Les allergies professionnelles, que l’on rencontre dans de
nombreux secteurs d’activité, ne doivent pas être prises à la
légère. Non traitées, elles vont s’aggraver et nuire aux
compétences du salarié. À terme, elles peuvent le contraindre à
changer d’activité.
Ces pathologies doivent être considérées et diagnostiquées par un
spécialiste qui en estimera l’origine, la gravité et les méthodes
de prévention possibles.
Plus de 350 agents présents sur le lieu de travail ont été identifiés comme allergènes, à des degrés différents : fortement sensibilisants (de très faibles niveaux d’exposition suffisent à déclencher l’allergie) ou moins sensibilisants (capables de déclencher des allergies à des niveaux d’exposition plus importants). Mais seule une 12aine d’entre eux provoque la majorité des allergies d’origine professionnelle. Une allergie peut avoir plusieurs origines : la seule exposition à un produit manipulé sur le lieu de travail, un contexte professionnel aggravé par le mode de vie du travailleur, issue d’un terrain sensible aux allergènes courants, mais exacerbée par le contact avec des substances irritantes utilisées au travail.
Les allergies se manifestent de diverses manières. On pense en premier lieu à des difficultés respiratoires pouvant aller de la simple rhinite ou toux jusqu’à l’essoufflement chronique voire à la crise d’asthme : 15 % des asthmes de l'adulte ont une cause professionnelle. Dans le BTP par exemple, certaines catégories de travailleurs, tels les peintres et les ouvriers du bois, sont particulièrement concernées par ce problème. Les métiers de la propreté et du nettoyage, les coiffeurs, les boulangers rencontrent des difficultés analogues du fait des produits qu’ils manipulent au quotidien.
Les allergies peuvent également être responsables de problèmes
dermatologiques : le travail en extérieur, par grand froid
ou forte chaleur, en zone humide, fragilise la peau
(inflammation, irritation, réactions photoallergiques, dermatose
allergique, eczéma…). Plusieurs métiers sont particulièrement
exposés aux problèmes de peau de nature allergique : c’est
notamment le cas de la coiffure. En effet, des centaines de
produits chimiques, dont certains sont corrosifs, irritants,
allergisants, entrent la composition des shampoings,
lotions, colorations, décolorations… L’exposition quotidienne à
ces produits, détruit la barrière cutanée, augmente le risque
d’allergie (au niveau de la peau, mais aussi des yeux et voies
respiratoires). Un service de santé au travail de la Côte d’Or a
réalisé une enquête auprès de professionnels de la
coiffure et ainsi démontré que 41 % des employés des
salons de coiffure ont des problèmes cutanés. Concernant le
BTP, le chrome du ciment est la première cause d’eczéma
allergique. Suivent les résines époxy, les acrylates, le cobalt,
le thiuram (caoutchouc des gants et bottes) et autres produits
solvants ou décapants, qui sont des substances très
allergisantes.
D’autres secteurs connaissent des problèmes d’allergies cutanées
récurrentes : la santé et les soins (désinfectants,
détergents, caoutchouc des gants, certains médicaments), la
chimie, la pharmacie, l’industrie des plastiques (agents
chimiques divers), la métallurgie (huiles de coupe, colles), la
boulangerie (farine, contaminants et additifs, fumées de cuisson,
désinfectants, détergents, caoutchouc…), l’agriculture
(pesticides, certains végétaux)…
Des allergies oculaires s’observent également sur le lieu de
travail. Elles surviennent néanmoins de manière moins fréquente
que les allergies respiratoires ou cutanées. La principale
manifestation en est la conjonctivite et elle est généralement
associée à des rhinites, parfois à une urticaire, un eczéma des
paupières ou un asthme.
Elle a pour origine la présence dans l’atmosphère de travail d’un
aérosol contenant des agents sensibilisants (poudre, brouillard,
fumées) et entrant en contact avec les yeux.
Lorsque l’origine de l’allergie est confirmée par un spécialiste,
il est nécessaire d’éviter le contact répété avec l’agent
allergisant. Le poste de travail doit être adapté et des mesures
correctives prises le plus tôt possible pour maintenir le salarié
en santé. Ainsi, de nombreux salons de coiffure, dont les
collaboratrices ont développé des allergies aux produits, ont
pris la décision d’utiliser dorénavant des soins capillaires
biologiques.
Bonne initiative lorsque l’on sait que l’ignorance des phénomènes
allergiques augmente leur intensité dans le temps et peut
contraindre le salarié à changer de métier. En outre, des
conséquences beaucoup plus graves que de simples rhumes ou
eczémas peuvent en découler : cancers professionnels,
risques pour les femmes enceintes…
Pour en savoir plus :
- Dans le BTP :
http://www.preventionbtp.fr/sante/allergies_professionnelles_de_plus_en_plus_de_reactions
- Dans le secteur de la coiffure :
http://champagne-ardenne.france3.fr/
- L’INRS a consacré un dossier au sujet :
http://www.inrs.fr/htm/allergies_en_milieu_professionnel.html