De nouvelles obligations en matière de risque électrique
apparaissent dans le secteur du BTP. Patrick MOUTEL,
Responsable de domaines / Lots techniques, Energies, Réseaux
Ferrés à l’OPPBTP a accepté de décrypter pour nous le contenu de
la réforme dont la mise en place a pris un peu de retard.
Préventica - Un texte, rédigé pour être applicable depuis
le Ier juillet 2011, prévoit une nouvelle habilitation pour les
opérateurs travaillant sur ou à proximité des installations
électriques. Quelle est la portée d’une telle évolution
législative ? Combien de travailleurs sont
concernés ?
Patrick Moutel - Ces nouvelles règles sont
ajoutées au Code du travail. Destinées à mieux protéger les
travailleurs contre les risques électriques, elles vont impliquer
de nombreuses professions. Dans le seul secteur du bâtiment, on
estime à 350 000 le nombre de professionnels dans
l’obligation de subir une formation initiale et une habilitation
au risque électrique. Divers métiers, tels peintres, plaquistes
ou menuisiers, seront directement concernés.
À ce chiffre, il faut ajouter les métiers traditionnellement
visés par le risque électrique, à savoir les électriciens de
tout ordre, électromécaniciens et métiers associés. La plupart
d’entre eux possèdent déjà cette habilitation, mais celle-ci
devra être réactualisée. Au total, on peut considérer que l’on va
largement dépasser le cap des 500 000 personnes !
Prév - Pourquoi un tel décret aujourd’hui, alors que si
l’on se base sur les chiffres de l’INRS, on s’aperçoit que le
risque électrique est en nette diminution ?
P.M. - Il est vrai qu’il faut se féliciter de la
baisse constante des accidents d’ordre électrique. Néanmoins,
ceux qui se produisent encore sont très graves et pourraient être
évités, notamment par une meilleure prise en compte des
procédures qui permettent de travailler en sécurité.
Pour cette raison, l’ensemble des acteurs concernés à souhaité
remettre à jour les pratiques qui existaient au travers du
recueil C 18510 de l’UTE, datant de 1988. La DGT, qui voulait
également remettre à plat cette réglementation, s’est associée à
la démarche. Ensemble, ils ont contribué à créer une passerelle
entre le Code du travail et un « référentiel »
pratique. Le souci nº 1 était de concilier toutes les parties
concernées, aussi bien les professionnels de l’électricité que
les non-électriciens intervenant à proximité d’installations
électriques : c’est chose faite dans ce texte de juillet
2011.
Prév - Que va changer l’habilitation électrique
obligatoire pour les opérateurs ?
P.M. - Elle impose une meilleure prise en compte
du risque électrique, par une analyse des situations de chaque
intervenant ainsi que l’obligation pour chacun d’une formation
correspondant à sa tâche.
Préventica - À quelle date sera-t-elle réellement
applicable ?
P.M. - Officiellement, elle est obligatoire
depuis le 1er juillet 2011 ! Toutefois, la rédaction de la
future norme homologuée, NFC 18510-2011, a pris du retard. Je
pense qu’elle sera effective dès le premier trimestre 2012.
Une précision cependant : dans certains cas, l’habilitation
est déjà obligatoire (Réseaux) depuis longtemps !
Prév - De la réforme, on retient principalement cette
habilitation. Mais c’est loin d’être la seule mesure. Que
prévoient exactement les nouveaux textes ?
Ces textes ont pour objectifs d’encadrer les obligations en
matière de risque électrique, selon les Principes Généraux de
Prévention (PGP). Ils englobent tous les niveaux de
responsabilités des différents acteurs et intervenants.
Maîtres d’ouvrages, chefs d’entreprises, entreprises
utilisatrices, entreprises intervenantes aussi bien que
travailleurs indépendants sont concernés par des obligations de
mise en place de procédures et la rédaction de documents.
Ceux-ci concourront tous demain à une amélioration des conditions
de travail dans ce domaine.