Dans quel contexte se placent les négociations
télétravail qui débutent le 3 novembre ?
La crise du COVID a complètement bousculé notre organisation du
travail. Avec le confinement, les entreprises ont dû s’engager à
marche forcée dans le télétravail, que nous qualifions ici plutôt
de Continuité d’Activité à Domicile (CAD), compte tenu de la
façon dont les choses se sont passées. En 2017, environ 3% des
salariés étaient en télétravail. Pendant le confinement, le
chiffre est grimpé à 25%.
Durant cette période, les entreprises et les salariés ont
découvert ou redécouvert le télétravail. La crise sanitaire
actuelle nous pousse à envisager que le télétravail pourrait
devenir de plus en plus courant. Et le cadre législatif dans
lequel nous évoluons est sur la base de l’accord
interprofessionnel qui date de 2005, une époque à laquelle les
environnements de travail, et notamment les usages du numérique,
n’avaient rien à voir avec ce que nous connaissons
aujourd’hui…
D’où la nécessité de travailler sur un nouveau cadre qui
corresponde à ces nouvelles pratiques de télétravail régulier,
occasionnel ou contraint.
Après une phase de diagnostic qui s’est finalisée en septembre,
le patronat a concédé, sous la pression des organisations
syndicales, d’ouvrir une négociation au coeur de nos échanges
actuels.
Quels sont les principaux points de revendication de la
CFE CGC ?
La première de nos ambitions est que nous puissions aboutir à un
ANI (Accord National Interprofessionnel), ce à quoi le patronat
s’était opposé dans un premier temps mais qu’il semble désormais
accepter. Cet ANI doit s’inscrire dans un format normatif et
prescriptif, afin de pouvoir mettre en place des règles
similaires dans toutes les entreprises. Par exemple, nous
militons pour que le CSE soit consulté et émette un avis conforme
sur le télétravail, notamment s’il n’y a pas d’accord
d’entreprise.
L’usage massif du télétravail pose de nombreuses questions sur
les temps de repos, le matériel mis à disposition et les frais
professionnels, les rythmes de travail, le libre choix… toutes
ces questions doivent être abordées dans les négociations et nous
devons y apporter des réponses, pour que les télétravailleurs
soient aussi bien considérés que les autres.
Vous craignez également que le télétravail porte atteinte
au collectif de travail ?
La dimension du collectif de travail et de sa possible
disparition nous interpelle fortement. La période actuelle est
inédite, nous vivons un bouleversement profond du monde du
travail et sommes à l’aube d’une transformation massive du
travail. Si tous les salariés d’une même entreprise passent en
télétravail, qu’est ce qui fait l’entreprise ? que devient le
collectif ? comment vont évoluer les pratiques de management
?
Cette montée en puissance du télétravail peut entraîner des
dommages collatéraux et nous devons être vigilants pour préserver
la qualité du travail et la cohésion au sein de l’entreprise.
Le projet d’Accord Télétravail doit s’inscrire dans un cadre normatif et prescriptif
Avec la crise sanitaire, le télétravail est devenu une forme d’organisation du travail à laquelle les entreprises devront recourir beaucoup plus systématiquement. Entre télétravail forcé, occasionnel et régulier, la nécessité de fixer un cadre approprié est indispensable est au cœur des négociations patronat-syndicats en cours.

Jean-François FOUCARD
Secrétaire National Emploi-Formation
Cfe-Cgc
- #Politique & Prospective SST
- 14/11/2020