L'Agence française de sécurité de l'environnement et du travail (Afsset) s'était autosaisie en 2004 afin d'élaborer des valeurs guide de qualité d'air intérieur (VGAI), correspondant à une concentration en dessous de laquelle aucun effet sanitaire n'est attendu pour la population générale. Des VGAI ont déjà été publiées pour le formaldéhyde, le monoxyde de carbone et le benzène en 2007 et 2008. Le 2 avril, l'Afsset a publié de nouvelles valeurs guide pour trois solvants nocifs : le tétracholoroéthylène (ou perchloroéthylène), le trichloroéthylène, le naphtalène et les particules fines (PM 2,5 et PM 10).
Le tétrachloroéthylène, classé «cancérogène probable» (C2) au niveau européen, est utilisé dans les pressings pour le nettoyage à sec des vêtements. Il peut, selon l’Afsset, «provoquer des effets neurologiques, rénaux et hépatiques». Des mesures réalisées par l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris), en 2006 et 2007, ont montré la possibilité de contamination par le tétrachloroéthylène (perchloroéthylène) des logements situés au-dessus de pressing. L'Afsset y a relevé des concentrations «de l'ordre de plusieurs milliers de microgrammes par mètre cube (...) soit un millier de fois plus que dans l'air ambiant ». Afin de limiter l'impact sanitaire du solvant sur le personnel et les riverains, l'Afsset propose une VGAI pour les expositions de courte durée à 1 380 microgrammes par mètre cube (µg/m3) et pour les expositions de longue durée à 250 µg/m3.
L'Agence émet également des valeurs guide pour deux autres
solvants toxiques. Le trichloroéthylène (également classée
«cancérogène probable») peut provoquer des effets neurologiques
(utilisé pour le dégraissage des métaux et émis par certains
matériaux de construction et produits domestiques). La
concentration généralement observée du trichloroéthylène est
inférieure à 1,6 µg/m3 dans 75 % des logements, selon
l'OQAI. L'Afsset a néanmoins relevé des valeurs très élevées
pouvant aller jusqu'à 4 087 µg/m3 ! Par
conséquent, l'Agence propose une valeur de 20 µg/m3 pour les
expositions de longue durée et à terme, l'Afsset entend réduire
sa valeur guide à 2 µg/m3. Celle-ci n'est respectée
aujourd'hui que dans 80% des logements.
Le troisième solvant pointé du doigt par l'Agence est le
naphtalène, émis par les produits anti-mites, les résines et par
certains sols pollués. L'air extérieur contribue également
(trafic, chauffage, industries, etc.) aux niveaux de
concentration de naphtalène retrouvés dans des environnements
intérieurs. Cette substance peut provoquer des anémies
hémolytiques. L'Afsset propose une VGAI de 10 µg/m3 pour les
expositions de longue durée.
Enfin, concernant les particules fines, l'Agence recommande la
mise en œuvre des valeurs guide d'air intérieur de l'Organisation
mondiale de la santé (OMS), à savoir sur 24 heures :
25 µg/m3 pour les PM 2, 5 et 50 µg/m3 pour les
PM 10. Sur le long terme, des VGAI de 10 µg/m3 pour les
PM 2,5 et 20 µg/m3 pour les PM 10 sont aussi
préconisées. Selon l'Afsset, les concentrations en particules
dans les intérieurs peuvent être '' localement très
élevées '', de l'ordre de plusieurs centaines de µg/m3.
Des concentrations similaires dans l'air extérieur peuvent avoir
'' un impact significatif sur la santé ''. Les
particules émises par le trafic, l'industrie et certaines
activités domestiques (cuisson, chauffage, tabac) peuvent en
effet provoquer des troubles respiratoires (asthme,
broncho-pneumopathie chronique obstructive - BPCO...) et
cardio-vasculaires. L'Agence recommande également de
'' donner la priorité '' à la réduction des
pollutions à la source en agissant sur les émissions de
particules dans l'air intérieur, mais aussi dans l'air ambiant
(combustion du bois, du charbon et du fuel, industries,
transports, agriculture...).
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