Quelles sont les missions d'Europol dans le domaine de la
cybercriminalité ?
Début 2013, la commission européenne a demandé à Europol de créer
l'EC3, L'European Cybercrime Center. Face à la montée en
puissance très forte des phénomènes criminels sur internet,
l'objectif est de donner plus de ressources, plus de cohérence et
plus de visibilité à la politique européenne de cyberdéfense.
Notre action se focalise sur trois domaines prioritaires :
la pédopornographie via internet, la fraude aux cartes de crédit
et comptes bancaires et les intrusions dans les systèmes
d'informations.
Le cybercrime modifie complètement les paramètres du travail
policier classique, notamment en ce qui concerne l'administration
de la preuve. Nous avons donc modifié nos méthodes de travail
pour apporter une réponse adaptée à ces nouvelles formes de
délinquance.
Quels moyens particuliers avez-vous développés dans le
cadre de vos enquêtes ?
La lutte contre la cybercriminalité implique d'avoir une grande
ouverture.
Ouverture sur le monde car le cybercrime n'a pas de frontières,
ce qui nécessite d'ouvrir des coopérations à l'international.
Interpol va très prochainement ouvrir son centre mondial de lutte
contre la cybercriminalité à Singapour, nous serons bien
évidemment en connexion étroite avec leurs équipes pour
coordonner les efforts, échanger les informations, mutualiser les
moyens sur nos enquêtes respectives.
Egalement ouverture sur le secteur privé. D'une part parce que
les grands opérateurs privés de l'internet sont victimes ou
supports de la cybercriminalité, d'autre part parce que ces
opérateurs travaillent de manière permanente à améliorer les
techniques de sécurité et de détection des fraudes. Nous avons
donc tous intérêt à mettre nos compétences en commun pour
accroître notre efficacité.
Nous venons d'ailleurs d'inaugurer en octobre le Cyberlab dans
lequel travaillent des experts extrêmement pointus de tout ce qui
touche à l'internet. A l'égal de la politique scientifique et
technique dans le monde "réel", ces experts doivent être capables
de retrouver des preuves que les cybercriminels mettent à l'abri
de dispositifs de sécurité très sophistiqués. Nous nous devons
d'être un référent en matière de technicité pour l'ensemble des
polices européennes.
Au-delà du travail d'enquête, vous avez un rôle de veille
au service des forces de police des états
membres ?
Tout à fait, la capacité à partager l'information est essentielle
pour endiguer les phénomènes de cybercriminalité. Nous jouons un
rôle de vigie et de courroie de transmission pour l'ensemble des
forces de police. Par exemple, si une cyberfraude à la carte
bancaire est détectée en Allemagne et qu'elle est susceptible
d'affecter la France, nous alerterons immédiatement la France.
Par ailleurs, dès qu'une nouvelle technique de fraude ou de
piratage se révèle, nous adressons une note d'alerte à tous les
services de police. De la même façon, nous développons le partage
des bonnes pratiques en matière de cybersécurité, notamment pour
les pays les plus novices dans ce domaine. Enfin, nous organisons
des sessions de formation destinées aux policiers des états
membres afin de les faire bénéficier de notre expertise.
L'objectif est que les pays de l'Union européenne puissent, avec
notre appui, mieux se protéger contre la cyberdélinquance.