A l’aube de cette nouvelle année, quels sont selon vous
les principaux défis qui attendent le monde de la sécurité
privée ?
Ils sont nombreux mais j’en retiendrai trois.
Le premier défi est d’ordre économique. Nous devons retrouver
dans nos entreprises suffisamment de marge de manœuvre économique
pour faire vivre et évoluer nos entreprises et faire évoluer les
femmes et les hommes qui les composent.
Nous avons ensuite un défi social majeur. Il faut engager une
vraie réflexion sur l’avenir de la profession et de ses métiers
avec nos partenaires sociaux. Le dialogue social est en panne,
nous devons le remettre à plat.
Enfin, la maîtrise de la technologie est un autre défi
d’importance. Il s’agit de prendre en compte les nouvelles
technologies en termes d’intégration, de mobilité afin de faire
évoluer nos offres, nos métiers et nos prestations en
conséquence.
Dans ce contexte, quelles sont vos priorités d’actions
pour le SNES ?
Je souhaite que le SNES soit une vraie force de propositions au
service de tous ses adhérents. Il n’y a pas de priorité
incontournable car nous devons travailler et avancer sur tous les
sujets en parallèle : formation, expertise,
technologies…
Plus concrètement, sur le plan économique, nous avons déjà engagé
un dialogue constructif avec le Délégué aux coopérations de
sécurité et le Médiateur Inter-entreprises, Pierre PELOUZE. Il
s’agit de faire émerger une nouvelle relation entre donneurs
d’ordre et prestataires, sortir de la vente d’heures de présence
tarifées au plus bas pour valoriser une prestation plus globale
apportant de la valeur ajoutée sur le conseil, le management et
la qualité de la prestation.
Sur le volet social, le projet de Contrat d’Etudes Prospectives
que nous proposons est une avancée importante pour réfléchir avec
nos partenaires sociaux sur nos métiers aujourd’hui et demain et
voir comment nous pouvons évoluer ensemble.
Enfin, pour ce qui concerne la formation, nous devons repenser de
manière globale le dispositif de formation en fonction des
besoins de nos clients et de nos entreprises et pas seulement en
réponse aux contraintes que nous impose l’Etat. Dans ce cadre, je
souhaite réfléchir à la mise en place d’un cercle de réflexion
sur ces thèmes.
De multiples sujets sont encore sur la table :
l’observatoire des prix de revient, la lutte contre les pratiques
déloyales, la mise en place d’une garantie financière pour les
entreprises de sécurité privée, les JO à Paris en 2024 …
Que pensez-vous du récent décret autorisant l’armement
des agents de sécurité privée ?
A travers ce décret, les pouvoirs publics donnent un encadrement
réglementaire à une pratique d’ordre exceptionnel. Cela répond à
une demande des donneurs d’ordre. Aujourd’hui, il y a encore du
travail et des discussions en cours pour donner un contour précis
à ce projet de loi et en faire les déclinaisons opérationnelles
dans la branche et nos sociétés.
Même si la possibilité d’être armés ne concerne qu’une faible
minorité d’agents, j’y vois surtout une marque de confiance de
l’Etat envers le secteur de la sécurité privée. L’effort de
professionnalisation et de responsabilisation du secteur de la
sécurité privée est reconnu par les pouvoirs publics.
Ce décret s’inscrit pleinement dans le concept de Continuum de la
sécurité, la vision d’une collaboration pleine et entière de
toutes les forces de sécurité, pour la sécurité de nos
concitoyens.
