Que pouvez-vous nous dire sur Fleury Michon et, plus
particulièrement, sur son service de prévention et de santé au
travail ?
L’entreprise Fleury Michon est une entreprise familiale implantée
en Vendée depuis plus d’un siècle ; elle fait travailler
aujourd’hui 2800 personnes qui fabriquent des jambons de porc et
de volaille, du surimi, des aides culinaires et des plats
préparés.
Cette entreprise est historiquement très investie dans l’aspect
social et ce que l’on appellerait aujourd’hui la responsabilité
sociale des entreprises (RSE). A l’avant-garde pour contracter
une mutuelle santé et prévoyance pour les salariés, elle met
également à leur disposition un service social et un service de
prévention et de santé au travail d’entreprise. Celui-ci est
composé d’un médecin du travail et de 6 infirmiers formés en
santé au travail présents sur les différents sites de
production.
Dans ce contexte, le service de prévention et de santé au travail
s’implique, au-delà des sujets propres aux expositions
professionnelles, depuis des années, sur des sujets de santé
publique : dépistage du diabète, prise en charge de toutes les
vaccinations y compris antigrippale et Covid (étendue à la
famille des salariés dans le contexte épidémique que nous avons
connu), prise en charge de divers soins infirmiers, incitations
au dépistage du cancer du sein, colorectal et de la prostate.
Ajoutons à cette liste l’aide à l’arrêt du tabac, sujet
incontournable dans une entreprise où le taux de fumeurs est de
30% (2018).
Pouvez-vous revenir sur votre participation aux Trophées
Bossons Futés ?
Pendant deux années consécutives, nous avons fait appel à un
tabacologue expérimenté dans les interventions de groupe en
milieu professionnel, utilisant une approche
cognitivo-comportementale. Chaque année, cette initiative a pris
en charge 30 employés, mais pas plus, faute d'inscriptions
suffisantes malgré nos efforts de communication.
Ensuite, nous avons exploré une autre approche en collaboration
avec l'association « Je ne fume plus ! ». Cette initiative
originale a été mise en œuvre après notre rencontre avec cette
association lors d'un salon Préventica en 2022. Elle consiste en
une forme de "tabac dating" combinée à un suivi. Elle est menée
en partenariat avec ladite association. C’est avec ce projet que
nous avons candidaté aux Trophées Bossons Futés.
La proposition de l'association différait considérablement de
notre précédent dispositif : deux tabacologues formés étaient
chargés d'aller à la rencontre des employés directement dans les
restaurants d'entreprise. Au préalable, toute l'équipe de santé
au travail avait été formée à la prise en charge des employés
désireux d'arrêter de fumer, y compris à la prescription de
substituts nicotiniques et à l'utilisation de cigarettes
électroniques.
La positivité et la détermination, illustrées par le slogan "je
ne fume plus !", ont cultivé une vision optimiste de la réussite
dès les prémices du projet. Enfin, l’accompagnement bienveillant
et le suivi attentif des infirmiers en santé au travail ont
parfaitement complété cette initiative, offrant un soutien
continu aux employés dans leur parcours vers l'arrêt du
tabac.
Comment cette mission a-t-il été accueillie au sein de
vos équipes ?
Les infirmiers en santé au travail ont accueilli avec
enthousiasme leur nouvelle mission d’aide à l’arrêt du tabac.
Pour eux, contribuer activement à l'amélioration de la santé
présente et future des employés est une source de fierté.
Vous avez remporté le prix de la catégorie « Impact »,
félicitations ! Pouvez-vous nous dire quelques mots à ce sujet
?
La catégorie Impact nous a été décernée probablement en lien avec
l’impact immédiatement visible que représente l’arrêt du tabac
pour 63 personnes de l’entreprise. C’est un honneur pour notre
service de santé au travail que d’être récompensé par
l’association « Bossons futé » qui est une référence pour la
profession des médecins du travail.
Comment va évoluer ce projet ?
Nous allons étendre notre proposition aux équipes de nuit,
pérenniser cette expérience en 2024 et probablement tous les ans.
Parallèlement nous avons d’autres projets en réflexion : le
dépistage des hypercholestérolémies, les conseils nutritionnels,
une proposition d’accès simplifié à la médecine générale dans un
contexte de pénurie d’offre de soins.
Quelque chose à ajouter ? Un message à faire passer
?
Les actions de santé publique peuvent se décliner dans le monde
du travail, autant pour respecter la réglementation récente que
dans le cadre de la RSE, et ceci particulièrement dans les
entreprises disposant d’un service de santé au travail intégré
(mais pas uniquement dans celles-ci). Les salariés apprécient
particulièrement que leur employeur se préoccupe de leur santé de
manière globale. Ces actions doivent toutefois respecter
certaines règles : le respect de la confidentialité et du secret
médical, le libre choix pour les salariés d’y participer ou non,
la pertinence des actions en termes de santé publique ; pour
respecter certains de ces critères, l’expertise d’un médecin
semble nécessaire.
