Comment s'est développée l'approche ergonomique au sein
de Norpac ?
La démarche santé ergonomie a démarré en 2005 avec une première
enquête destinée à évaluer la perception des risques et de la
démarche QSE chez les compagnons. C’est à partir de 2007 qu’une
véritable démarche ergonomique s’est mise en place. Cette
approche a ensuite été déployée à plus grande échelle à travers
l’embauche d’un ergonome à temps plein par filiale.
En ce qui me concerne, je suis arrivée chez Norpac en 2011 avec 2
objectifs prioritaires pour le début de ma mission. Le premier
concernait la mise en place d’un plan d’actions pour la gestion
des restrictions médicales. Le deuxième portait sur la remontée
des problématiques de terrain et la recherche de solutions
associées.
Très concrètement, comment se traduit l'apport de
l'ergonomie au quotidien ?
L'ergonome est aujourd'hui systématiquement associé à la
préparation de chantier et intervient sur le terrain à des
moments précis d'avancement du gros œuvre pour faire le point et
proposer des actions complémentaires. Nous agissons donc sur le
volet préventif à travers le choix de modes constructifs ou de
modes opératoires moins pénalisants et sur le volet correctif en
proposant des améliorations suite aux visites chantier. Les 10
règles d’or de l’ergonomie, mises en place en 2010, constituent
le fil conducteur de la démarche sur chantier. On peut y
retrouver par exemple l’échauffement, les manutentions manuelles
limitées, les circulations au poste de travail ou encore le
respect des restrictions médicales.
Concernant ce dernier thème, l’objectif est simple : la
restriction médicale ne doit être un sujet tabou pour
personne. Premier axe, adapter les postes afin que qu’il y
ait adéquation entre état de santé et activité. Deuxième axe,
l’information, la sensibilisation auprès des chefs de chantier,
des collègues sur ce qu'est une restriction médicale et comment
cela peut être géré au quotidien. Résultats, aujourd'hui nous
parlons librement des restrictions médicales et nous avons pu
mettre en place des solutions pérennes.
Quelle évolution voyez-vous dans l'intégration de
l'ergonomie sur les chantiers ?
Lorsque nous avons commencé à parler d’ergonomie, l’objectif
était de vulgariser ce domaine encore peu connu des chantiers à
travers des actions très concrètes comme l’échauffement ou
l’amélioration du matériel. Aujourd'hui l'apport de l'ergonomie
est bien compris et accepté, notamment à travers des événements
comme l'Ergotour qui ont permis de donner du sens à la démarche.
Les compagnons ont pris conscience que leur capital santé n’est
pas infini et qu'eux aussi sont acteurs de leur santé. Ils ont
également leur rôle à jouer pour faire remonter les informations,
problématiques du terrain ou encore utiliser le matériel mis à
leur disposition pour travailler. Au delà de cette dimension
chantier, nous allons de plus en plus vers de l’ergonomie de
conception. Notre objectif à fin 2014 est que l’ensemble du
service méthode soit formé à l’ergonomie et nous souhaitons aller
encore plus loin en intégrant ces sujets dès la phase de
chiffrage de l’opération. Notre ambition est que chaque personne
en charge de l’acte de construire intègre les préoccupations de
santé pour que le travail soit adapté à l’homme et non le
contraire.
Crédits photos : service communication Norpac et Jean Drieux.