Le téléphone au volant, c'est votre cheval de bataille depuis plusieurs années ?
Oui, la pratique du téléphone au volant est en croissance constante, les sondages des pouvoirs publics ne concernent pourtant que le téléphone tenu en main. En 2012, nous avions réalisé une enquête qui avait révélé que 2 salariés sur 3 utilisent leur téléphone en conduisant. L’usage du téléphone au volant va de pair avec les déplacements professionnels, tant il accompagne l’activité  professionnelle. Les communications mobiles sont réparties à proportions égales entre les clients et leur entreprise.
L'usage des smartphones (textos, mails, recherche internet) a accentué encore le phénomène et le rend encore plus dangereux. L’enquête TNS Sofres réalisée en septembre 2013 a ainsi révélé que 61% des conducteurs âgés de moins de 35 ans lisent leurs SMS en conduisant (et 32% en écrivent).

Mais téléphoner au volant avec un kit mains libres, c'est toléré ?
C'est là toute l'ambiguïté du Code de la route. Nulle part, il n'y est indiqué que téléphoner en conduisant est interdit. Toutefois l'article R412-6 stipule que "Tout conducteur doit se tenir constamment en état et en position d'exécuter commodément et sans délai toutes les manoeuvres qui lui incombent".
Or toutes les mesures réalisées par des organismes scientifiques montrent que téléphoner en conduisant détourne l'attention de la route, modifie la perception de l'environnement, altère la capacité d’analyse rapide des situations et  allonge considérablement le temps de réaction.
En cas d'accident grave (décès, hospitalisation sévère), la recherche de causalité par les officiers de police judiciaire va s’intéresser, entre autres, au fait de savoir si le conducteur était en train de téléphoner et à qui, si la conversation avait duré et si la pratique en était coutumière. La responsabilité pénale de l'employeur peut alors être engagée s'il est avéré que le salarié était en conversation téléphonique professionnelle et que l'entreprise n'a pas déployé tous les moyens nécessaires pour assurer sa sécurité.

Que faire pour prévenir l'usage du téléphone au volant ?
L'entreprise qui s'engage dans une politique de prévention du risque routier doit déployer ses actions sur trois axes indispensables et complémentaires. Premier axe : sensibiliser les salariés aux risques et dangers et interdire strictement l'usage du téléphone au volant. Deuxième axe : vérifier que les consignes passent et notamment au niveau du personnel encadrant. Il ne sert à rien d'interdire à un salarié d'utiliser son téléphone au volant si son supérieur hiérarchique exige de lui qu'il réponde à ses appels dans la minute !
Troisième axe : adapter tous les échelons de l'organisation dans l'entreprise pour que l'usage du téléphone au volant ne soit plus vécu comme une obligation par le salarié, faute d’autres modes de communication.


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