- améliorer la prévention des risques industriels (cf. https://www.preventica.com/actu-chronique-seveso-salaries-prevention-risques-majeurs.php) ;
- anticiper et faciliter la gestion technique d’un accident ;
- améliorer le suivi des conséquences sanitaires et environnementales de long terme ;
- renforcer les contrôles et se doter des moyens d’enquête adaptés.
Pour l’essentiel, il s’agit à l’analyse de mesures visant à
améliorer l’action de l’État dans la gestion des incidents ou des
accidents, et remédier à certaines critiques émises concernant le
dispositif existant. On notera toutefois que paradoxalement, et
alors qu’il existe une forte attente sur la transparence, en ce
plan d’action appréhende assez peu la question des moyens de
communication de crise auprès du public et des populations.
Il se concentre essentiellement sur la relation prioritaire entre
les exploitants et les autorités en vue de corriger certaines
lacunes mises à jour par l’affaire LUBRIZOL - NORMANDIE
LOGISTIQUE, en cherchant à ne pas alourdir excessivement une
réglementation déjà très complexe en la matière.
Le juste point d’équilibre entre attractivité économique et
prévention des risques est toujours une affaire délicate…
Concrètement pour les exploitants concernés, ce plan d’action va
se traduire par certaines évolutions réglementaires à venir,
ainsi qu’un renforcement des campagnes de contrôle par l’autorité
administrative de la conformité et du respect des prescriptions
applicables à l’exploitation (en complément des mesures déjà
annoncées par deux instructions ministérielles des 2 octobre et
31 décembre 2019).
Pour l’essentiel, retenons que les exploitants pourront être
soumis à de nouvelles prescriptions générales particulières :
-
Concernant le régime administratif des grands entrepôts
de matières combustibles un renforcement de conception
et d’exploitation est annoncé (cf. règles minimales de tenue au
feu avant effondrement, disponibilité et débits d’eau
pour concourir à l’extinction d’un éventuel incendie, règles
d’exploitation du stockage dans les entrepôts existants pour
éviter la propagation aux installations voisines, etc.), avec
un changement important puisque le classement dans la
nomenclature ICPE s’examinera au regard de l’échelle d’un
entrepôt dans son ensemble, même s’il y a des installations
contiguës de stockage relevant de plusieurs rubriques
différentes ;
- Concernant les risques d’effets domino et de propagation aux installations voisines avec :
-
- D’une part, l’identification des ICPE voisines de sites Seveso (éloignement inférieur à 100 m) non soumises à étude de danger, y compris celles bénéficiant d’un droit d’antériorité, qui sont susceptibles de présenter un risque d’effet domino en cas de sinistre ;
-
D’autre part, le renforcement de
l’obligation des sites Seveso situés dans un même bassin
industriel d’échanger entre eux les informations sur leurs
effets domino potentiels et de coopérer pour l’information
des ICPE voisines ;
- Concernant les plans d’opération interne (POI) et leur bonne préparation avec :
-
- Un renforcement de la fréquence des exercices, soit une fois par an a minima pour les sites Seveso seuil haut (contre 3 actuellement) ou tous les 3 ans pour les autres sites industriels concernés ;
- L’obligation d’acter dans le POI les moyens de mesure des
émissions de polluants ainsi que la mise à disposition
d’équipements nécessaires auprès de prestataires identifiés
pour mener les premiers prélèvements environnementaux en cas
d’incident (lesquels pourront être mutualisés entre
industriels géographiquement proches - à noter toutefois que
le plan d’action ne prévoit pas de modifier particulièrement
la nouvelle réglementation relative aux plates-formes
industrielles – cf.
https://www.preventica.com/actu-chronique-securite-collective-plateformes-industrielles-contrat.php).
L’objectif étant de permettre de mener des analyses
précises au-delà des premiers polluants classiquement
analysés dans des situations accidentelles.
Par ailleurs, il est prévu d’inclure dans le POI les opérations de nettoyage et de remise en état après un accident majeur ;
- Concernant le stockage des liquides inflammables, via :
-
- Des mesures techniques visant à limiter la propagation d’incendie (dimensionnement des cuvettes de rétention, utilisation de conteneurs de type IBC) ;
- Une meilleure prise en compte des volumes de liquides combustibles ;
- Un renforcement de la vigilance en matière de conformité
des pratiques en matière de stockage des produits finis avant
expédition ;
-
Concernant les équipements de défense anti
incendie, avec la mise en adéquation des capacités en
matière d’émulseur de mousse ;
-
Concernant la capacité de mettre à disposition
immédiatement en cas d’accident l’ensemble des
informations à jour nécessaire concernant les volumes de
produits stockés et leur nature (famille et propriétés).
Pour cela, il est envisagé d’imposer aux exploitants concernés (sites Seveso ainsi que principaux entrepôts et sites de tri – transit – regroupement de déchets) la tenue d’une base de données sur un support « non-dépendant des conditions matérielles sur site », devant faire l’objet d’un suivi administratif a minima quotidien doublé périodiquement d’un inventaire physique.
La réglementation sera adaptée en conséquence, et il faut s’attendre à ce qu’elle prévoit des exigences minimales en termes de sûreté des données dans l’hypothèse où celle-ci serait hébergée sur un cloud informatique externalisé. Il est certain que la capacité de l’exploitant à pouvoir fournir ces informations à première demande est cruciale, non seulement en termes de gestion d’accident, mais également lorsqu’il s’agira d’apprécier l’accomplissement de ses diligences et sa responsabilité éventuelle…
Ainsi, pour les exploitants concernés, « à risques majeurs,
enjeux majeurs » , avec d’un côté, celui de la maîtrise de la
conformité réglementaire, et de l’autre, celui de la maîtrise des
risques opérationnels.
Si le simple respect des prescriptions réglementaires ne préjuge
pas de la sécurité effective (cf. Risques liés aux facteurs
humains par exemple), leur inobservation est potentiellement
lourde de conséquences pour l’exploitant en cas d’accident et de
poursuites pénales, même si le débat judiciaire reste toujours
ouvert sur les éléments constitutifs de l’infraction et son
imputation au prévenu en termes de causalité.
À noter sur ce point qu’en cas d’accident important, le ministère
prévoit la création d’un bureau enquête accident industriel
(BEAI), à l’instar de ce qui existe dans le domaine des
transports.
Dans le cadre de la mission d’enquête parlementaire, il a été
proposé d’aller plus loin avec la création d’une autorité de
sûreté des sites Seveso indépendante, calquée sur le modèle de
l’autorité de sûreté nucléaire (ASN), et dont la compétence
s’étendrait plus largement à la prévention des risques
industriels et pas uniquement aux enquêtes post-accident. Pour
l’heure, cette option n’est toutefois pas retenue par le
Gouvernement, qui privilégie de réorienter l’action d’inspection
des DREAL à moyens constants.