Les atteintes à la sécurité ont explosé dans votre
secteur en 2019, comment l’expliquez-vous ?
Effectivement, nous avons assisté l’année dernière à une
augmentation très importante du nombre de cambriolages et plus
particulièrement des vols de carburant. Ce phénomène est pour moi
très clairement lié au climat social en France et à
l’augmentation du prix de l’essence. Les manifestations et
mouvements sociaux de 2019 ont de plus mobilisé les forces de
l’ordre dans les grandes agglomérations, ce qui fait que nos
agences ont été un peu moins surveillées et la délinquance
itinérante s’est également considérablement développée. Un vol de
carburant, en valeur, ce n’est pas grand-chose mais derrière,
cela entraîne des pertes en cascade : retard auprès du client,
réparation du réservoir, bouleversement du planning… Nous
étudions actuellement la meilleure façon de renforcer le système
de protection des agences.
Autre gros point noir : la fraude externe, qui s’inscrit de plus
en plus dans un système de crime organisé. Nous faisons face à
des criminels extrêmement bien informés capables de racheter des
entreprises et de mettre à leur tête un homme de paille dans le
but de préparer le détournement de matériels de chantiers. Autre
technique qui peut être utilisée : la falsification de bons de
commande en reprenant l’identité de l’un de nos gros clients.
Les techniques sont de plus en plus sophistiquées et
l’imagination des criminels sans limites. Nous devons nous
adapter en permanence pour prévenir ces nouvelles formes de
délinquance.
Plus globalement, quel est le périmètre de votre fonction
au sein du groupe Kiloutou ?
Ma fonction couvre deux grands champs de compétences : le
contrôle interne et la sûreté.
Dans le domaine du contrôle interne, ma mission est d’identifier,
d’évaluer et d’analyser tous les risques auxquels peut être
confrontée l’entreprise. Nous mettons alors en place des
procédures pour prévenir ces risques et vérifier bien sûr que ces
procédures sont appliquées. Tout ceci avec la particularité de
travailler dans 5 pays différents avec des cultures aussi
éloignées que peuvent l’être la Pologne de l’Italie.
Notre action s’inscrit dans le cadre de la Loi Sapin 2 avec une
attention particulière à la lutte contre la corruption et à la
protection des lanceurs d’alerte. L’objectif est de valider la
certification ISO 37001 d’ici 2 ans.
Pour ce qui concerne la sûreté, mon travail est de définir les
axes stratégiques et la politique groupe. Chaque pays adapte
ensuite la politique et les procédures selon son
environnement.
Parlez-nous des grands chantiers que vous souhaitez
lancer dans le cadre de la certification ISO 37001 ?
Nous souhaitons rapidement établir une cartographie des risques
propres à chaque pays. Notre niveau de sûreté doit être identique
quel que soit le pays dans lequel nous travaillons. Le chantier
est vaste puisqu’il comprend aussi bien la sécurité économique
que celle des voyageurs, tout en étant conforme avec le
dispositif réglementaire national propre à chaque pays.
Au-delà de l’aspect sûreté, la dimension culturelle et
managériale est primordiale. Une politique sûreté ne sert à rien
si elle n’est pas comprise, acceptée et appliquée. Nous avons un
gros travail de pédagogie à faire pour que les salariés
comprennent l’intérêt de la démarche, pour leur bien et plus
globalement pour celui de l’entreprise.
Une politique sûreté ne sert à rien si elle n’est pas comprise, acceptée et appliquée.
Avec un réseau de plus de 500 agences sur 5 pays en Europe, le Groupe Kiloutou est un acteur majeur de la location de matériel, un secteur confronté depuis quelques années à la recrudescence de tentatives de fraudes de plus en plus sophistiquées.Zoom.