L'Anses a publié sept rapports d'expertise collective produits dans le cadre de sa mission permanente d'élaboration de recommandations de valeurs limites d'exposition en milieu professionnel (VLEP). Pour quatre substances, l'Agence propose de diminuer fortement les VLEP actuellement en vigueur afin de diminuer l'exposition des travailleurs et pour une dernière, elle vient compléter la VLEP (valeurs atmosphériques et biologiques) qu'elle a définie en 2008. Elle propose ainsi une valeur limite biologique qui permettra de suivre l'exposition réelle des travailleurs. Ces recommandations ont vocation à être discutées au sein des instances paritaires du Ministère chargé du travail en vue de l'élaboration de valeurs limites réglementaires.
Le chrome hexavalent et ses composés
Utilisés principalement dans la métallurgie pour les traitements
de surface et pour la constitution de super alliages
aéronautiques, ils sont des cancérogènes avérés pour l'homme.
D'après l'enquête Sumer (2003), 108 000 salariés y seraient
exposés. En cohérence avec les autres travaux qu’elle a menés
dans le cadre du règlement Reach, l'Anses recommande que les
utilisations du chrome hexavalent et de ses composés ne soient
maintenues que si elles sont strictement nécessaires et qu'aucune
substitution n'est envisageable. Elle préconise, par ailleurs, la
fixation d'une VLEP-8h de 1 µg.m-3 correspondant à la plus faible
valeur quantifiable par les méthodes de mesure disponibles en
milieu professionnel.
Le béryllium et ses composés
Utilisés dans des secteurs d'activité tels que la métallurgie et
l'aéronautique, ce sont également des agents cancérogènes avérés
pour l'Homme. La substitution doit donc rester la démarche
prioritaire et le principe ALARA (aussi bas que raisonnablement
possible) doit être appliqué. Si les données disponibles ne
permettent pas à ce jour de quantifier les risques cancérogènes
associés à l'exposition à cette substance, l'Anses recommande
néanmoins de leur fixer une VLEP-8h à 0,01 µg.m-3. Elle
recommande également d'attribuer une mention «peau» car les
conséquences d'une sensibilisation par contact cutané peuvent
conduire à des pathologies immuno-allergiques préoccupantes. Par
extension, la surveillance des niveaux de contamination
surfacique des postes et des équipements de travail est
indispensable pour limiter les expositions cutanées.
Le styrène
Il s’agit d’une substance largement utilisée pour la fabrication
de matières plastiques et de caoutchoucs. L'Anses propose de
réduire de près de 50% la valeur actuellement en vigueur, en
recommandant une VLEP-8h à 100 mg.m-3 afin de prévenir
d'éventuels effets neurotoxiques. Elle préconise également la
fixation d'une valeur limite court terme VLCT-15min à 200 mg.m-3
pour éviter les pics d'exposition susceptibles d'induire une
irritation respiratoire.
Elle souligne le risque associé à une exposition cutanée en
recommandant d'attribuer une mention «peau».
Le perchloroéthylène
Encore appelé tétrachloroéthylène, c’est un solvant employé en
particulier pour le nettoyage à sec des vêtements et pour le
dégraissage des métaux. Sur la base des données disponibles,
l'Anses estime réel l’effet cancérogène lié à une exposition à ce
solvant. Cependant, les données actuelles ne permettant pas
d'établir une relation dose-effet en ce qui concerne la
cancérogénicité, l'Anses recommande de fixer une VLEP-8h à 138
mg.m-3 pour prévenir les effets neurotoxiques et de fixer en
complément une VLCT-15min à 275 mg.m-3 afin de limiter les effets
des pics d'exposition.
Le 2-butoxyéthanol et son acétate
Ce sont des solvants utilisés principalement dans l'industrie du
caoutchouc et des plastiques ainsi que dans le secteur de
l'imprimerie. Pour ces deux éthers de glycol, l'Anses propose
pour la première fois la fixation d'une valeur limite biologique
pour les travailleurs. Cette valeur limite, reposant sur une
concentration d'acide 2-butoxyacétique urinaire après hydrolyse
de 100 mg.g-1 de créatinine en fin de poste, a pour objectif de
vérifier les expositions par inhalation et contact cutané ;
elle correspond à une exposition aux VLEP-8h précédemment
recommandées (5) par l'Agence.
Publication de deux rapports méthodologiques
Le premier rapport est un document de référence décrivant la
méthodologie de construction et de mesure des VLEP recommandées
par l'Anses. Il précise notamment les éléments scientifiques
servant de guide aux décisions que le collectif d'experts est
amené à prendre. Le second apporte une réponse sur la nécessité
de limiter le nombre de pics d'exposition sur une journée de
travail pour les substances disposant d'une VLCT-15min sans
VLEP-8h. Il vient compléter un précédent rapport concernant la
problématique des pics d'exposition.
Avec la publication de ce rapport, l'Anses introduit, pour les
substances reconnues comme irritant fort, corrosif ou pouvant
causer un effet grave potentiellement irréversible pour une
exposition de très courte durée, un nouveau concept de valeur
limite : la «valeur plafond». Il s'agit d'une concentration
atmosphérique ne devant être dépassée à aucun moment de la
journée de travail.
Source : http://www.officiel-prevention.com/index.php?page=5&id=132