Vincent Terrenoir - Commissaire divisionnaire, Délégué pour la sécurité générale (ministère de la santé – DGOS) et chargé de l’ONVS : La prévention de la violence à l’hôpital est un enjeu de santé publique

La prévention de la violence à l’hôpital est un enjeu de santé publique

SECURITE DES LIEUX DE TRAVAIL || Conseil - Formation
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09/05/2018
Vincent Terrenoir -  Commissaire divisionnaire, Délégué pour la sécurité générale (ministère de la santé – DGOS) et chargé de l’ONVS
Vincent Terrenoir

Commissaire divisionnaire, Délégué pour la sécurité générale (ministère de la santé – DGOS) et chargé de l’ONVS


Incivilités, agressions physiques et verbales, dégradation des biens, la violence à l’hôpital est un phénomène plus que jamais inquiétant. Avec la montée de la menace terroriste, la sécurisation des structures de santé est un enjeu prioritaire pour les pouvoirs publics et les gestionnaires d’établissements.

Présentez-nous l’ONVS en quelques mots
L’Observatoire National des Violences en milieu de Santé a été créé en 2005 à la suite de l’événement dramatique survenu à l’Hôpital Psychiatrique de Pau. Son rôle est de recenser et d’analyser les signalements de faits de violence commis en milieu de santé contre les personnes et contre les biens. Ces signalements étant faits sur la base du volontariat, les chiffres dont dispose l’ONVS ne reflètent pas la réalité complète des violences en santé, mais donnent une photographie des grandes tendances et des services les plus affectés par ces actes de violence.
A partir de ces données, des retours d’expérience et des observations menées tant à partir des données recueillies que sur le terrain, l’ONVS a également pour vocation d’apporter des conseils, d’élaborer et diffuser des fiches méthodologiques, un guide pratique pour prévenir ces actes de violence et développer la coordination des acteurs de terrain. Il édite annuellement un rapport qui rend compte de l’état de ces violences.

En quoi la violence à l’hôpital représente-t-elle un enjeu de santé publique ?
Les personnels de santé se sentent démunis face à la montée des incivilités et des violences, au point qu’elles peuvent affecter durablement la qualité de vie au travail. Il arrive que certains finissent par aller au travail « la boule au ventre ». Cet état de stress impacte forcément la qualité des soins. Il peut même être la cause de départ d’un établissement plutôt que de continuer à travailler dans un climat d’insécurité.

Quelles solutions pour prévenir la violence en milieu de santé ?
Les conventions « santé-sécurité-justice » mises en place en 2010 constituent un outil indispensable. Elles permettent d’améliorer la sécurité des professionnels de santé et de renforcer la coopération locale avec les services de l’État et d’autres partenaires comme, par exemple, les municipalités. En effet, au-delà de la signature d’un document officiel, c’est l’engagement personnel des acteurs qui importe pour que ces protocoles renforcent réellement les liens de proximité entre eux, développent une meilleure connaissance mutuelle, et permettent ainsi de prévenir les difficultés ou de les résoudre plus facilement lorsqu’elles se présentent. On retiendra par exemple comme éléments de ces conventions : la désignation d’un référent sûreté police/gendarmerie pour les professionnels de santé ; des conseils et des diagnostics de sécurité ; la mise en place de procédures particulières d’alerte, la facilitation du dépôt de plainte et l’information sur leur suivi. L’ONVS remarque qu’en fonction du contexte local, les acteurs institutionnels font preuve d’inventivité pour donner corps à ces conventions.

La sensibilisation et la formation des personnels de santé est également un point essentiel car il s’agit de créer une culture de la gestion permanente du risque. Celle-ci doit être intégrée désormais dans la culture hospitalière puisque l’hôpital n’est plus un sanctuaire. C’est d’autant plus important que le contexte actuel de la menace terroriste a généré une réelle prise de conscience des questions de sécurité-sûreté entendues au sens large. Et le plan d’action interministériel de novembre 2016 pour la sécurisation des établissements de santé face à la menace terroriste s’articule d’ailleurs de façon étroite avec ces incivilités, violences et actes de malveillance. La question de la sécurisation doit bien être traitée dans sa globalité. Ainsi, chacun à son niveau de responsabilités, sans se transformer en policier ou en gendarme, peut participer à cette lutte contre les violences et devenir acteur de la sécurisation de son établissement. Par exemple, lorsque l’on travaille sur un projet de service, la qualité de vie au travail et la qualité des soins se doivent d’être parties intégrantes du projet. Lorsque l’on aborde ces thématiques, la sécurité n’est jamais loin. Des solutions existent, des solutions qui fonctionnent…

En analysant les violences, on peut comprendre également les raisons qui parfois conduisent à générer ces faits. Ce peut être un problème d’organisation du travail, de difficultés liées à l’architecture des locaux, … En mutualisant nos données et nos bonnes pratiques, nous pouvons ensemble améliorer la prévention de la violence. L’ONVS y travaille avec engagement et motivation.