Perturbateurs endocriniens en milieu professionnel : prévention et réaction

Perturbateurs endocriniens en milieu professionnel : prévention et réaction
DOSSIER
SANTE ET ENVIRONNEMENTS POLLUANTS || Santé et environnements polluants / 23/06/2023

Les perturbateurs endocriniens, dont les effets seraient nocifs pour la santé, concernent également le monde de l’entreprise. Certains travailleurs étant probablement plus exposés que le reste de la population. Découvrez les enjeux que font planer ces substances en milieu professionnel, et comment s’en prémunir.

Le point sur la situation en entreprise

Situation en entreprise

 

« Les perturbateurs endocriniens (PE), sont des substances qui dérèglent le fonctionnement hormonal des organismes vivants et causent ainsi des effets néfastes sur la santé de l'Homme ou d'être vivants de l'environnement », selon la définition de l’Anses.

Dangers pluriels

L’INRS va même plus loin dans la définition. L’institution parle de « mélanges chimiques, d'origine naturelle ou artificielle, possédant la capacité d’interférer avec le système hormonal (c’est le système endocrinien, ndlr) et d’entraîner des effets néfastes sur les individus directement exposés, mais également leur descendance ».
En effet, les PE peuvent altérer des fonctions aussi essentielles que la reproduction : baisse de la qualité du sperme ; malformations congénitales ; endométriose ; cancer des ovaires ou de la prostate etc. Mais ils peuvent également occasionner d’autres troubles, du comportement, du diabète ou encore de l’obésité.

Les entreprises sont concernées

Les perturbateurs endocriniens se trouvent dans pléthore de produits du quotidien. Le milieu professionnel ne fait donc pas exception. Selon une étude menée par les préventeurs de la région Centre-Val de Loire menée en 2019, 40 entreprises sur 121 utilisaient des produits contenants des perturbateurs endocriniens. Le risque ne doit donc pas être négligé.

Selon l’INRS, « dans l’environnement de travail, la fréquence et le niveau des expositions peuvent être plus élevés que dans la population générale ». Ces expositions peuvent être liées à l’utilisation de certaines matières premières (plastifiants, solvants), à la fabrication ou l’utilisation de certains produits (peintures, colles, vernis, essences, produits d’entretien) ou encore à la présence de déchets ou de sous-produits émis par certains procédés (dioxines, polychlorobiphényles, benzoapyrène). Des expositions aux PE qui peuvent se faire par inhalation, par ingestion ou par passage percutané.

Cadre réglementaire

Règlementation

 

Que dit la loi ?

Pour l’heure, le Code du travail ne prévoit pas de réglementation spécifique aux perturbateurs endocriniens. La prévention des risques qui y sont liés répond aux mêmes exigences que toute autre démarche de prévention (articles L. 4121-1 et suivants). L’employeur doit évaluer les risques, les supprimer ou les réduire, mais surtout informer et former ses salariés. Bien sûr, s’appliquent les même règles applicables aux agents chimiques dangereux désignés comme cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (articles R. 4412-59 à R. 4412-93). Des dispositions spécifiques sont toutefois prévues pour les femmes enceintes et allaitantes. Il est en effet interdit de les affecter ou de les maintenir à des postes de travail les exposant aux PE (article D. 4152-10).

De nouvelles règles de classification et d’étiquetage ont été publiées (règlement délégué (UE) 2023/707) dans le règlement CLP qui définit en Europe les règles de classification, d’étiquetage et d’emballages des produits chimiques concernant les perturbateurs endocriniens. Les substances et les mélanges doivent être étiquetés conformément à ces nouvelles règles au plus tard respectivement le 1er mai 2025 et le 1er mai 2026.

Éléments de prévention

Rôle employeur

 

Que peut faire l’employeur ?

L’employeur doit savoir que les « PE suspectés » ou « avérés » se trouvent dans une grande diversité des produits de la vie quotidienne (plastiques, produits d’entretien, cosmétiques, emballages). Pour tenter d’éviter d’exposer ses travailleurs à un trop grand nombre d’entre eux, il peut se référer à une liste de substances PE avérées ou PE suspectées, qui fut établie par la Commission européenne en octobre 2015. Elle est toujours mise à jour régulièrement, et comprend environ 200 PE avérés et 125 PE suspectés. Il peut substituer des produits dangereux par d’autres présentant moins de risques.  Il peut également adapter les locaux de sa société en prenant des mesures de protection collective (ventilation et assainissement d’air, encoffrement, système clos). Des bons gestes au quotidien peuvent aussi être efficaces : aérer pour évacuer les PE ; choisir des produits simples avec une liste d’ingrédients courte ; privilégier des objets et matériaux naturels, bruts, non traités ; miser sur la variété pour la nourriture.

Salarié vigilant

Le collaborateur peut également, dans son quotidien de travail, appliquer des bonnes pratiques pour se prémunir des perturbateurs endocriniens. Cela passe par exemple par un respect strict des consignes d’utilisation fournies par l’employeur (notice de poste, formation). Il peut utiliser des moyens de protection individuelle à disposition tels que des gants, des masques, des lunettes etc. Bien-sûr, le degré de protection dépendra des secteurs d’activité. Se laver systématiquement les mains et le visage avant de manger, ne pas boire, fumer, manger au poste de travail est aussi envisageable.

En savoir plus 

« 55 % des entreprises utilisent soit des perturbateurs endocriniens, soit des nanomatériaux, soit les deux », article Préventica, juin 2021
« RÈGLEMENT DÉLÉGUÉ (UE) 2023/707 DE LA COMMISSION »
« Perturbateurs endocriniens : ce qu’il faut retenir », article INRS, juillet 2021
« Risques liés aux perturbateurs endocriniens en milieu professionnel », article INRS, juillet 2021
« Les perturbateurs endocriniens en milieu professionnel », fiche thématique

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