Christian SOMMADE - Haut Comité Français pour la Défense Civile : Nous avons beaucoup à apprendre des anglo-saxons sur la gestion de crise

Nous avons beaucoup à apprendre des anglo-saxons sur la gestion de crise

|| Sûreté - Malveillance
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12/09/2013
Christian SOMMADE - Haut Comité Français pour la Défense Civile
Christian SOMMADE
Délégué général
Haut Comité Français pour la Défense Civile
Le Haut Comité Français pour la Défense Civile (HCFDC) est une association loi 1901, qui a pour vocation d’être une plate-forme d'échanges entre l'Etat, les Assemblées, les Collectivités, les Entreprises et les experts sur les questions touchant à la sécurité nationale. LE HCFDC a mené récemment une mission de retour d’expérience aux Etats-Unis portant sur la gestion de la tempête Sandy à New York.

Pourquoi cette mission Sandy que vous avez menée aux Etats-Unis en mars dernier ?
J’étais aux Etats-Unis lorsque la tempête Sandy a touché New York et j’ai été frappé de constater l’efficacité avec laquelle les Américains ont su gérer cette crise. J’ai donc proposé au SGDSN (Secrétariat Général à la Défense et à la Sécurité Nationale) d’organiser une mission d’étude sur place avec des représentants de la défense civile, des pouvoirs publics et du secteur privé français.

Quel était l’objectif de cette mission et comment s’est-elle déroulée ?
Notre objectif était de comprendre la façon dont les Américains ont géré cette crise avec leurs forces et leurs faiblesses et d’en tirer des enseignements, sur la gestion d’une crise liée à l’inondation d’une mégapole.
En Ile-de-France, de tels scenarii sont à l’étude dans l’hypothèse d’une crue centennale de la Seine.
Nous avons visité un certain nombre d’infrastructures vitales pour comprendre comment elles avaient été touchées et les procédures de gestion de crise qui ont été mises en place : une usine de traitement des eaux usées, le centre de pilotage de l’électricité, l’aéroport de la Guardia et nous avons rencontré également les responsables des services majeurs concernés par cette crise : la FEMA (Federal Emergency Management Agency) , les Sapeurs Pompiers et la Police de New York,  le NYS OEM (New York State Office of Emergency Management), la Metropolitan Transportation Authority, …

Quels sont les principaux enseignements que vous avez pu tirer de cette mission ?
Nous ne pouvons que saluer la façon dont les autorités américaines ont su gérer cette crise majeure. Aux Etats-Unis le dimensionnement de la gestion de crise est beaucoup plus important qu’en France, à périmètre égal en nombre d’habitants. Pour des raisons historiques : le pays est par nature beaucoup plus vulnérable aux grands aléas climatiques mais aussi du fait d’un système de fonctionnement particulier : la FEMA est alimentée par des dons et les Américains sont fortement mobilisés sur ce point.
Ensuite nous avons pu constater une interconnexion très forte entre secteur public et secteur privé en situation de crise. Les grands acteurs du secteur privé ont tous une cellule de crise immédiatement opérationnelle et en lien direct avec les cellules de crise publiques, ce qui permet une réaction rapide et efficace pour remettre en route l’économie.
Enfin Sandy est la première crise complètement numérique ! Cet événement a mis en lumière le rôle désormais majeur des réseaux sociaux dans la communication de crise, à la fois en termes de communication descendante mais aussi entre les populations. Un outil simple, réactif, peu consommateur de bande passante qui a permis aux populations d’être informées de ce qui se passait à l’échelle de leur quartier.

Quelles recommandations peut-on en tirer à l’échelle de la France ?
Même si les infrastructures de gestion de crise américaines ont des dimensions que nous n’atteindrons jamais en France, leur modèle de gestion de crise est riche d’enseignements et nous avons émis un certain nombre de recommandations qui font l’objet d’un rapport qui devrait être rendu public prochainement.
Pour moi trois idées majeures sont à retenir :
Tout d’abord la formation préalable des acteurs de la crise qui doivent être préparés et entraînés à divers scenarii.
Ensuite une plus forte intégration entre privé et public pour fluidifier la communication et la gestion de la crise
Enfin, utiliser au maximum le potentiel des réseaux sociaux en communication.