Selon vous, comment a évolué la fonction de Directeur de la Sécurité ces dernières années ?
La sécurité est une matière vivante, et les problématiques évoluent au rythme de notre société. Aujourd’hui, nous devons faire face et prendre en compte dans nos politiques de sécurité l’augmentation des phénomènes de vols, d’agressions et d’incivilités.
Les évolutions législatives, les contraintes réglementaires et des innovations technologiques importantes ont également fortement marqué l’actualité de notre profession ces dernières années.
Je crois aussi que le profil des directeurs de la sécurité est amené à changer dans les années à venir. Historiquement les entreprises recrutaient des anciens fonctionnaires de la sécurité publique car il n’existait pas de formations adaptées à leurs besoins. Une douzaine de masters spécialisés dans divers domaines liés à la sécurité se sont créés en France, ces jeunes diplômés arrivent progressivement dans nos services et occuperont bientôt des postes au plus haut niveau.

La filière sécurité se structure dans tous les domaines ?
Tout à fait. L’événement majeur de l’année 2012 a été la création du CNAPS (Conseil National des Activités Privées de Sécurité). Cela va permettre de professionnaliser les activités de sécurité privée. Des sanctions ont déjà été prononcées, c’est un secteur qui a connu de trop nombreuses dérives ces dernières années. Il reste la problématique de la formation du middle management dans ces entreprises, il faut créer des filières de formation adaptées à leurs besoins. A l’heure actuelle il n’en existe aucune en formation initiale. En formation continue, un cursus vient d’être créé à l’INHES (Institut National des Hautes Etudes de la Sécurité et de la Justice) en partenariat avec l’ADS (Agora des Directeurs Sécurité) et l’USP (Union des Entreprises de Sécurité Privée). Le rapport de l’Inspection Générale de l’Administration sur le contrôle des entreprises de sécurité privée de mai 2010 avait d’ailleurs pointé cette difficulté constatant «  le manque de managers et l’insuffisance de la formation des salariés » et soulignant que « C’est surtout au niveau des agents de maîtrise que le déficit est important. Les salariés dans la surveillance humaine ont souvent un niveau de qualification trop bas, même si l’Etat exige un niveau minimum de formation. ».

Parlez-nous maintenant de l’Agora des Directeurs de la Sécurité
Les Agoras sont des clubs fonctionnant sur le principe des communautés de fonctions. Ainsi tous les membres de l’Agora des Directeurs de la Sécurité (ADS) sont des Directeurs de la Sécurité d’entreprises privées ou d’administrations de plus de 500 personnes. L‘objectif est d’échanger entre professionnels partageant les mêmes besoins et rencontrant les mêmes problématiques métiers dans l’exercice de leur fonction, de bénéficier des retours d’expériences et d’en faire émerger les bonnes pratiques.
L’ADS comprend aujourd’hui plus de 250 membres avec une instance nationale à Paris et trois instances régionales à Lille, Lyon et Bordeaux.

Comment vit le Club ?
Nous avons tout d’abord un programme de manifestations avec environ huit soirées thématiques par an, faisant intervenir plusieurs experts sur des questions d’actualité ayant trait à notre profession. Par exemple, notre prochaine soirée portera sur le projet de réforme de la loi de 1983 sur la sécurité privée avec l’intervention du Préfet Jean-Louis Blanchou.
Nous avons également la possibilité de poser des questions sur un besoin précis à l’ensemble de la communauté à travers le système des « questions flash », voire de se réunir en « atelier flash ».
Ce partage d’expériences est très profitable, on progresse dans notre métier en confrontant les problèmes et en apprenant des autres.
Enfin, chaque année, nous organisons également un rendez-vous prestigieux, le Gala de la Sécurité, réunissant les acteurs clé de la profession, représentants des pouvoirs publics, responsables d’associations professionnelles, directeurs de la sécurité et dirigeants des principales société de sécurité privée. Cet événement a pour objectif de réfléchir, de poser les grands enjeux de notre profession et trouver, ensemble, les meilleures solutions.

 

Pour en savoir plus