Présentez-nous l’ONVS en quelques mots
L’Observatoire National des Violences en milieu de Santé a été
créé en 2005 à la suite de l’événement dramatique survenu à
l’Hôpital Psychiatrique de Pau. Son rôle est de recenser et
d’analyser les signalements de faits de violence commis en milieu
de santé contre les personnes et contre les biens. Ces
signalements étant faits sur la base du volontariat, les chiffres
dont dispose l’ONVS ne reflètent pas la réalité complète des
violences en santé, mais donnent une photographie des grandes
tendances et des services les plus affectés par ces actes de
violence.
A partir de ces données, des retours d’expérience et des
observations menées tant à partir des données recueillies que sur
le terrain, l’ONVS a également pour vocation d’apporter des
conseils, d’élaborer et diffuser des fiches méthodologiques, un
guide pratique pour prévenir ces actes de violence et développer
la coordination des acteurs de terrain. Il édite annuellement un
rapport qui rend compte de l’état de ces violences.
En quoi la violence à l’hôpital représente-t-elle un
enjeu de santé publique ?
Les personnels de santé se sentent démunis face à la montée des
incivilités et des violences, au point qu’elles peuvent affecter
durablement la qualité de vie au travail. Il arrive que certains
finissent par aller au travail « la boule au ventre ».
Cet état de stress impacte forcément la qualité des soins. Il
peut même être la cause de départ d’un établissement plutôt que
de continuer à travailler dans un climat d’insécurité.
Quelles solutions pour prévenir la violence en
milieu de santé ?
Les conventions « santé-sécurité-justice » mises en
place en 2010 constituent un outil indispensable. Elles
permettent d’améliorer la sécurité des professionnels de santé et
de renforcer la coopération locale avec les services de l’État et
d’autres partenaires comme, par exemple, les municipalités. En
effet, au-delà de la signature d’un document officiel, c’est
l’engagement personnel des acteurs qui importe pour que ces
protocoles renforcent réellement les liens de proximité entre
eux, développent une meilleure connaissance mutuelle, et
permettent ainsi de prévenir les difficultés ou de les résoudre
plus facilement lorsqu’elles se présentent. On retiendra par
exemple comme éléments de ces conventions : la désignation
d’un référent sûreté police/gendarmerie pour les professionnels
de santé ; des conseils et des diagnostics de
sécurité ; la mise en place de procédures particulières
d’alerte, la facilitation du dépôt de plainte et l’information
sur leur suivi. L’ONVS remarque qu’en fonction du contexte local,
les acteurs institutionnels font preuve d’inventivité pour donner
corps à ces conventions.
La sensibilisation et la formation des personnels de santé est
également un point essentiel car il s’agit de créer une culture
de la gestion permanente du risque. Celle-ci doit être intégrée
désormais dans la culture hospitalière puisque l’hôpital n’est
plus un sanctuaire. C’est d’autant plus important que le contexte
actuel de la menace terroriste a généré une réelle prise de
conscience des questions de sécurité-sûreté entendues au sens
large. Et le plan d’action interministériel de novembre 2016 pour
la sécurisation des établissements de santé face à la menace
terroriste s’articule d’ailleurs de façon étroite avec ces
incivilités, violences et actes de malveillance. La question de
la sécurisation doit bien être traitée dans sa globalité. Ainsi,
chacun à son niveau de responsabilités, sans se transformer en
policier ou en gendarme, peut participer à cette lutte contre les
violences et devenir acteur de la sécurisation de son
établissement. Par exemple, lorsque l’on travaille sur un projet
de service, la qualité de vie au travail et la qualité des soins
se doivent d’être parties intégrantes du projet. Lorsque l’on
aborde ces thématiques, la sécurité n’est jamais loin. Des
solutions existent, des solutions qui fonctionnent…
En analysant les violences, on peut comprendre également les
raisons qui parfois conduisent à générer ces faits. Ce peut être
un problème d’organisation du travail, de difficultés liées à
l’architecture des locaux, … En mutualisant nos données et nos
bonnes pratiques, nous pouvons ensemble améliorer la prévention
de la violence. L’ONVS y travaille avec engagement et motivation.
La prévention de la violence à l’hôpital est un enjeu de santé publique
Incivilités, agressions physiques et verbales, dégradation des biens, la violence à l’hôpital est un phénomène plus que jamais inquiétant. Avec la montée de la menace terroriste, la sécurisation des structures de santé est un enjeu prioritaire pour les pouvoirs publics et les gestionnaires d’établissements.

Vincent TERRENOIR
Commissaire Divisionnaire, Délégué Pour La Sécurité Générale (Ministère De La Santé – Dgos) Et Chargé De L’onvs
- #Sûreté
- 09/05/2018