Pourquoi cette étude sur la dimension économique de la
prévention ?
Plusieurs raisons ont motivé la réalisation de cette étude. En
premier lieu, le fait qu’aucune étude équivalente au niveau
microéconomique n’ait été menée dans le monde jusqu’à présent. Il
y a bien eu une étude de l’IRSST sur le même thème, il y a
quelques années mais sur des éléments de comptes de grands
groupes. Il est d’ailleurs intéressant de noter que les résultats
en sont très similaires aux nôtres.
Par ailleurs, la dimension chiffrée de la prévention est un
paramètre rarement pris en compte par les préventeurs, qui ont
plus souvent une approche qualité ou réglementaire.
Enfin, nous avons constaté à l’OPPBTP que lorsque nous agissions
dans une entreprise sur la prévention, cela impactait
positivement l’organisation du travail et la performance
globale.
Nous avions donc besoin de cet outil qui nous permet de parler de
prévention avec un discours différent, centré sur le retour sur
investissement.
Quels sont donc les principaux résultats de cette
étude ?
Ils sont très positifs et étayent totalement la position que nous
portons depuis des années auprès des entreprises du BTP.
Sur les 101 cas d’entreprises étudiés, 94 présentent un bilan
positif, avec un ratio moyen de 2,19. Cela veut dire que pour
100 € investis en prévention, l’entreprise a généré un gain
de 219 €, soit un bénéfice net de 119 €.
En outre, le retour sur investissement est très rapide puisque
l’investissement est amorti sur une durée moyenne d’une année et
demie.
Les cas étudiés représentaient un investissement moyen en
prévention de l’ordre de 8000 €.
Au-delà des chiffres, cette étude démontre que la prévention
apporte des bénéfices chiffrables, qu’elle est rentable et
accessible à tous.
Comment ces chiffres peuvent-ils faire avancer la
prévention dans le secteur du BTP ?
Dans les entreprises du BTP, la main d’œuvre représente au
minimum 25% des coûts de l’entreprise et généralement plutôt aux
alentours de 50%.
La prévention permet de remettre l’homme au cœur de l’entreprise.
S’il est démontré de façon imparable que la prévention apporte un
gain économique, l’information passera beaucoup mieux tant auprès
des chefs d’entreprise que des salariés eux-mêmes, qui,
paradoxalement, sont parfois réticents à appliquer des mesures de
prévention de peur de générer des surcoûts pour leur entreprise.
L’OPPBTP compte-t-il poursuivre des travaux sur ce
sujet ?
Dans un premier temps, nous allons exploiter ces premiers
résultats et les diffuser auprès des entrepreneurs du BTP, à
travers une série de conférences que nous organisons dans toutes
les régions de France. Nous avons reçu en outre des demandes de
conférences à l’étranger, car cette nouvelle approche de la
prévention soulève beaucoup d’intérêt chez nos homologues
étrangers.
Nous cherchons également à renforcer nos partenariats avec des
professionnels qui sont dans une approche économique de
l’entreprise, tels que les économistes de la construction,
experts comptables…
Enfin, nous allons certainement lancer une deuxième étude
économique sur d’autres profils d’entreprises.
En savoir plus
- 101 cas d'actions de prévention analysées dans le cadre de l'étude "Une approche économique de la prévention" – OPPBTP, mars 2013