Quels sont les principaux éléments à retenir de cette 5e
édition de votre baromètre pénibilité ?
Tout
d'abord, il faut avoir en tête que sur les 10 facteurs de
pénibilité énoncés par la loi, 5 viennent en tête des situations
les plus rencontrées par les entreprises : il s'agit des postures
pénibles, du travail répétitif et du bruit en premier lieu,
suivis par les manutentions manuelles de charges et le travail de
nuit.
Aujourd'hui, c'est 1 entreprise sur 10 qui affirme avoir plus de
50% de ses salariés soumis à un ou plusieurs facteurs de
pénibilité au delà des seuils, un chiffre qui a considérablement
chuté depuis 2014 où 48% des entreprises s'estimaient concernées.
Cette variation s'explique en grande partie par le travail
réalisé dans le cadre de la loi qui a permis aux entreprises de
disposer d'un cadre concret pour définir les seuils de
pénibilité.
Les entreprises que vous avez interrogées sont-elles bien
préparées pour l'échéance du 1er juillet ?
75% des
entreprises disent avoir les outils pour identifier les salariés
qui dépassent les seuils de pénibilité. Sur les 10 facteurs de
pénibilité énoncés par la loi, certains sont simples à mesurer
comme le travail de nuit, ou le travail en milieu hyperbare. Mais
d'autres sont beaucoup plus complexes et nécessitent de faire
intervenir des experts, pour la mesure du bruit par exemple,
voire d'observer le travail réel des salariés dans le cas de la
manutention de charges ou des postures pénibles. Les 4 facteurs
qui sont entrés en vigueur le 1er janvier 2015, à savoir le
travail de nuit, le travail en milieu hyperbare, le travail
répétitif et le travail en équipes successives alternantes,
étaient relativement simples à évaluer. Cela va être beaucoup
plus compliqué avec les 6 facteurs de pénibilité entrant en
vigueur au 1er juillet (ndlr: postures pénibles,
manutentions manuelles de charges, agents chimiques, vibrations
mécaniques, températures extrêmes, bruit)
Où en sont les branches professionnelles sur
l'établissement des référentiels ?
Effectivement les
entreprises attendent beaucoup de leurs branches professionnelles
pour les accompagner dans leur démarche de prévention de la
pénibilité. 65% des entreprises interrogées se sont intéressées
au travail des branches professionnelles sur les référentiels
pénibilité et une entreprise sur deux pense opter pour une
évaluation collective de l’exposition à la pénibilité via un
accord de branche étendu. Toutefois, à l'heure actuelle, aucune
branche professionnelle n'a déposé son dossier pour homologation
par le COCT. Le travail est en cours mais il y a beaucoup
d'interrogation sur la date de publication effective des
référentiels. En attendant, les entreprises essayent d’évaluer la
pénibilité et de mesurer les seuils auxquels sont soumis leurs
salariés en faisant appel à des cabinets experts en prévention
des risques professionnels.