Quelles raisons vous ont amené à engager ce projet de
prévention au sein du service d'entretien ?
Depuis plusieurs années, l'amélioration des conditions de travail
fait partie des préoccupations de nos élus, avec la création d'un
CHSCT dès 2008, bien avant qu'il ne devienne réglementairement
obligatoire.
L'analyse des risques professionnels menée dans le cadre du
Document Unique avait mis en lumière la surexposition des agents
du service d'entretien aux contraintes physiques, mais aussi des
facteurs de pénibilité liés aux conditions de travail
(organisation, isolement, horaires décalés et/ou coupés,
amplitude de travail, temps de travail, matériel utilisé,
etc...).
Cette analyse était confirmée par les chiffres de l'absentéisme :
en 2012, la moitié des jours d’absence pour raison de santé des
agents de la ville concernaient les agents d’entretien alors
qu’ils ne représentent qu'un tiers des effectifs.
Alors que nous réfléchissions à un plan d'actions pour assurer de
meilleures conditions de travail à ces agents, le service
entretien avait de son côté, le projet de recenser l'ensemble des
sites en termes de surfaces, qualité des sols, encombrement,
fréquence et utilisation pour adapter les temps de travail aux
besoins réels de la collectivité.
Nous avons profité de cette étude pour y greffer des notions de
prévention et de conditions de travail.
Concrètement, comment avez-vous procédé ?
Au départ, notre intention était de faire le point sur le
matériel mis à disposition des agents pour l'entretien des locaux
et d'identifier les modifications à apporter dans l'organisation
actuelle du travail et/ou la conception des bâtiments (horaires,
déplacements, affectations, existence de vestiaires, points
d'eau, vide-seaux, « douchettes », etc...). L'objectif
était de redéfinir, le cas échéant, les affectations des agents
en fonction des lieux d'intervention et les temps de
travail alloués à l'entretien de chaque site selon des critères
liés aux superficies, à la nature et l'état des sols, et à la
fréquentation et l'usage des lieux.
En plus de cette étude, nous sommes finalement allés beaucoup
plus loin en imaginant une modulation du temps de travail en
fonction de l'âge de l'agent chargé de l'entretien pour chaque
site, afin d'intégrer les critères liés à la pénibilité de ce
métier.
Le résultat final est que nous avons recalibré de façon
totalement personnalisée pour chaque agent. les temps de travail
en corrélation avec l'analyse de nos besoins sur chaque site.
Quels sont les premiers résultats que vous avez pu
constater ?
Le dispositif a été mis en œuvre début 2013, il est encore tôt
pour en tirer des conclusions définitives mais on constate déjà
une baisse de 40% du nombre de jours d'arrêt de travail au
service d'entretien sur l'année écoulée. Le nombre d'agents
d'entretien ayant eu un arrêt de travail a lui baissé de 13%
Au delà de ces chiffres, cette étude a permis d'ouvrir un vrai
dialogue avec les agents sur les conditions de travail et les
temps de travail. Il y a eu un bon retour de leur part sur le
diagnostic des temps de travail nécessaires et aujourd'hui, ils
n'hésitent plus à faire remonter des observations sur l'état des
surfaces qu'ils doivent entretenir ou à suggérer des
améliorations pour l'organisation de leur travail quotidien. un
lien s'est créé qu'il nous faut, maintenant, entretenir.
Quel a été le coût financier de ces mesures
?
L'investissement matériel est pratiquement insignifiant : nous
avons juste complété, ou parfois renouvelé, le matériel mis à
disposition des agents. Quelques aménagements ont été faits mais
sans grand frais, surtout basés sur le bon sens.
En termes de temps de travail, il y a pratiquement eu
compensation entre les temps pondérés à la hausse et ceux qui ont
été revus à la baisse, en accord avec les agents, donc pas
d'impact sur la masse salariale.
Au final, c'est surtout l'investissement en temps qui a été
important pour recenser finement tous les locaux à entretenir sur
la commune, tout a été fait en interne sans l'appui d'un cabinet
extérieur.
La volonté était de faire les choses de façon très pragmatique
pour adapter complètement la démarche aux besoins de nos agents
et nous sommes aujourd'hui très fiers des résultats obtenus.