Naissance de l’association phytovictimes en Charente le 19 mars 2011. Les agriculteurs se mobilisent pour accroître la prise de conscience des pouvoirs publics et organiser le soutien aux malades.
L’agriculteur, qu’il soit exploitant ou salarié, est exposé à de
nombreux risques professionnels. En effet, le métier a
évolué : modernisation des techniques de production,
développement du machinisme, évolution des contextes économiques
et sociaux. De nouvelles tâches, à risques, sont apparues :
récolte et préparation des produits phytosanitaires, manipulation de machines,
surveillance sanitaire du troupeau…
Le secteur agricole n’est donc pas épargné par les accidents du
travail et les maladies professionnelles. Les risques mécaniques
et routiers, les TMS
(conséquences
des manutentions, mauvaises positions, gestes répétitifs)
arrivent en tête des accidents. Quant aux maladies
professionnelles, elles sont le plus souvent liées à
l’utilisation de produits chimiques et
produits phytosanitaires, à la transmission de pathologies
animales (la reconnaissance des affections périarticulaires est
aussi en augmentation).
On constate néanmoins qu’il est difficile pour les agriculteurs
de faire reconnaître leurs pathologies comme « maladie
professionnelle » par manque d’informations et d’études sur
le sujet. Ainsi, l’ANSES a mis l’agriculture au premier rang de
ses priorités pour 2011. Un gros programme sera consacré à
l'exposition aux produits phytosanitaires (pesticides,
perturbateurs endocriniens, antibiotiques…).
Les agriculteurs sont les premières victimes de pesticides
(observation de cas de cancers de la prostate, de la vessie et de
maladies neurologiques chez des exploitants ou salariés ayant
utilisé des herbicides, fongicides, insecticides… pendant de
nombreuses années). Sujet déjà étudié par la MSA (programme
« Phyt’Attitude) et l’INSERM, cette problématique de
l’exposition aux pesticides fera maintenant l’objet d’un travail
plus global, à la fois sur les produits et les conditions
d’utilisation (et notamment les moyens de prévention mis en
place).
Dans cette dynamique, les agriculteurs, horticulteurs, employés
des espaces verts se sont eux aussi mobilisés. Pour la première
fois, ils s’unissent pour défendre leurs droits : samedi 19
mars, soit à la veille de la 6e Semaine pour les alternatives aux
pesticides (20- 30 mars 2011), est née l’association
Phytovictimes. Créé à Ruffec en Charente, à l’initiative d’une
quarantaine d’agriculteurs, atteints de pathologies graves pour
la plupart, ce regroupement national a pour but d’accroître la
prise de conscience des pouvoirs publics et d’organiser l’aide
aux malades.
Loin de vouloir tout interdire, les membres de l’association
souhaitent avant tout une surveillance plus attentive de ces
produits, une meilleure connaissance des conséquences et la
reconnaissance de leurs pathologies.