L’Agemetra vient de publier un dossier sur le risque
chimique. Pourquoi ce focus précis ?
Cet article répond à plusieurs besoins. D’abord, une grande
partie de nos adhérents est concernée par le risque chimique
alors qu’elle pense ne pas l’être. Je pense par exemple aux
garages automobiles, à la restauration, à l’industrie mécanique…
Il y a un manque de prise de conscience : le risque chimique ne
concerne pas que l’industrie chimique.
Aussi, nous sommes en train de nous déconfiner. Le Covid et le
risque biologique ont beaucoup occupé les esprits jusqu’à
présent. Nous voulions donc rappeler que dans le milieu
professionnel, il n’y a pas que le risque biologique, il y en a
bien d’autres et il faut les gérer.
Qui sont globalement, les entreprises concernées
?
Tous les domaines d’activité sont concernés. Une personne qui
fait du soudage par exemple, elle va produire des fumées et ça
c’est un risque chimique. Un salarié qui découpe du métal va
dégager des poussières, et c’est à nouveau un risque
chimique.
Les entreprises pensent que le risque chimique est seulement lié
aux produits chimiques qu’elles achètent, mais pendant leur
activité elles peuvent créer des produits chimiques de manière
non volontaire. Ces éléments là représentent un risque chimique.
Pourquoi le risque chimique est sous-estimé
?
La règlementation autour du risque chimique est assez complexe et
très riche, les employeurs ont du mal à l’appréhender. L’Agemetra
est d’ailleurs là pour les aider à ce niveau.
Les entreprises sont davantage sensibilisées aux produits qui ont
des effets immédiats. Pourtant, beaucoup ont des effets sur la
santé différés dans le temps, qui apparaissent au bout de
quelques mois, de quelques années. Les entreprises sous-estiment
beaucoup les effets à long terme, elles ne voient pas le risque
si ça ne fait pas mal sur le coup.
Certains risques chimiques sont donc plus difficiles à
appréhender ?
En effet, en plus des risques chimiques « classiques », qui
provoquent des brulures de la peau, des allergies cutanées ou
respiratoires ou encore une irritation des yeux, il y a des
risques chimiques émergents. Pour ceux-là, nous ne savons pas
exactement quels sont tous les effets possibles sur la santé.
Il y a notamment les perturbateurs endocriniens et les
nanoparticules. Beaucoup d’études mettent en évidence qu’il y a
des raisons de s’inquiéter. Par contre, les études ne sont pas
assez nombreuses pour statuer avec précision sur les effets sur
la santé. Aujourd’hui nous ne connaissons pas les effets mais par
principe de précaution nous poussons les entreprises à mettre en
place des moyens de protection des salariés pour éviter un
prochain scénario comme celui de l’amiante.
Quels types de solutions l’Agemetra propose
?
Les entreprises se demandent souvent comment communiquer en
interne à mes salariés, sans créer la panique ! L’Agemetra a
développé des stratégies d’accompagnement sur la communication
interne sur le risque chimique.
Nous avons aussi deux catégories de solutions pour aider les
employeurs à évaluer et à réduire le risque chimique. D’abord,
celles sur-mesure. À partir du moment où un adhérent nous
sollicite, nous faisons un diagnostic, un audit. A l’issue de cet
état des lieux, nous lui présentons nos conclusions et quelles
sont les problématiques à travailler. Nous proposons des
interventions sur mesure, qui s’adaptent à la typologie des
salariés, aux produits présents en entreprise. Le plan d’action
est co-construit avec l’entreprise, nous impliquons la direction
et les salariés.
Nous avons aussi des solutions « standard ». Nous essayons de
toucher plusieurs entreprises en même temps, avec des ateliers de
prévention interentreprises. Nous avons un volet sensibilisation
qui se fait via des webinars. Par exemple, nous développons
actuellement un webinar de 15/20 minutes à destination des
garagistes, où nous présentons un outil que nous mettons à leur
disposition. C’est un outil qui permet aux entreprises de choisir
des produits moins dangereux pour la santé des salariés.
Les entreprises adhérentes peuvent bénéficier d’un accompagnement
sur le risque chimique à tout moment, il suffit de faire une
demande auprès de son médecin du travail sans aucun frais
supplémentaire car tous ces accompagnements sont compris dans la
cotisation annuelle.
Et ces échanges avec les entreprises vous servent
également en interne.
Tous les accompagnements de l’Agemetra servent aux entreprises
adhérentes mais nous servent aussi à nous. Nous récoltons des
informations sur les produits chimiques existants, sur les
niveaux d’expositions des salariés, etc. Nous passons ces
informations aux médecins et nos équipes médicales vont faire le
lien avec le suivi des salariés. Le médecin va se dire « en
termes de surveillance médicale, quelle action mettre en place ».
Il y a donc une double utilité à notre travail.