Tout d’abord, revenons aux origines de la publication de
ce dossier par votre revue.
Comment avez-vous été convaincu de publier cette étude
qui va à l’encontre de la thèse officielle, d’ailleurs validée
par le jugement en appel de la cour de Toulouse le 24 septembre
dernier ?
Notre revue Préventique s’est depuis l’origine positionnée sur
l’analyse des accidents industriels ou environnementaux pour en
comprendre les causes, la succession des faits et mettre à jour
le retour d’expérience que ces accidents apportent en termes de
maîtrise des risques. Nous nous appuyons sur des experts
scientifiques de haut niveau, universitaires ou industriels,
reconnus pour la qualité de leurs travaux et nous sommes tout
sauf fantaisistes dans notre approche.
Déjà en 2009, j’avais publié un premier ouvrage sur la
catastrophe AZF dans lequel j’exposais mon scepticisme sur la
thèse de l’explosion due à un mélange accidentel de produits
chimiques. Cet ouvrage faisait suite à une série d’analyses
d’experts en chimie publiés dans la revue.
Lorsqu’en juillet 2012, Laurent Jacob, polytechnicien et
ingénieur de l‘Armement, est venu me trouver avec les résultats
des travaux qu’il avait menés, j’ai considéré qu’il était de mon
devoir de les publier. La valeur des personnes qui ont participé
à ce groupe de travail, la qualité de la méthode et de l’analyse
des différentes hypothèses étudiées donnaient une forte
crédibilité à ce nouveau scénario.
Que s’est-il passé à la suite de cette publication qui a trouvé
un fort écho médiatique ? Quelles ont été les
réactions ?
J’ai été moi-même submergé par le tsunami médiatique que cette
publication a provoqué : une avalanche de courriels,
d’appels téléphoniques, de courriers… Les réactions ont été de 2
ordres. Nous avons reçu de nombreux témoignages de curiosité
attentive si ce n’est bienveillante de la part de journalistes,
témoins, victimes, professionnels de la prévention et de la
sécurité qui ont compris notre démarche dans un dossier où de
nombreuses zones d’ombre persistent. Mais à l’opposé, nous avons
dû faire face à des réactions de dénigrement à la limite de la
violence de la part de certaines parties civiles et d’une
certaine presse, notamment toulousaine.
Depuis les choses se sont calmées. Notre intention n’était en
aucun cas d’intervenir dans la procédure judiciaire mais de
proposer un modèle, basé sur une analyse scientifique rigoureuse
que je crois exemplaire au plan de la rigueur. Ce travail
constitue un apport extrêmement intéressant en termes de
méthodologie de prévention.
Comptez-vous donner des suites à cette première
publication ?
Oui, bien sûr. Nous devons à nos lecteurs des explications par
rapport à ce qu’ils ont pu lire çà et là dans la presse. Par
ailleurs, certains des témoignages que nous avons recueillis nous
ont permis de continuer à étayer les hypothèses que nous avons
avancées. Aussi dans le prochain numéro de Préventique à paraître
fin octobre, nous publions un dossier complémentaire
d’éclaircissements et de questionnements qui permettra à nos
lecteurs de mieux apprécier les tenants et les aboutissants de
toute cette affaire. J’ajoute que j’invite tous ceux qui ont une
explication construite sur un raisonnement scientifique à nous
faire part de leurs analyses. Nous publierons leur contribution.