Les projets d'exploration et d'exploitation des gaz de schiste
sur le sol français suscitent une importante vague de
mécontentement. Et ce n’est pas le projet rapport d’étape remis
par le Conseil général de l'industrie, de l'énergie et des
technologies (CGIET) et le Conseil général de l'environnement et
du développement durable (CGEDD) aux ministres de l'Écologie et
de l'Industrie la semaine dernière qui calmera les esprits. Le
premier ministre a déjà entériné certaines de ses recommandations
et annoncé le soutien du gouvernement aux propositions de loi
déposées, considérées comme caricaturales par ses détracteurs
(inquiétude quant aux prélèvements sur la ressource en eau et
risques de pollution).
Rédigé pour éclairer le gouvernement sur les enjeux économiques,
sociaux et environnementaux des hydrocarbures de roche-mère, le
rapport déclare, en effet, que la France est « parmi les
pays les plus prometteurs au niveau européen » en pétrole et
gaz de schiste, et juge qu’il serait « dommageable, pour
l’économie nationale et pour l’emploi, que notre pays aille
jusqu’à s’interdire (…) de disposer d’une évaluation approfondie
de la richesse potentielle ».
En effet, les ressources apparaissent importantes et, si l’on ne
sait pas dans quelle mesure elles sont économiquement
exploitables, l’on sait néanmoins qu’elles suscitent l’intérêt
d’opérateurs pétroliers et gaziers, laissant supposer des
retombées avantageuses pour le pays.
Le rapport admet cependant que l’ensemble des risques n’est pas
maîtrisé et qu’il est nécessaire de poursuivre les recherches et
expérimentations. La mission CGIET-CGEDD propose donc d’attendre
au moins deux ou trois ans pour prendre des décisions sur
l'opportunité d'une exploitation de gaz et huiles de schiste
en France. D’ici là, elle suggère de développer un programme de
recherche scientifique (national ou européen) sur les techniques
de fracturation hydraulique et leurs impacts environnementaux et
de creuser quelques puits expérimentaux
« surinstrumentés » afin de pouvoir vérifier le réel
impact sur l’environnement. Un Comité scientifique national et
des comités locaux d'information seront créés pour contrôler les
procédures, garantir qualité et transparence des études et
recherches (notamment sur les études géologiques,
hydrogéologiques et l'évaluation des risques environnementaux
liés aux travaux d'exploration…).
Des certitudes émanent déjà du rapport, notamment les quatre
conditions à respecter pour s’assurer de la compatibilité des
forages avec la protection de l'environnement :
l’acquisition d’une bonne connaissance de la géologie et de
l'hydrogéologie locales ; l’utilisation des meilleures
technologies disponibles ; l’encadrement technique et
juridique des travaux de recherches d'hydrocarbures ; le
strict contrôle de l'autorité en charge de la police des
mines.
La réglementation devra par ailleurs évoluer pour s’adapter au
cas des hydrocarbures de roche-mère.
Un rapport final, public, sera présenté au Gouvernement le 31 mai 2011. En attendant cette échéance, les opposants à l’extraction du gaz de schiste poursuivent leur mobilisation. José Bové, leur chef de file a appelé à une manifestation le 10 mai.
Plus d’infos :
http://www.actuel-hse.fr/securite-travail-environnement/politique-environnementale/a-129578/gaz-de-schiste-le-rapport-d-etape-preconise-de-poursuivre-la-recherche-et-les-experimentations.html
http://www.editions-legislatives.fr/