En quoi consiste un service de pathologie professionnelle / santé
au travail ?
Ce service a une double fonction : la première est tournée
vers les agents du CHU et des établissements extérieurs (médecine
du travail des agents hospitaliers) ; la seconde,
consultation de pathologies professionnelles, est ouverte à tous
les salariés (en activité ou en retraite). Le rôle de ce service
est de permettre aux salariés de faire le lien entre des
symptômes et une pathologie professionnelle, de bénéficier
d’examens complémentaires, d’être accompagnés dans la démarche de
reconnaissance d’une maladie professionnelle…
Nous sommes également soutien technique à la médecine du
travail : des médecins des entreprises ou des services de
santé nous envoient leurs salariés pour des examens
complémentaires nécessitant un matériel technique qu’ils n’ont
pas.
Vous rencontrez les agents hospitaliers du CHRU de Brest
en tant que chef de service de médecine du travail. Quelles sont
les pathologies émergentes auxquelles vous êtes
confrontés ?
En effet, mon service est en charge des consultations de médecine
du travail des agents du CHRU. Cela représente 7 500 agents
(nous sommes l’un des plus gros employeurs de la région, au 2e ou
3e rang des employeurs de Bretagne). Beaucoup de métiers sont
représentés dans un hôpital et cela entraîne bien évidemment une
multitude de risques : manutention,
risques biologiques, infectieux, physiques…
Les TMS (essentiellement des lombalgies) sont toujours
d’actualité mais la situation s’améliore grâce à la mise en
place de campagnes de sensibilisation, aux achats de matériels
permettant de soulager l’agent, aux formations gestes & postures…
En second lieu, nous nous intéressons de près aux cancers
professionnels ainsi qu’aux risques entraînés par les
rayonnements ionisants et les traitements de chimiothérapie pour
les agents.
Mais, la pathologie émergente est sans nul doute la souffrance
mentale. Et cette situation n’est malheureusement pas réservée
aux salariés du CHRU ou du secteur public. Néanmoins, depuis
l’ouverture de la consultation en 1993, j’ai vu le mal-être des
agents s’intensifier : manque de personnel, accroissement de
la polyvalence des taches (sans vraiment y être formé),
augmentation de la pression financière pour les hôpitaux…
Est-ce que les accords de novembre 2009 sont susceptibles
d’améliorer la situation pour les hôpitaux ?
Parmi les trois Fonctions publiques, la Fonction publique
hospitalière est certainement la moins concernée. Nous appliquons
notre propre législation, basée notamment sur l’application du
code de santé publique et du Code du travail. Notre situation à
l’égard de la prévention des risques professionnels est proche de
celle du régime général et notre politique de prévention des
risques déjà organisée. Néanmoins, le rapprochement des
politiques sociales, managériales et de prévention des risques
dans les trois Fonctions publiques, la mise en commun d’outils et
de compétences et le renforcement du dialogue social représentent
assurément une avancée profitable à tous.
Comment voyez-vous l’évolution de votre métier dans ce
contexte ?
A titre tout à fait personnel, je suis un peu
inquiet spécialement face au problème de pénurie de médecins
du travail. La médecine du travail voit ses effectifs chuter et
le monde hospitalier n’échappe pas à cette réalité. De ce fait,
nous ne parvenons pas à appliquer la législation, notamment
l’obligation de visites médicales régulières pour les agents.
Nous les rencontrons tous les deux ans et demi ou trois ans au
lieu d’une fois à l’année. En ce qui concerne le risque chimique
et de CMR, il y aurait beaucoup à faire : l’évaluation des
risques n’est pas assez poussée, toujours par manque de médecins,
mais aussi d’autres intervenants : ergonomes, intervenants
en prévention des risques professionnels, psychologues...
La situation n’est pas prête de s’arranger car la discipline
n’attire pas beaucoup les étudiants en médecine (enseignement en
second cycle réduit à quelques heures, peur des contraintes
législatives liées à la spécialité, réforme toujours en cours de
discussion…)
Ainsi, le collège des enseignants auquel j’appartiens m’a chargé
d’une mission pour mieux faire connaître la discipline
(plaquette, information à l’université, site Internet…). Notre
manière d’intervenir, à notre niveau, contribue à la dynamique
nationale en faveur d’une restructuration de la médecine du
travail.
Vous serez à Prévent’Ouest en mai prochain. Qu’en
attendez-vous ?
Je connais bien l’événement pour y être intervenu il y a quelques
années à la demande de la CNRACL. Je réitère l’expérience à
Rennes dans quelques mois : je participerai à nouveau au
congrès pour développer la thématique des risques chimiques et
biologiques chez les agents hospitaliers.
Il est important pour le CHRU de Brest d’être présent à
Prévent’Ouest : pour faire partager notre expérience et
rencontrer nos homologues du privé et du public. Ce partage et
l’échange d’informations aident chacun à progresser.