Général (2s) François VERNOUX - CLUB INTERMINES GESTION DE CRISES : La crise sanitaire démontre l’utilité des plans communaux de sauvegarde

La crise sanitaire démontre l’utilité des plans communaux de sauvegarde

SECURITE DES LIEUX DE TRAVAIL || Gestion de crise / PCA
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26/03/2020
Général (2s) François VERNOUX - CLUB INTERMINES GESTION DE CRISES
Général (2s) François VERNOUX
ancien permanent de direction du COGIC, président
CLUB INTERMINES GESTION DE CRISES

Rares sont les communes qui ont prévu un volet pandémie dans leurs plans communaux de sauvegarde (PCS). Toutefois, ce document organise différentes mesures susceptibles de faire gagner un temps précieux dans la gestion de la crise, comme l’explique le général François Vernoux, ancien permanent de direction du COGIC (Centre opérationnel de gestion interministérielle des crises) et auteur de « Conduire les opérations communales de sauvegarde » (Territorial Edition).

Dans quelle mesure le plan communal de sauvegarde (PCS) permet-il aux communes de faire face au COVID 19 ?

Le PCS permet de faire face à tous les évènements qui peuvent frapper la commune en affectant la population. Il organise la continuité des missions courantes en situation dégradée. Son élaboration permet de sensibiliser le conseil municipal, les agents territoriaux et les citoyens ressources, le boulanger, le pharmacien l’agriculteur avec son tracteur, qui seront impliqués dans la gestion de la crise. Il comporte différents outils, comme le poste de commandement communal ou encore les fiches opérationnelles.
La réserve communale de sécurité civile peut aussi s’avérer un atout si la municipalité a eu la sagesse et le courage d’en créer une. Même s’il ne prévoit pas de plan spécifique pour faire face à la crise du coronavirus, il y a toute une organisation qui est prévue et c’est ce qui permet gagner un temps précieux.

Dans quelle mesure le PCS permet-il de s’adapter aux mesures de confinement ?

Le maire applique les consignes du préfet. Si ce dernier demande que les personnes de plus de 70 ans ne sortent plus de chez elles par exemple, même pour faire leurs courses alimentaires, cela va être à la municipalité d’organiser la distribution des repas. Si par chance il y a une fiche opérationnelle consacrée à la distribution des repas aux personnes vulnérables dans le PCS, elle va servir et faire gagner du temps et de l’efficacité, même si elle n’était pas prévue pour cette crise sanitaire.
La question de savoir qui doit conduire la camionnette de livraisons des repas, raccroche au Plan de continuité d’activité (PCA). Il détermine les activités essentielles et celles qui peuvent être mises en sommeil le temps de la crise. Les cadres et employés qui continueront à assurer ces fonctions vitales en situation de crise sont identifiés ainsi que leurs relèves. Le PCA est fortement recommandé aux collectivités mais pas obligatoire.

Combien de communes ont élaboré un PCS ?

Le plan communal de sauvegarde est obligatoire depuis la loi de modernisation de la sécurité civile du 14 août 2004. Il s’impose à toutes les communes qui sont concernées par un plan de prévention des risques et il est recommandé à toutes les autres car aucune n’est à l’abri d’un risque et la crise sanitaire du coronavirus le prouve. 78 % des communes pour lequel il est obligatoire disposent d’un PCS, mais il s’agit malheureusement le plus souvent de copié-collé, de coquilles vides.
Acheter un PCS clef en main c’est gaspiller de l’argent public. Certes, la collectivité est dans les clous de la loi, elle a élaboré son PCS qu’elle a envoyé à la préfecture qui l’a enregistré mais malheureusement beaucoup ne sont pas opérationnels. Il y a un principe : se faire assister mais ne pas faire faire. Car seuls les élus qui connaissent les enjeux de leur territoire et sa population, peuvent écrire le PCS. La sauvegarde est une mission de proximité.

Interview réalisée par La Gazette des Communes