Engagée aux côtés de Préventica depuis plusieurs éditions, la
Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France se reconnaît
bien évidemment dans l’ensemble des thématiques développées sur
le Congrès/Salon. Le lieutenant-colonel Jean-Luc QUEYLA, au SDIS
84, Chef de groupement du Grand Avignon et Animateur de la
Commission Prévention de la Fédération a accepté de
répondre à quelques questions concernant son rôle dans la
prévention du risque incendie dans les entreprises, mais aussi et
surtout, dans l’exercice du métier de sapeur-pompier. Dans
ce domaine aussi, les choses évoluent.
Pouvez-vous nous présenter la Fédération en quelques
lignes ?
La Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France est une
association loi 1901. Elle fédère 13 unions régionales, 98 unions
départementales et 7 500 amicales pour un total de 257 000
adhérents (sapeurs-pompiers, Anciens sapeurs-pompiers, Jeunes
sapeurs-pompiers et personnels administratifs et technique). Elle
a pour mission de donner une identité aux sapeurs-pompiers,
valoriser la profession et les représenter au plus haut niveau de
l’Etat. Ainsi, la commission Prévention siège dans plus de
80 instances par an et participe à la réflexion et à
l’élaboration de textes réglementaires relatifs à la prévention
du risque incendie.
La Commission Prévention apporte une mission d’expertise
bâtimentaire et technologique. Elle se réunit trois fois par an
pour réfléchir aux normes et procédures de prévention des risques
(ERP, entreprises, installations classées). Elle a participé
dernièrement à la mise en place de la loi sur les détecteurs de
fumée, celle concernant les façades ERP et collabore au dossier
PNISI (projet National d'Ingénierie de la Sécurité Incendie). Ce
dernier, piloté par le Ministère de la Construction et celui de
l’Economie, va bouleverser le monde de la prévention incendie en
imposant un certain nombre d’objectifs de prévention avant même
la conception d’un bâtiment (rendre les dispositifs de sécurité
incendie vraiment opérationnels et surtout compatibles avec
l’activité professionnelle).
On connaît le rôle essentiel des pompiers dans la
prévention du risque incendie dans les entreprises. Néanmoins, il
y a un point essentiel, souligné sur les Congrès/Salons
Préventica depuis longtemps et dont on parle moins, à savoir
les risques professionnels auxquels ces derniers sont confrontés.
Où en est la prévention au sein des casernes ?
En effet, on parle de plus en plus de prévention et de sécurité
chez les sapeurs-pompiers dans leur métier comme dans leur vie
quotidienne (en France, les accidents domestiques sont beaucoup
plus fréquents que les accidents professionnels). Un
exemple : depuis deux ans, les pompiers sont sensibilisés à
la mise en place de détecteurs de fumée dans leurs habitations.
Conséquence directe de cette campagne, plus de 15% des foyers des
sapeurs-pompiers en sont équipés (contre 2% pour le reste de la
population).
En ce qui concerne l’exercice de leur activité de sapeur-pompier,
la prévention se met également en place de manière beaucoup plus
probante depuis quelques années. Il a, en effet, fallu attendre
la loi du 13 août 2004 de modernisation de la sécurité civile
pour qu’il soit précisé que l’activité sapeur-pompier est
dangereuse. Cette loi impose notamment la présence d’un comité
hygiène sécurité dans chaque SDIS, quel qu’en soit
l’effectif.
La Fédération a par ailleurs créé un groupe de travail
conjoint avec la Mutuelle nationale des sapeurs-pompiers, chargé
de développer les actions relatives à la santé/sécurité en
service et la prévention des risques du métier. Les premiers
travaux ont été présentés au dernier congrès national des
sapeurs-pompiers, en octobre 2010.
Il est vrai que les sapeurs-pompiers, de par leurs missions, sont soumis à de nombreux risques. Mais pas forcément ceux que l’on croit. Contrairement aux idées reçues, le facteur le plus accidentogène n’est pas le feu mais les trajets routiers. Les déplacements sont fréquents, à très vive allure (une dérogation leur permet de dépasser la limite de vitesse autorisée) et sources de nombreux accidents. A cet effet, un plan d’action a été mis en place dans tous les SDIS. Les risques de transmission de virus (grippe H1N1, VIH…) et NBCE (nucléaire, biologique, chimique, explosif) ne sont pas non plus à négliger : ce dernier, heureusement rare, est accru par la menace terroriste. La corporation se protège de ces dangers par des actions spécifiques et des procédures précises. Par ailleurs, chaque SDIS compte des personnels formés à chaque type de risques. Une collaboration active avec les acteurs socio-économiques permet aussi d’anticiper et prévenir les accidents en entreprises et chez les pompiers. Nous diffusons de l’information dans les entreprises pour penser la prévention bien en amont. Préventica travaille dans ce sens en rassemblant les entreprises, les salariés, les professionnels de la prévention et les pompiers pour confronter les problématiques de chacun.
Que vous apporte le Congrès/Salon en terme de prévention
des risques ?
La France n’a pas vraiment la culture des risques majeurs et de
l’incendie. Il y a donc encore beaucoup à faire et notre présence
sur Préventica est essentielle. Nous intervenons lors des
conférences pour partager notre savoir et nos expériences avec
les entreprises et les acteurs de la prévention. Mais le salon
est également important pour les sapeurs-pompiers et les
SDIS : ils y trouvent de l’information sur de nombreux
risques. De plus, la rencontre avec les professionnels permet de
mettre en lumière de nouvelles problématiques encore peu abordées
dans les casernes. Préventica a l’avantage de présenter un grand
nombre de matériels de prévention utiles tant aux entreprises
qu’aux pompiers dans l’exercice quotidien de leur activité.
Enfin, c’est surtout la rencontre d’un réseau et nous avons
besoin les uns des autres pour avancer !