Vous avez choisi le risque cutané comme thème des 32e
Journées Santé au Travail du BTP qui se dérouleront à Lille du 28
au 30 mai, pourquoi ?
Le risque cutané n’est pas un risque professionnel que l’on a
découvert récemment dans le BTP. Bien au contraire, il y a 60
ans, on parlait même de « péril cutané ». A l’époque,
les dermatoses étaient la première maladie professionnelle des
travailleurs du BTP.
Aujourd’hui les dermatoses n’occupent plus ce rang puisque les
TMS (Troubles Musculo-Squelettiques) les ont largement remplacées
sur le podium.
Les pathologies cutanées professionnelles ne représentent
aujourd’hui plus que 1% des maladies professionnelles déclarées
dans le BTP. Deux facteurs principaux en sont la cause :
d’une part, l’amélioration de la connaissance et de la prévention
et d’autre part, la forte augmentation des autres pathologies
professionnelles.
Pensez-vous que le risque cutané est
négligé ?
Certainement. Le risque cutané est important en termes de
fréquence mais peu élevé en termes de réparation, d’où son
absence de visibilité.
Un salarié du BTP sur dix a eu, a ou aura une pathologie cutanée
professionnelle au cours de sa carrière. Nous venons de conduire
une étude auprès des Services de Santé au Travail pour évaluer la
fréquence et la gravité des pathologies cutanées. Cette étude a
révélé que 12% des 1500 travailleurs du BTP étudiés présentaient
une pathologie cutanée avec une augmentation des cas dans les
métiers de la maçonnerie, de la plomberie et du génie climatique.
Les résultats complets de cette étude seront exposés lors du
colloque.
Comment se manifestent ces pathologies
cutanées ?
20% des pathologies cutanées sont allergiques, 80% sont
« seulement » irritatives. On se heurte souvent à une
idée largement répandue selon laquelle une irritation n’est pas
grave, voire normale pour un travailleur manuel. Mais tous les
dermatologues le savent : « l’irritation fait le lit de
l’allergie ».
Une peau irritée cesse de remplir son rôle de barrière de
protection cutanée et va laisser, dès lors, passer des
allergènes. Une fois l’allergie déclarée, il n’y aura plus moyen
de revenir en arrière. Le capital peau est définitivement abîmé
sans possibilité de le reconstruire.
Pourtant avec la mise en œuvre de moyens de prévention
appropriés, 50% des pathologies cutanées pourraient être évitées.
Justement, comment éviter le risque
cutané ?
L’éducation et la prévention restent les moyens privilégiés. Par
exemple, tout simplement, pour protéger les mains (qui
représentent 80% des cas de pathologies cutanées) : inciter
au port systématique de gants, entretenir quotidiennement ses
mains avec de la crème. Mais le message reste difficile à faire
passer auprès de la population des travailleurs du BTP,
principalement masculine. Des actions de prévention collective
peuvent également être engagées comme la substitution des
produits dangereux.
Lors de nos Journées Santé au Travail, nous apporterons un
éclairage sur d’autres problématiques liées au risque
cutané : le rôle du soleil, les cancers de la peau, ou la
toxicité des goudrons.
Pour optimiser la prévention, il faut associer ces trois
leviers : le suivi individuel, l’aide thérapeutique et les
actions de protection collective.