Meritis dit défendre depuis ses débuts une démarche
volontariste pour inclure les femmes. Qu’est-ce qui a motivé
cette volonté ?
Les deux fondateurs de Meritis sont des hommes issus du monde du
conseil et du marché des nouvelles technologiques. C’est un
milieu très masculin, assez stéréotypé et stigmatisé, associé à
l’image du « geek ». Mais aujourd’hui, énormément de métiers
gravitent autour de la Tech. Très vite, il y a eu cette volonté
de changer un petit peu la vision du secteur et la démarche de
centrer le modèle de Meritis sur les compétences uniquement. La
question d’intégrer des femmes ne s’est donc même pas posé, cela
faisait partie d’un processus naturel et de la culture de
l’entreprise. Mais cette culture suppose aussi de ne pas
pénaliser une femme qui part en congés maternité, par exemple. Au
contraire, c’est une étape importante à franchir et il faut
accompagner la salariée. Dans le recrutement, nous faisons enfin
beaucoup de sourcing, ce qui nous permet encore une fois de nous
appuyer vraiment sur les compétences des candidats. Nous avons
d’ailleurs remarqué que le manque de recrutement des femmes vient
plutôt d’une méconnaissance du secteur de la Tech et des
opportunités qu’il offre que d’une impossibilité. Et c’est cela
que l’on veut montrer au monde extérieur aujourd’hui.
Vous affichez des chiffres encourageants sur
l'augmentation du recrutement de femmes dans vos effectifs, mais
celles-ci ne représentent encore qu’un tiers de vos
collaborateurs. Comment essayer d'améliorer ces chiffres
?
Idéalement, nous aimerions attendre la parité. Mais c’est
difficile. Nous sommes dans un secteur avec des profils
ingénieurs en majorité. Or, aujourd’hui en France, nous à 25-30%
maximum de femmes dans les écoles d’ingénieurs. Donc il est
compliqué d’augmenter énormément ce pourcentage, car il n’y a pas
un flot continu et égalitaire qui ressort de ces formations.
Néanmoins, nous créons des partenariats avec les grandes écoles.
Nous faisons plusieurs interventions dans l’année, et nous
cherchons chaque fois à recruter des profils différents. Au
quotidien, nous accompagnons aussi énormément les collaborateurs
et les collaboratrices pour montrer qu’une fois inséré dans
l’environnement, seules les compétences importent. Nous nous
efforçons de créer un environnement de travail dans lequel tout
le monde peut s’épanouir et jongler avec ses besoins, avec une
prise en compte de la charge mentale. Nous avons aussi beaucoup
de femmes aux postes de direction, les femmes représentant
d’ailleurs 58 % des salariés du siège. Donc nous sommes tous
sensibilisés aux problématiques qui leurs sont propres. Et cela
contribue fortement à un climat de confiance et de bien-être.
Quels conseils donneriez-vous à d'autres entreprises qui
souhaitent tendre vers la parité ?
Tout d’abord, dresser un constat. Des indicateurs très simples
existent et peuvent servir à ce bilan. Ensuite, si des
changements sont nécessaires, il faut partir de la direction. Il
est important de montrer l’exemple pour créer la cohésion. Après,
de nombreuses petites choses peuvent être mises en place. Au sein
de Meritis, nous avons par exemple créé des grilles de salaire
par poste, pour comparer chaque année et corriger les écarts
s’ils sont trop importants.
Pour répondre à la charge mentale, il est aussi nécessaire
d’avoir des objectifs clairement définis. L’évaluation sur des
objectifs, et non des heures de travail, permet d’organiser sa
journée comme on le souhaite, et ainsi de trouver un meilleur
équilibre, pour les femmes comme pour les hommes. Il faut donc
accorder une certaine souplesse, une autonomie, tout en
accompagnant à la déconnexion lorsque cela est nécessaire. Mais
si les objectifs sont clairement définis et réalistes, les
collaborateurs et les collaboratrices ne travailleront pas trop ;
juste ce qu’il faut pour mener leurs tâches à bien.