Après des alertes émanant de sociétés françaises et diverses discussions avec la DGT, l’ANSES a constitué un groupe de travail et publié un rapport sur les effets sanitaires des diodes électroluminescentes (LED) utilisées pour l'éclairage. En effet, ces dernières, très en vogue du fait de leur caractère économique, émettent une lumière bleue pouvant s’avérer nocive pour l’œil. Des recommandations s’imposent.
La Directive EuP 2005/32/EC (exigences en matière d’écoconception applicables aux produits consommateurs d’énergie) impose une série de mesures pour réduire les émissions de CO2. Mesure phare de ce dispositif : la réduction de la consommation électrique et notamment de l’éclairage (en France, 10 % de la facture électrique). Ainsi, une décision du 18 mars 2009 prévoit l’interdiction progressive de mise sur le marché des lampes à incandescence au profit d’ampoules fluo-compactes « basse consommation », ou d’autres sources d’éclairage moins énergivores comme les diodes électroluminescentes (LED). Le calendrier s’échelonne du 1er septembre 2009 au 1er septembre 2016.
Les diodes électroluminescentes ou LED sont donc développées
rapidement. Si l’industrie et notamment l’électronique les
utilise depuis longtemps (sources de lumière monochromatiques de
faible intensité pour des applications de témoins lumineux),
elles trouvent aujourd’hui une seconde vie comme systèmes
d’éclairage à part entière. Les LED sont des ampoules faiblement
consommatrices d’énergie, bénéficiant d’une efficacité lumineuse
supérieure et d’une durée de vie plus longue (estimée à
50 000 h, soit cinquante fois celles des lampes à
incandescence et 3 à 5 fois celles des lampes fluorescentes
compactes, mais sans aucune norme officielle).
La technologie des LEDS est utilisée dans de nombreux
domaines : éclairage public, domestique et professionnel,
installations sportives, voyants lumineux (signalétique
notamment), éclairage des véhicules, produits à visée
thérapeutique (luminothérapie)…
Trois méthodes permettent de réaliser une diode
électroluminescente émettant de la lumière blanche : la
combinaison d’une diode émettant une longueur d'onde courte (dans
le bleu) avec un luminophore jaune ; l’utilisation d’une
diode émettant dans l'ultraviolet proche couplée à un ou
plusieurs luminophores ; la combinaison d’au moins trois
diodes émettant des longueurs d'onde visibles (émission d’une
lumière blanche).
La première méthode, la seule étudiée par l’ANSES, est la plus
utilisée, car plus rentable économiquement. Or, certaines
composantes de la partie bleue du spectre de lumière émise, très
intenses et entrainant un rayonnement important, présentent des
risques sanitaires.
La lumière bleue peut, dans le cas d’expositions peu soutenues,
mais répétées sur de longues durées, provoquer des atteintes
oculaires. Ses effets néfastes sur la rétine, résultant d’un
stress oxydatif cellulaire, sont reconnus. Si les enfants et les
personnes photosensibles sont considérés comme les populations
les plus à risques, certains professionnels comme les
installateurs, les éclairagistes ou les métiers du spectacle...
sont aussi très exposés.
Les LEDS ont une luminance élevée : 1 000 fois plus que le
seuil de confort visuel admis. Le risque d’éblouissement est donc
particulièrement élevé.
D’autres risques sont évoqués par les experts : perturbation
des rythmes circadiens (horloge biologique) et les effets
stroboscopiques (fluctuation de l’intensité de la lumière
imperceptible visuellement).
La norme NF EN 62 471 de sécurité photobiologique propose un
classement en quatre groupes de risque pour l’œil : le
groupe 0 (exempt de risque), le groupe 1 (risque faible), le
groupe 2 (risque modéré) et le groupe 3 (risque élevé). Il
apparaît que certaines LED accessibles à l’achat et
potentiellement utilisées pour éclairage domestique ou
professionnel, pour des applications de signalisation et de
balisage, appartiennent au groupe de risque 2 alors qu’aucune des
autres sources d’éclairage disponibles pour le public ne dépasse
les groupes de risque 0 ou 1.
De plus, les récentes études démontrent que la norme NF EN
62 471 est insuffisamment adaptée à des éclairages utilisant
des LED.
Suite à l'étude de l'Anses, l'INRS recommande donc de prendre des
précautions pour les lieux de travail. Il est nécessaire de
limiter le niveau de lumière bleue et privilégier l’utilisation
de LED de teinte neutre ou blanc chaud.
Il est, par ailleurs, conseillé de limiter les niveaux de
luminance : plusieurs LED de faibles puissances sont
préférables à une seule de forte puissance.
Plus d’infos :
- Le rapport de l’ANSES : « Effets sanitaires des systèmes d'éclairage
utilisant des diodes électroluminescentes (LED) »
- INRS : http://www.inrs.fr/