Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le bruit au travail ainsi que ses effets néfastes ?

 

La problématique du bruit au travail vient des différentes incidences dues à l’exposition sonore. Pour un humain, le bruit est éminemment dangereux au delà de 80 décibels. Toute une réglementation invite à réduire les émissions sonores à la source et protéger les salariés. Car il y a le bruit fort, soudain et imprévu, dangereux immédiatement, mais également le bruit continu qui produit un mal chronique. Il faut savoir que le bruit affecte la santé auditive directe mais également la santé mentale et le bien-être travailleur. Les expositions sonores vont bien plus loin que l’agréable ou le désagréable. Elles ont des conséquences longues et donc des coûts cachés pour l’entreprise. 1 000 surdités professionnelles sont encore déclarées par an.

 

 

Sommes-nous tous concernés ?

 

Cet enjeu est présent dans tous les domaines d’activité : 6 salariés sur 10 se plaignent du bruit en France. Nous voyons monter l’expression de la gêne du bruit dans les administrations, le commerce le tertiaire, ainsi qu’une croissance des symptômes acouphènes au sein de la population. Car même si des espaces de travail sont en dessous de 80 décibels, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’incidence. Certains espaces collectifs peuvent atteindre 70 décibels dans l’après-midi à cause des bruits de fond continus, musicaux comme naturels. Très vite, la dose de sollicitation sur l’oreille peut devenir une surdose. Et ces risques extra-auditifs ont des conséquences : difficulté de compréhension de la parole, perte de concentration, stress, fatigue, maux de tête, lassitude, risques psychosociaux etc. 

 

 

Sommes-nous suffisamment informés sur le sujet ?

 

Nous pensons que les risques liés au bruit ne sont pas suffisamment pris en compte dans l’analyse des risques par rapport à la souffrance au travail. Il y a des trous dans la raquette de la prévention qui entraînent une inégalité de protection entre les travailleurs : la taille de l’entreprise, le type de contrat de travail etc. Et puis la protection individuelle a des écueils, culturels notamment. Porter des protections contre le bruit parait presque contre nature, car nous ne sommes pas censés obstruer les sorties naturelles des oreilles. Il faut donc continuer d’informer, de sensibiliser, sans cesse rappeler les mêmes messages. On ne peut pas faire autrement aujourd’hui, car quand le mal s’installe, il ne passe pas.

 

 

Que peut-on faire pour protéger ses salariés ?

 

Le silence ça n’existe pas, mais il existe un panel de protections à disposition de l’employeur : casques, bouchons sur mesure etc. Mais ce sont des solutions individuelles. Un responsable peut également se poser la question de l’acoustique dans ses locaux : comment traite-t-il les émissions à la source dans l’espace de travail ? comment fonctionne la circulation du son ? Tout cela se pense et se travaille. Il ne faut pas hésiter à questionner son aménagement de l’espace, la qualité de ses équipements. Enfin, il peut être pertinent, notamment dans les espaces de travail collectifs, de concevoir des zones de repli, et d’intégrer des pauses de calme sonore pour l’oreille. Le tout sans stigmatiser les collaborateurs sensibles à ces problèmes. Le changement bénéfique peut dès lors se constater rapidement.

 

 

 

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