Roger Marion - Président d’honneur du Congrès Sécurité / Sûreté : Roger Marion - Préfet Honoraire

Roger Marion - Préfet Honoraire

|| Sûreté - Malveillance
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15/09/2016
Roger Marion - Président d’honneur du Congrès Sécurité / Sûreté
Roger Marion
Préfet Honoraire
Président d’honneur du Congrès Sécurité / Sûreté

Après l’attentat de Nice, le 14 juillet dernier, la prolongation de l’état d’urgence a été décrétée jusqu’à la fin janvier 2017. Dans le même temps, nous assistons à un renforcement de mesures déjà existantes, comme l’interdiction de rassemblements dont la sécurité ne serait pas assurée ou la fermeture des lieux de culte dans lesquels sont tenus des propos incitant à la haine ou à la violence. En outre, le 9 mai dernier, le Premier ministre a présenté un nouveau plan pour lutter contre la radicalisation et le terrorisme.

Or, l’événement récent de découverte à Paris d’un véhicule contenant des bouteilles de gaz, resté en stationnement pendant deux jours à proximité de la cathédrale Notre-Dame, et pour lequel les forces de l’ordre ne seraient intervenues qu’à la troisième alerte - alerte donnée par un citoyen- ne prouve-t-il pas une certaine défaillance de la sécurisation des espaces publics ? 

 Bien évidemment. L’endroit choisi pour perpétrer cet attentat est un lieu hautement symbolique ! Notez aussi que la Préfecture de Police de Paris fait face à la cathédrale ….

Notre-Dame de Paris est le site cultuel le plus visité de France, avec  vingt millions de pèlerins et de visiteurs par an. Il reste d’autant plus symbolique au lendemain de l’assassinat du père Jacques Hamel le 26 juillet à Saint-Etienne-du-Rouvray, pour qui une messe exceptionnelle en son hommage a été célébrée le 27 juillet 2016. Le choix de cette cible est très caractéristique et significatif de la menace actuelle qui vise principalement les lieux de culte mais également les sites très fréquentés par les touristes.

Indépendamment des failles de sécurité autour de Notre Dame, on peut encore s’interroger sur l’efficacité du dispositif. En effet, en partant du véhicule abandonné, la fille du propriétaire a très rapidement été identifiée tout comme les autres membres du réseau et les arrestations opérées en différents points du territoire, ce qui est très bien. Mais cela laisse à penser que ces personnes étaient connues voire surveillées puisque ce sont les enquêteurs de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI), qui ont procédé aux premières arrestations. 

 

Cette défaillance n’est-elle pas due, en partie, à un manque d’effectifs ?

Certainement, mais aujourd’hui la « masse » d’individus à surveiller est énorme et croît de jour en jour.

Les conséquences de cet attentat « échoué » auraient pu être dramatiques. La voiture, dont les plaques d’immatriculation avaient été enlevées, ses feux de détresse allumés, était stationnée dans un quartier en théorie hautement surveillé. Le site, comme indiqué plus tôt, est identifié comme un des sites où le risque d’attentat terroriste est le plus grand, impliquant une surveillance renforcée y compris par des patrouilles du dispositif « Sentinelle » et qui plus est à proximité de la Préfecture de Police de Paris.

 

Vous parlez d’attentat « échoué » et non « déjoué », pouvez-vous nous en expliquer la raison ?

Un attentat déjoué est un attentat dont la commission a été empêchée, interrompue par l’intervention des services sécurité.

Ici, l’attentat a échoué. Le dispositif de mise à feu –l’inflammation de gasoil- n’a pas fonctionné mais la substance explosive, en trop grande quantité d’ailleurs –six bouteilles de gaz de 13Kg-  était pourtant là. 

On peut donc remarquer l’amateurisme de ces apprentis terroristes –sans connaissances chimiques ou pyrotechniques- qui agissent sur instructions reçues par messagerie chiffrée ou « recettes » trouvées sur Internet. En l’occurrence, le dispositif de mise à feu n’ayant pas fonctionné, c’est donc un attentat qui a échoué, -juridiquement une tentative-, du fait de l’inexpérience des auteurs « voire du désistement de l’un d’eux » et non un attentat déjoué.

 

 Vous intervenez, le 4 octobre prochain, durant la conférence inaugurale intitulée « La sécurité des entreprises et des organisations publiques à l'heure de la MENACE TERRORISTE », lors de Preventica, en compagnie d’Alain Juillet et Maître Thibault de MONTBRIAL. En tant que Président d’honneur de ce congrès, que pouvez-vous nous dire sur cette conférence et de Preventica plus généralement?

Tout d’abord, les derniers événements tragiques que la France a connus ces derniers mois, montrent bien la nécessité de rechercher une complémentarité entre les forces de sécurité intérieure et les acteurs de la sécurité privée. L’objectif commun est, bien évidemment, de répondre au mieux à la demande de sécurité de nos citoyens, face à la menace terroriste. Une passerelle entre sécurité publique et sécurité privée est indispensable. A ce sujet, indépendant des conventions partenariales existantes, une structure, la « M2RP » (mission de reconversion et reclassement professionnel) a été créée au ministère de l’intérieur, ayant pour vocation d’assurer la reconversion et le reclassement  entre autres de policiers et gendarmes qui souhaiteraient intégrer le secteur privé.

Les deux principaux intervenants à cette conférence, que sont Alain Juillet et Thibault de MONTBRIAL, sont tous deux des experts dans le domaine de la sécurité. En effet, Alain Juillet, ancien membre du Conseil économique de la sécurité au ministère de l’Intérieur, est membre du Conseil économique de défense depuis 2005 et président du Club des Directeurs de Sécurité des Entreprises (CDSE). Quant à Thibault de Montbrial, il est avocat spécialisé notamment dans la légitime défense et la défense de victimes d'accidents collectifs et d'actes terroristes. Il est aussi le fondateur et le président du Centre de Réflexion sur la Sécurité Intérieure (CRSI).

L’objectif majeur de Preventica est de permettre à tous les organismes ayant des responsabilités dans le domaine de la sécurité, sur le plan régional et national, de se rencontrer et de mutualiser leurs expériences, durant trois jours, sur toutes les thématiques exposées au programme. En outre, grâce à cet événement, les entreprises de sécurité qui exposent sur le salon peuvent échanger avec les nombreux visiteurs et intervenants de haut niveau, qui participent aux colloques.