En quoi les centres commerciaux sont-ils particulièrement
concernés par la menace terroriste ?
Les centres commerciaux sont ce qu’on appelle des « cibles molles
», c’est à dire une cible civile sans défense dont le niveau de
protection ne permet pas de résister à une attaque terroriste.
Pourtant, une attaque sur un centre commercial a une forte valeur
symbolique car elle toucherait au mode de vie occidental, à une
expression forte du capitalisme et aurait pour effet de
fragiliser durablement les habitudes de consommation de toute une
population et de l’économie en général.
L’attaque terroriste de Nairobi en 2013 avait ainsi pour cible un
centre commercial de luxe. Et l’on a su après les attentats de
Paris de novembre 2015 que la cellule terroriste dirigée par
Abdelhamid Abaaoud avait pour intention de commettre ensuite un
attentat sur le Centre Commercial des 4 temps à La Défense.
Au lendemain des attentats de Paris, comment les centres
commerciaux ont-ils réorganisé leur sécurité ?
Il faut d’abord souligner que la sécurité est aujourd’hui un
enjeu économique extrêmement fort pour les centres commerciaux.
Après la divulgation par la presse du projet d’attentat sur Les 4
Temps, la fréquentation de ce centre commercial a chuté de façon
drastique. Si un attentat se produisait dans un centre
commercial, les conséquences pourraient être dramatiques, bien
évidemment en termes de pertes humaines, s’il y en avait, et au
delà en termes de préjudice économique, de remise en état
éventuelle et de préjudice d’image.
Après les attentats de Paris, les centres commerciaux ont
immédiatement renforcé les effectifs dédiés à la surveillance
humaine, entraînant un choc de demande sur le marché de la
sécurité.
Mais les agents de sécurité, qu’ils soient expérimentés ou
nouvellement recrutés, ne sont pas formés pour apporter une
réponse appropriée aux missions qui leur sont confiées en matière
de risque terroriste. Comment un agent qui a jusque là a eu pour
mission de lutter contre les vols, peut-il du jour au lendemain
se transformer en profiler apte à détecter un éventuel terroriste
? Et surtout en cas d’acte terroriste, comment peut-il, sans
aucune formation appropriée, être capable de gérer une situation
de crise ?
Comment devraient évoluer les politiques de sécurité dans
les centres commerciaux ?
Le terrorisme va faire partie de nos vies pendant encore de
longues années. Il ne faut pas être fataliste mais résilient. Les
centres commerciaux vont devoir bâtir leur politique de sécurité
sur deux dimensions. D’abord la dissuasion pour empêcher une
attaque, en travaillant sur la surveillance humaine, le contrôle
d’accès et les aménagements architecturaux et urbains. Deuxième
dimension toute aussi importante : que faire en cas d’attaque
terroriste ? Pour que les pertes humaines soient le plus faible
possible, les personnels de sécurité des centres commerciaux
devront savoir gérer une crise, mettre en place les évacuations
et confinements et interagir avec les forces de l’ordre.
Cette problématique doit être prise à bras-le-corps par tous les
responsables de centres commerciaux dès aujourd’hui.
En savoir plus
- Venez échanger avec Guillaume Farde lors de sa conférence « Les centres commerciaux face au risque terroriste », dans le cadre de Préventica Paris