Selon une étude réalisée par la MILDECA et ses partenaires -
ANSES, Anact, INRS, OFDT, Santé Publique France et le COCT, la
crise sanitaire s'est traduite par des évolutions de
consommations de substances psychoactives à la hausse et à la
baisse. Les facteurs de hausse de consommation les plus
cités sont le sentiment d'isolement par rapport aux
collègues (31%), les évolutions des conditions d'emploi et de
travail (29%) et la charge de travail (26%).
Les facteurs liés à la baisse de consommation relèvent, eux,
majoritairement de la vie privée :
Dans les 12 derniers mois (y compris la période de crise
sanitaire) l'alcool est de loin la substance la plus consommée,
rapportée par 65% des salariés et agents ;
Pendant le confinement, la consommation de tabac, de cigarette
électronique et de médicaments psychotropes est en hausse :
30% ont augmenté leur consommation de tabac, 30% leur usage de
cigarette électronique et 20 % leur consommation de médicaments
psychotropes ;
La consommation globale d'alcool et de cannabis est en
baisse : 18 % des travailleurs ont diminué leur fréquence de
consommation ou arrêté l'alcool, 30 % pour le cannabis.
L'analyse des résultats de cette enquête ouvre plusieurs champs de réflexion et d'actions tant au niveau des employeurs que des pouvoirs publics et partenaires sociaux, sur l'anticipation de l'organisation du travail, ses conditions de réalisation en temps de pandémie ou en période «normale» ainsi que sur la prévention des conduites addictives :
- Elle pointe en premier lieu la nécessité d'agir sur les relations professionnelles et l'organisation du travail pour améliorer les conditions de travail. Il s'agit notamment pour les organisations de soutenir et outiller les manageurs pour les aider à adapter la charge de travail et les objectifs aux conditions de réalisation de l'activité ainsi qu'aux situations particulières ;
- Elle montre aussi que le contexte nécessite de renforcer le dialogue social dans la période actuelle et plus particulièrement le lien direct entre représentants du personnel et salarié.
- Les questions de stress et du sentiment d'isolement dans une période anxiogène doivent aussi faire l'objet d'une attention particulière de l'ensemble des acteurs concernés (directions, manageurs, Rh, préventeurs, IRP?) avec l'appui des services de santé ;
- L'attention doit notamment porter sur les facteurs professionnels (conditions et organisation du travail) qui favorisent l'augmentation des conduites addictives identifiées dans l'enquête, en particulier pendant les périodes de confinement ;
- Des messages de prévention doivent par ailleurs être diffusés à tous les salariés et agents. Les personnes en difficultés avec leur consommation doivent faire l'objet d'un accompagnement par les services de santé au travail (consultation à distance si nécessaire).
Le contexte actuel est propice à l'émergence de solutions
innovantes en termes de santé au travail et de qualité de vie au
travail sous réserve de ne pas se focaliser uniquement sur les
risques les plus apparents liés à l'épidémie.
Une seconde phase d'investigation comprenant une enquête
qualitative est en cours pour compléter ces premiers résultats.
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