Des journées rallongées et hachées

Lorsque les horaires sont éclatés en plusieurs séquences (par exemple une intervention tôt le matin, une autre en fin d’après-midi), les temps de repos sont en réalité peu réparateurs. Les coupures entre deux vacations ne sont souvent pas considérées comme du temps de travail effectif, mais elles mobilisent tout de même le salarié, qui doit rester à proximité ou disponible. Cette contrainte rallonge considérablement la journée, sans valorisation réelle du temps mobilisé.

 

La fatigue physique et mentale s’accumule, d’autant plus que ces horaires empêchent souvent un sommeil de qualité ou une alimentation équilibrée. Le rythme biologique est perturbé, et les possibilités de récupération diminuées.

 

 

Une conciliation vie professionnelle / vie personnelle rendue difficile

Le morcellement du travail limite fortement la liberté d’organisation. Il devient presque impossible de planifier des activités personnelles ou familiales dans la journée, ce qui engendre frustration, isolement, voire repli social. Les personnes concernées, souvent des femmes, sont alors exposées à une charge mentale accrue et à un sentiment d’usure. Les temps « intersticiels » – trop courts pour rentrer chez soi, mais trop longs pour les ignorer – deviennent du temps perdu.
 

 

Des conséquences sur la santé mentale et physique

À moyen et long terme, ce type d’organisation peut favoriser l’apparition de troubles musculo-squelettiques, de troubles du sommeil, d’anxiété, voire de pathologies plus lourdes. L’absence de reconnaissance, la solitude dans l’exercice des missions et le manque de perspectives d’évolution renforcent ces risques. Les effets ne sont pas seulement individuels : ils peuvent aussi impacter la dynamique des collectifs de travail, souvent éclatés eux aussi.

 

Quels leviers pour prévenir les effets délétères ?

La prévention passe d’abord par une meilleure reconnaissance de ce temps mobilisé, notamment lors des déplacements et des temps d’attente. Le dialogue social peut permettre d’adapter les plannings, de regrouper les horaires ou de mutualiser certaines tâches. L’équipement numérique peut aussi faciliter les échanges entre collègues, rompre l’isolement et renforcer le sentiment d’appartenance.
 

Certaines structures ont déjà mis en place des expérimentations en ce sens : regroupement d’interventions sur des plages horaires plus continues, valorisation des temps de trajet, ou encore espaces de repos accessibles entre deux séquences. Ces initiatives montrent que des marges de manœuvre existent.

 

Un sujet encore trop peu visible

Le travail fractionné reste souvent absent des politiques de prévention, en raison de sa relative invisibilité. Il touche pourtant des milliers de personnes, souvent en situation de précarité ou en emploi à temps partiel subi. Mettre en lumière cette réalité est un premier pas pour agir.