Pouvez-vous présenter le Laboratoire ? Quelle est sa
mission ?
Le Laboratoire de l’égalité est une association créé il y a une
dizaine d’années. Cette association n’est pas féministe, au sens
politique et militant du terme. Nous avons beaucoup de respect
pour les féministes. Elles ont fait un travail historiquement
incontestable, souvent au prix d’un grand danger. Nous, nous
cherchons à savoir pragmatiquement ce qui gêne l’égalité entre
femme et homme dans la vie professionnelle. Notre objectif est
d’œuvrer pour l’égalité entre les hommes et les femmes au
travail. Diffuser une culture de l’égalité professionnelle. Nous
menons des campagnes de publicité, de lobbying, y compris auprès
de candidats à l’élection présidentielle.
Pourquoi s’intéresser à l’état de santé des femmes au
travail ?
C’est effectivement notre prisme. Nous nous intéressons au
travail : aussi bien dans les entreprises privées que dans le
secteur public, ou auprès des indépendants. On essaie de couvrir
tous les statuts. Pendant mes recherches, je me suis rendu compte
que la santé au travail était un domaine où les inégalités entre
les femmes et les hommes étaient terrifiantes. Nous avons donc
décidé de mener ce grand état des lieux.
Au cours de vos recherches, qu’avez-vous constaté
?
La nette dégradation de l’état santé psychique des femmes qui
travaillent est indéniable. Pendant la pandémie, une modification
fondamentale de l’organisation du monde du travail s’est opérée.
Les femmes ont payé très cher toutes ces évolutions. Le
télétravail et le travail hybride, notamment, ont rechargé les
épaules des femmes d’une charge mentale dont elles s’étaient
progressivement libérées au cours de 20 dernières années. Cela
leur faisait un espace d’autonomie et de liberté en moins. De
nombreux cas de dépression ou de burn out ont été constatés. Mais
l’impact est également physique. D’autres travaux ont montré que
les chiffres des TMS concernant les femmes étaient aussi
particulièrement dramatiques.
Le monde professionnel est-il sensibilisé sur le sujet
?
Certains secteurs d’activité et certaines entreprises sont
extrêmement en retard. Des chefs d’entreprise et des managers
n’ont tout simplement pas intégré l’importance de certains modes
d’organisation du travail sur la santé des femmes par exemple.
Une évolution culturelle des manager et des dirigeants doit
encore se faire. Si toutes les entreprises de France et les
collectivités prenaient la peine de faire un état des lieux
similaire au nôtre en interne, elles amélioreraient
l’attractivité de leur boîte ainsi que la performance de leurs
salariées.
Cette grande enquête doit donc remédier à ces problèmes
?
Nous cherchons à sensibiliser l’opinion publique sur ces enjeux.
L’enquête et ses résultats seront diffusés. Nous allons ensuite
rassembler tous les acteurs concernés pour engager un processus
de coconstruction et réfléchir à des solutions. Il y a énormément
de pistes de travail. C’est colossal