La multiplication des robots industriels et de l’automatisation des tâches exposent les travailleurs à des risques pour leur sécurité et leur santé. Face à cette nouvelle donne professionnelle, la prévention de santé au travail doit être mise à jour, et les employeurs toujours en veille.
Depuis la fin des années 1990, la technologie s’est développée et répandue dans le monde du travail : aussi bien l’intelligence artificielle que le digital, le numérique ou encore la robotique.


Robotisation : définition et état des lieux

Robotisation soudage

Robots au travail : de quoi parle-t-on ?

Le concept de robotisation induit la possibilité d’automatiser, via l’intervention d’une machine, des tâches professionnelles que des humains accomplissaient auparavant. Selon l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, il y a trois types d’activités robotisées : des activités vers l’objet (assemblage, collage, conditionnement, etc.) ;  des activités orientées vers la collecte d’information (IA, caméras, capteurs etc.) ;  et des activités orientées vers l’interaction (très utilisées dans le domaine de la santé).

Chiffres clés sur la robotisation

Comme évoqué précédemment, le recours à la robotique est croissant depuis plusieurs années. Selon un rapport de World Robotics publié en 2021, l’on dénombrerait près de 130 robots pour 10 000 collaborateurs. Ce chiffre avait doublé en moins de 10 ans. Si cela peut avoir des avantages économiques, financiers et logistiques (notamment grâce au gain de productivité induit), cela peut avoir des répercussions sur la vie humaine des travailleurs. Selon une étude du MIT publiée en 2020, chaque introduction de robot entraîne une diminution des postes disponibles. Les chercheurs estimeraient ainsi qu’un seul nouveau robot introduit sur le marché du travail pour 1 000 travailleurs réduit l’emploi de l’ordre de 0,18 à 0,34 %. Cela peut occasionner du stress et des difficultés psychosociales chez les employés déjà en poste.

Robotisation : vers des métiers à risques

Robotisation risques

Les risques de la robotisation

En effet, dans une étude conduite auprès de travailleurs américains de l’industrie, la chercheuse et économiste Osea Guintella de l’université de Pittsburg a mis en évidence des conséquences néfastes à la robotisation du monde du travail (sentiments de dépendance, de perte d'autonomie et d'identité, excès de charge mentale etc.). Si le risque d’atteintes physiques diminue en présence du robot, elle augmenterait nécessairement le risque de décès prématurés liés à l’abus de drogues ou d’alcool. Mais de façon générale, les risques liés à l’emploi de la robotique sont nombreux et variés : brûlures, lésions, troubles musculo-squelettiques, fatigue, surcharge. En fait, les dangers peuvent survenir lors de l'utilisation du robot ou lors de son entretien.  Notamment, les collisions peuvent être plus violentes et donc les blessures peuvent s’avérer plus graves.

Importance d’évaluer les risques liés à la robotique

De façon logique, il apparaît essentiel, pour des entreprise ayant misé sur l’utilisation de robots, d’évaluer finement les risques auxquels pourraient être exposés les collaborateurs. L'analyse de risques doit être menée sur site en fonction de l’espace et de la mission attribuée à la machine. La norme NF EN ISO 12100 peut être un bon référentiel. Certains risques doivent bénéficier d’une attention particulière, comme le rapporte l’Institut national de recherche et de sécurité : les risques de dommages physiques, de TMS, et les risques psychosociaux.

Adapter la prévention à la robotisation

Robotisation prevention

Comme cela a toujours été le cas lors de l’introduction de nouvelles technologies en milieu de travail, une adaptation est nécessaire pour assurer la santé et la sécurité des travailleurs. 

Intégrer la robotisation dans l’entreprise

Les employeurs intéressés par la question peuvent bien sûr se référer à des guides détaillés. La norme ISO 10218 notamment spécifie les exigences en matière de sécurité, d'ergonomie, de performance des « robots pour environnements industriels ». L’institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail a également publié un rapport sur « l’impact de la robotique sur l'organisation et la santé au travail ». Toutefois, sachez qu’il existe des pratiques incontournables pour se prémunir de tous ces éventuels risques. Premièrement : créer une zone protégée par une enceinte de protection avec un accès restreint et user de la signalisation matérielle pour mettre des barrières physiques et abstraites entre le collaborateur et la machine. Ensuite, des solutions basées sur la technologie elle-même, notamment l’intelligence artificielle : logiciels, capteurs de sécurité, commandes électriques et électroniques programmables. Ainsi, à défaut de prévenir, il sera possible pour le robot d’anticiper les collisions et donc le danger. Bien sûr, tout cela nécessitera de programmer correctement la machine (contrôle de vitesse et de puissance, arrêt à distance)… et de former le personnel.

Robotisation et nécessaire formation

Avec l’avènement de la robotique en entreprise, la prévention constitue donc d’autant plus un enjeu majeur en santé au travail. L’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail le réaffirmait dans son rapport de 2022 intitulé « Advanced robotics and automation: implications for occupational safety and health », suggérant « une évolution des pratiques ». Mais sans l’ombre d’un doute, la formation de collaborateurs qualifiés sur le sujet sera capitale pour la sécurité de tous et la productivité de l’entreprise en phase de robotisation. Cette dimension intègre le fait d’associer les futurs utilisateurs à la conception et à l’amélioration continue des machines avec lesquelles ils devront interagir. En effet, impliquer activement les travailleurs dans la mise en œuvre des robots sur le lieu de travail peut faire toute la différence. C’est comme cela que l’on commence à ne plus considérer un robot comme une menace.

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