Dominique STEILER - Mindfulness et Bien-être au travail, EM Grenoble : La paix économique doit être plus que jamais un engagement quotidien à agir pour le bien commun.

La paix économique doit être plus que jamais un engagement quotidien à agir pour le bien commun.

ORGANISATION DE LA PREVENTION || Evaluation des risques
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20/04/2020
Dominique STEILER - Mindfulness et Bien-être au travail, EM Grenoble
Dominique STEILER
Directeur associé, titulaire de la Chaire Paix économique
Mindfulness et Bien-être au travail, EM Grenoble

Le contexte actuel nous invite à repenser fondamentalement ce que nous souhaitons faire de notre société. Une ligne d’action intimement inscrite dans l’ADN de la Chaire Paix économique, Mindfulness et Bien-être au travail.

Quand et comment est née la Chaire Paix économique, Mindfulness et Bien-être au travail ?
Elle est née d’une rencontre en 2009 avec Antoine Raymond, dirigeant de l’entreprise A.Raymond. À l’époque, nous sortions d’une période très dure avec la crise financière et la vague de suicides d’une grande entreprise fortement médiatisée. Antoine Raymond m’interpelle sur le contexte de guerre économique qui allait nous conduire droit dans le mur. Ne prouvait-on pas imaginer un lieu où des dirigeants et des chercheurs pouvaient travailler ensemble et poser les bases d’une autre façon de faire de l’économie : ce qui deviendra la paix économique.
La chaire a donc démarré fin 2012 avec le soutien de 5 entreprises : ARaymond, Böllhoff Otalu, Udimec (UIMM Isère), MMA et HP. Ces entreprises étaient engagées sur 3 ans, on est à la 8e année et sur ces 5 fondateurs, 4 sont toujours avec nous.


Comment pouvez-vous définir la paix économique sur laquelle est axée votre Chaire ?
La paix économique constitue l’alternative à un mode de fonctionnement des affaires basé sur l’hypercompétition, qui produit certes des richesses financières, mais se traduit par une dégradation des personnes (stress, burnout, suicide), par un individualisme exacerbé (injonction de réussite individuelle) et par le délitement du lien social, par la destruction d’outils de production, par le déplacement de familles entières (plan de restructuration et fermeture d’usines).
Elle instaure entre ses membres des relations de confiance envers l’ensemble de parties prenantes y compris ses concurrents directs. Dans une orientation constructive et coopérative, elle permet à l’entreprise de créer de la richesse au profit du bien commun.
La paix économique n’est pas un but à atteindre, mais un engagement quotidien à agir, du mieux possible pour le bien commun.

Très concrètement, quels sont les axes de travail de votre Chaire ?
Nous travaillons sur des dispositifs de Recherche-Action avec trois grands axes qui correspondent aux trois grandes dimensions d’une activité économique. Le premier est la dimension de l’intime, de la personne. Le deuxième est le bien-être au travail. Le troisième est l’épanouissement de l’ensemble des parties prenantes. Comment une entreprise peut-elle se penser pour améliorer l’épanouissement de ses parties prenantes internes et externes. Avec les dirigeants qui nous soutiennent, nous affirmons que le but d’une entreprise est de s’inscrire dans la cité, de renforcer le tissu social et de contribuer au bien commun.
Ce mode de réflexion se déploie via la Recherche, l’action en entreprise et le Monde de l’Education.
Par exemple, en recherche, nous avons engagé plusieurs projets, notamment sur la méditation pleine conscience et les pratiques managériales, ou sur la culture achats : comment peut-on passer d’un acheteur cost-killer à un acheteur pacifié ? Comment grandir en faisant grandir ses fournisseurs ?
Dans le monde de l’entreprise, nous avons mis en place une communauté de pratiques dans laquelle sont présents des chargés de projet paix économique de chaque entreprise partenaire. Nous nous retrouvons tout au long de l’année pour partager et coconstruire.
Enfin, pour ce qui est de l’enseignement, notre objectif est de former les futurs managers pour qu’ils soient capables de gérer l’économie autrement. La paix économique est un des axes stratégiques de l’EM Grenoble et s’insère de dans  la formation initiale des étudiants. Nous avons récemment cocréé un certificat avec la Fabrique Spinoza pour former les managers à gérer ces changements.

En cette période particulière, quelles initiatives avez-vous prises pour partager ces idées particulièrement d’actualité ?
En quelques jours, le coronavirus a bouleversé les habitudes à travers le monde et amené les Français au confinement. Dans cette période troublée, bien entendu, nous poursuivons nos travaux de recherche, mais nous proposons aussi deux rendez-vous hebdomadaires en ligne pour donner des clés de réflexion et permettre un retour à soi : un podcast « L’Instant méditation » et une vidéo « Les Moments Paix économiques »
Proposer un autre regard sur l'actualité, nourrir et donner des clés de réflexion ou faire face aux idées reçues, tel est l'objectif de cette série de vidéos « Les Moments Paix économiques ».
Chaque mardi, et pendant le temps du confinement, un des chercheurs de la Chaire Paix économique, Mindfulness et Bien-être au Travail apporte son regard sur cette période selon les trois dimensions de la Paix économique : personnelle, économique et sociétale. Par exemple : Pourquoi utilise-t-on un langage de guerre ? Est-ce que le confinement peut rapprocher au lieu d'éloigner ?…
Avec le podcast « L’Instant méditation » chaque jeudi, et pendant le temps du confinement au moins, un des membres de la Chaire Paix économique, Mindfulness et Bien-être au travail guide un moment de méditation.
La pratique de la méditation, quelle que soit la situation vécue, peut en effet être un soutien pour revenir à soi et trouver un ancrage avant de retourner au contact de ses relations extérieures.