Le 19 avril, le ministre l’Agriculture, de l’Alimentation, de la
Pêche, de la Ruralité et de l’Aménagement du territoire recevait
Antoine Herth (député UMP du Bas-Rhin). L’objectif de la
rencontre : la remise d’un rapport relatif au
biocontrôle.
Le biocontrôle consiste à utiliser des mécanismes naturels et des
organismes biologiques (insectes, bactéries…) pour protéger les
végétaux. Le but étant de promouvoir des alternatives aux
produits phytosanitaires chimiques. Il entre dans une stratégie
plus large visant à développer une agriculture durable moins
dépendante des produits chimiques, plus sûre pour l’environnement
et pour l’utilisateur (cf. article de preventica.com du 22 mars
2011 : « Pesticides : l’heure est
à la mobilisation »).
Bruno Lemaire a retenu 12 mesures, s’inscrivant dans le cadre du
plan Ecophyto, qui seront appliquées dans les deux prochaines
années.
Parmi celles-ci, retenons l’homologation et l’autorisation de la
vente du purin d’ortie, qui figure au rang des
« préparations naturelles peu préoccupantes » (PNPP)
interdites de commercialisation depuis 2006 (et autorisées en
agriculture bio depuis 2009). Le ministre a annoncé la
publication prochaine « de la première liste des substances
autorisées » pour les PNPP que le rapport d’Antoine Herth
recommandait de classer dans la catégorie « des
produits phytopharmaceutiques à faible risque » et
« substances de base » prévue dans le nouveau règlement
européen. Deux biais juridiques pour clarifier le statut de ces
préparations naturelles qui connaissent les mêmes problèmes
réglementaires que les autres spécialités de l’agriculture
biologique. Notons cependant que, si le purin d’ortie va être
désormais autorisé à la vente, il n’en sera pas forcément de même
pour tous les PNPP, tels neem, fougère, produits à base de prêle,
consoude ou luzerne.
L’ortie est en fait un symbole auquel s’attachent toutes les
organisations de protection de l’environnement et la
confédération paysanne : il s’agit, dans un contexte plus
large, de lutter pour l'autorisation d’un grand nombre de
préparations naturelles. Tous espèrent que cette avancée du
gouvernement en ce qui concerne l’ortie ne sera pas un moyen
d’affaiblir la mobilisation.
Le sujet des PNPP n’est pas la seule méthode possible évoquée
dans le rapport. Antoine Herth propose aussi d’utiliser des
macros et micro-organismes ou des stimulateurs de défenses
naturelles à la place des pesticides classiques, de développer
l’usage de phéromones et auxiliaires de culture (parmi lesquels
la coccinelle).
Il prévoit un système d'autorisation préalable pour
l'introduction sur le territoire des macro-organismes, précédé
systématiquement d'une analyse du risque phytosanitaire
(dérogations envisagées pour des essais ou tests scientifiques en
milieu confiné).
Enfin, l’un des axes d’intervention prônés par le rapport consiste à promouvoir l’innovation pour le développement de nouvelles techniques sures et efficaces, mieux informer les professionnels et suivre le développement de ces nouveaux usages.
La synthèse du rapport :
http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_Herth_Synthese_mail.pdf