Qu’est-ce qui vous a poussé à produire cette étude ?
Comment celle-ci a-t-elle été menée ?
Il s’agit d’une étude menée en toute indépendance, réalisée par
l’association de façon anonyme, et dont les résultats ont été
dévoilés à l’occasion de la Journée mondiale de solidarité pour
la migraine (21 juin) et de la Semaine pour la qualité de vie au
travail (20 au 24 juin). Nous avions réalisé une première enquête
en 2020, avec une partie dédiée à la profession, et nous avons
constaté une demande de plus en plus fréquente sur le sujet. La
construction du questionnaire s’est basée à la fois sur les
besoins du monde du travail, mais également sur les problèmes
signifiés par les patients migraineux. L’étude a été réalisée en
début d’année 2022, auprès de 741 personnes migraineuses.
Quelles conclusions pouvez-vous en tirer ?
Le constat général, c’est qu’il y a encore un travail important à
réaliser sur la sensibilisation et la prise en charge de la
maladie. Pour rappel, la migraine touche environ 15% de la
population mondiale. Il s’agit de la seconde maladie invalidante
au monde, et la première pour les femmes. Pourtant, c’est encore
un sujet tabou et les personnes souffrant de migraine sont
souvent stigmatisées ou bien elles ne sont pas prises au
sérieux.
Parmi les personnes interrogées pour notre étude, 15% sont
sans-emploi à cause de la maladie, seulement 1% sont reconnues
invalides et 10% ont fait une demande de reconnaissance de la
qualité de travailleur handicapé (RQTH). Lorsqu’elles ont un
emploi, 90% des personnes interrogées déclarent ne pas avoir de
lieu pour se reposer dans leur entreprise en cas de crises, et
seulement 4% bénéficient d’aménagements spécifiques.
Comment améliorer la prise en charge des personnes
atteintes de migraine dans les entreprises ?
La première étape nécessaire, c’est de faire reconnaître la
migraine comme une maladie invisible et invalidante qui complique
l’accès à l’emploi. Sans cela, nous ne pourrons pas avancer. Nous
interpellons des organismes sur le sujet des aménagements, dont
Pôle Emploi et l’Agefiph, mais nous sommes souvent confrontés à
un manque de réponses satisfaisantes.
Dans certaines entreprises, des webinaires ou des événements sont
organisés autour du handicap invisible, et permettent de prendre
la parole sur ces sujets pour améliorer les relations et les
prises en charge. Cette communication est importante pour
promouvoir les aménagements. Mais il ne faut pas que cela soit
réalisé de façon trop magistrale ; une interaction avec le public
est nécessaire pour libérer la parole et sortir des
représentations uniques.
