Les organisations syndicales, les représentants des médecins et
la Haute Autorité de Santé (HAS) accompagnée des Professeurs
Philippe Davezies et François Daniellou, se sont rencontrés le 22
septembre dernier à Paris pour réfléchir ensemble sur les
éléments qui permettront de mesurer les bonnes conditions de
travail des personnels de santé, publics et privés.
En effet, la HAS, chargée de l’accréditation des hôpitaux publics
et des cliniques privées, a conclu en 2010 que la qualité des soins
passait par la qualité de la vie au
travail, soit, la qualité des conditions de
travail. Comment ne pas encourager ce constat ?
Le constat de non-qualité :
La Fédération FO-Santé a participé à cette journée séminaire au cours de laquelle tous les acteurs sont d’accord sur les premiers constats :
- L’ensemble des professionnels, soignants, administratifs, logistiques, cadres, médecins sont en souffrance. La santé est marquée par une succession de réformes qui se suivent sans bilan, sans évaluation, dans un contexte économique très contraignant.
- Ceci entraîne des relations sociales tendues, voire conflictuelles, un délitement des collectifs de travail – déstructurations des équipes par un manque de temps et d’espaces pour échanger,
- La reconnaissance est une absente à tous les étages et le dialogue social se transforme davantage en une structure d’informations descendantes que de négociations,
- Les cadres sont « embolisés » par des tâches administratives. Ils perdent progressivement leur marge de manœuvre et se transforment en « contrôleurs de procédures ». Ils doivent exécuter des ordres, sans participer aux décisions et sans moyens pour les mettre en œuvre,
- Le contenu du travail néglige aujourd’hui les aspects relationnels dans le soin. Le manque de temps, l’intensification du travail, conduisent à une réduction de la qualité et de la sécurité des soins.
Un représentant des médecins a souligné que, « si
les services des urgences bénéficiaient d’une meilleure
organisation ce sont près de 1000 morts qui pourraient être
évités en France ».
La démonstration n’est plus à faire !
Il n’y a plus besoin de réaliser des enquêtes pour tenter
d’expliquer les mauvaises conditions de travail. Les
chiffres sont connus et reconnus, mais les pouvoirs publics, les
Agences régionales de Santé, le Gouvernement, regardent et
laissent faire. Pire, ils organisent la pénurie, la non-qualité
et sont directement responsables des résultats dramatiques qui
font parfois la une des journaux.
Ce sont bien souvent des problèmes d’organisation et de moyens,
mais personne ne veut se pencher sérieusement sur les réponses
qu’il conviendrait d’y apporter.
Nous avons tous insisté sur les problèmes d’organisation du travail et en particulier sur :
- l’impossible respect des plannings.
- Les changements intempestifs désorganisent et le travail et la vie familiale des professionnels.
- La polyvalence des équipes (polycompétence et mobilité imposée),
- la mise en place des pôles,
- l’individualisation des tâches,
- la perte de la capacité d’initiative,
- l’absence de soutien face aux idées et aux propositions des professionnels,
- la démotivation.
Tous ces constats entraînent un épuisement professionnel, une
fuite des vocations (dès les études), une augmentation des
violences et bien sûr un absentéisme qui bat chaque année de
nouveaux records.
Cette rencontre entre la Haute Autorité de Santé, les syndicats
des secteurs publics et privés et des médecins, a permis de
réaffirmer combien la qualité des conditions de travail était
indispensable à la qualité des soins. Les problèmes de
contraintes et de non-qualité sont identiques dans les deux
secteurs d’activités publics et privés.
La bonne santé est une richesse et non une dépense et pour la préserver il faut investir dans la prévention.
C’est la seule manière pour améliorer considérablement les conditions de travail des hospitaliers et des salariés du secteur privé.
Mais comment mesurer la « non-qualité » ?
C’est le travail que veut entreprendre la Haute Autorité de
Santé. Nous y participerons dans ce but. Permettre de mesurer la
qualité des conditions de travail est un chemin indispensable.
Mais comment faire ? Quelles suites seront données aux
constats de non-qualité ? L’établissement perdra-t-il son
agrément ?
Fera-t-il l’objet d’un mauvais classement ? Y aura-t-il des
sanctions comme pour le non-respect du cadre budgétaire ?
Les premiers éléments de mesures nous semblent
incontournables. Le nombre de jours d’absences et son
évolution, les accidents du travail, le nombre de départs et
d’arrivées dans l’établissement, le nombre d’emplois précaires,
permettent de poser les premiers éléments de la non-qualité.
Le nombre de jours d’absences et son évolution, les accidents du
travail, le nombre de départs et d’arrivées dans l’établissement,
le nombre d’emplois précaires, permettent de poser les premiers
éléments de la non-qualité.
La démarche qualité qui est présente dans tous les établissements
est pour le moment un leurre sans moyens. On constate et peut de
chose se passent.
Il ne manque plus qu’à convaincre les employeurs… les
décideurs. Là est le chemin. Il est des plus
abrupts !
Une prochaine rencontre est programmée en janvier 2012
Source :
http://fo-sante.org/2011/10/pas-de-qualite-des-soins-sans-qualite-du-travail/