
entraîne la diminution du seuil de tolérance : lassitude des
personnels de santé.
Des violences qui touchent
essentiellement les personnes
La violence à l’hôpital se banalise : les injures aux
personnels sont ainsi devenues monnaie courante et expliquent
sans doute, pour une part, leur malaise.
En effet, le rapport révèle qu’entre 2009 et 2010, les faits de
violence ont augmenté de 7, 33 %. Et 83 % des
violences déclarées sont des atteintes aux
personnes : coups (46 %), insultes et injures
(21 %), menaces (15 %).
Les atteintes aux biens augmentent, mais correspondent le plus
souvent à des dégradations légères (14 % dégradations et
vols simples contre 1 % d’incendies ou dégradations
graves).
Les trois services les plus touchés restent la
psychiatrie (32 %), les urgences (13.5 %) et la
médecine générale (16 %), avec des spécificités par
services. Et, d’une manière générale, presque tous les
services des établissements de santé sont concernés par des
atteintes physiques aux personnes.
Manque de civilité des
patients
Les patients sont les auteurs de 71 % des faits signalés et
les agressions sont tournées vers les soignants dans les ¾ des
cas (une tendance qui ne s’infléchit pas). Les accompagnateurs ne
sont pas en reste : ils sont responsables de 23,31 %
des faits de violence. Les raisons du
« mécontentement » : des horaires de visites
qu’ils jugent trop restrictifs, difficultés à se conformer au
règlement de l’hôpital…
Pour tenter de ramener la courtoisie à l’hôpital, plusieurs établissements ont intégré un pacte de civilité à leur livret d’accueil : celui-ci rappelle les droits du patient mais aussi ses devoirs, informe de la possibilité d’une sortie disciplinaire en cas de comportement contraire aux clauses du pacte.
Des propositions concrètes pour
réduire les risques
La finalité du rapport, outre de détailler une
situation difficile à vivre pour les soignants, souligne
les points de défaillance du système et apporte des pistes
d’actions structurelles et organisationnelles pour réduire les
risques :
- amélioration des procédures d’alerte,
- organisation du travail pour garantir un personnel suffisant
lors des pics de risques,
-…
Par ailleurs, l’ONVH a réuni un groupe de travail qui prépare un
guide méthodologique. Objectif de ce dernier : simplifier
les procédures d’accompagnement des professionnels de santé
victimes de violence au travail.
Plus d’infos : http://www.infirmiers.com/.../les-agressions-de-personnels-hospitaliers-en-hausse-en-2010.html