Quel état des lieux des risques psychosociaux dans la
fonction publique dressez-vous aujourd’hui ?
Les risques psychosociaux (RPS), signes des transformations
profondes du travail en général, n’épargnent pas aujourd’hui les
services publics. Les données les plus pertinentes figurent dans
l’enquête « Surveillance médicale des expositions aux
risques professionnels » (SUMER) réalisée par la Direction de
l’animation de la recherche, des études et des statistiques
(DARES1).
On y découvre notamment, en ce qui concerne la fonction publique
hospitalière mais aussi les autres fonctions publiques, que les
nouvelles technologies, les contraintes horaires, l’intensité du
travail, le poids individuel des erreurs commises sont des
facteurs importants de difficultés et donc des sources de
pathologies pouvant entrer dans le champ des RPS.
Quels sont les principaux facteurs qui ont généré cette
recrudescence des risques psychosociaux dans la fonction
publique ?
Les réformes successives de modernisation de l’administration ont
modifié le rapport qu’avaient les agents avec leur activité
constituant ainsi des facteurs de déstabilisation. Leur impact
peut être envisagé selon trois niveaux touchant aux spécificités
de la fonction publique.
Le premier niveau concerne l’évolution de la notion d’intérêt
général avec le passage d’une logique de « service
public » à une conception de « service du
public », qui se traduit par la montée en puissance du souci
de l’usager ou du patient, assorti de fortes exigences.
Un second niveau touche aux mutations qui bousculent le statut de
la fonction publique. Se voyant demander compétences, capacités
d’adaptation et d’initiative ainsi que mobilité personnelle et
professionnelle, l’agent public n’a plus grand-chose à voir avec
le fonctionnaire, avançant automatiquement à l’ancienneté et
garanti totalement dans son emploi.
Enfin, dernier niveau d’impact qu’il faut prendre en
compte, l’introduction dans l’administration de
techniques de management empruntées aux entreprises.
Quelles solutions peuvent être mises en oeuvre, et avec
quels moyens ?
Le FNP met à disposition des employeurs publics une information
ainsi que des moyens pour prévenir les RPS. Un groupe de travail,
mis en place par le FNP et animé par Sciences Po Bordeaux, a
réuni entre octobre 2012 et février 2013 des représentants des
fonctions publiques territoriale et hospitalière et des experts
en matière de santé au travail, notamment dans le domaine des
RPS.
Ce groupe de travail a proposé trois « points de vigilance » pour
mieux appréhender les RPS.
Le premier touche aux cultures professionnelles et aux rapports
positifs, ou négatifs, que les personnels entretiennent avec les
activités qui leur sont confiées. Ces deux éléments constituent
le « sens » du travail. Tout changement dans le travail qui n’en
tiendrait pas compte, conduirait inéluctablement à des
comportements se manifestant souvent dans ce qu’on dénomme des
«risques psycho-sociaux ».
Le management, second point, placé au cœur des mutations du
service public, doit intégrer les dimensions positives du travail
afin de répondre aux exigences contemporaines de
l’organisation.
Enfin, pour assurer la meilleure « qualité de vie au travail »
possible, il convient de mettre l’accent sur les
instances et procédures qui, dans les fonctions publiques
territoriale et hospitalière, sont des moyens pour construire une
forme « d’intelligence collective » du travail.
- Surveillance médicale des expositions aux risques professionnels - Enquête SUMER, Dares fév. 2013