Marine Colombel - l’EPS Bathélémy-Durand d'Étampes : La méditation peut être bénéfique à tous dans le monde du travail

La méditation peut être bénéfique à tous dans le monde du travail

MANAGEMENT RH / QVT || Addictions
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01/03/2021
Marine Colombel  - l’EPS Bathélémy-Durand d'Étampes
Marine Colombel
Praticien hospitalier en psychiatrie (Professeur au D.U. Mindfulness à l’Université Paris-Saclay.)
l’EPS Bathélémy-Durand d'Étampes

Depuis 2016, Marine Colombel et Jean Sixou animent des groupes de méditation destinés aux équipes de l'EPS Barthélémy-Durand. Conçus comme des formations pour le bien-être et la gestion du stress au travail, ces groupes connaissent un franc succès et pourraient bien servir de modèle à de nombreuses structures. Leur cocréatrice, Marine Colombel, revient sur cette expérience.

Qu’est-ce qui vous a poussé à créer ces groupes de méditation ?
Le docteur Sixou et moi-même avions déjà une grande expérience personnelle de la méditation. C’est également un sujet qui a marqué mes études, car je m’intéressais alors déjà aux apports de la médiation mindfulness (ndlr : pleine conscience) pour les soignants. En 2016, en constatant les bénéfices de la méditation sur notre propre gestion du stress, nous avons commencé à en parler à nos collègues. Ceux-ci étaient très motivés, et la demande de formations autour de la méditation pour soignants s’est faite de plus en plus forte. Progressivement, nous nous sommes ouverts à tout le personnel de l’hôpital, soignant comme administratif, qui compte près de 1500 personnes au total. Nous ne faisons pas de distinction entre les fonctions, tout le monde peut avoir accès nos groupes de méditation. Et cela a bien marché, car nous sommes à deux groupes par an, d’une quarantaine de personnes, et la liste d’attente reste assez importante. Actuellement, nous avons formé un peu plus de 10% du personnel de l’établissement. Le covid a un peu ralenti nos activités, mais nous espérons reprendre normalement à partir de septembre prochain.

Comment se présentent-ils concrètement ?
Nous avons nommé notre formation MBT, pour Mindfulness Basic Training. Ce sont des groupes qui se réunissent entre 11h et 13h, en dehors des horaires de travail. Ils s’organisent en cinq séances mensuelles de 2h. Lors de ces séances, nous abordons les bases de la méditation, le suivi de la pratique à la maison, les apports dans le travail… mais nous travaillons également sur l’exposition aux problèmes, et autour des valeurs. Cela dépasse la simple gestion du stress.

Quels sont les retours ?
Nous avons d’excellents retours de la part de ceux qui ont participé. Cela se concrétise par un bouche-à-oreille très efficace, qui fait grandir nos groupes. D’une façon assez inattendue, en plus des constats d’efficacité pour la gestion personnelle du stress, nous constatons un effet de diffusion dans les services. Il y a une meilleure gestion globale de la violence, même dans les services qui ne comportent qu’une ou deux personnes ayant suivi notre formation. Nous sommes donc très heureux de voir qu’il y a un vrai résultat, même dans les services où tout le monde n’est pas formé. Il suffit d’une ou deux personnes pour enclencher une désescalade efficace. En 2018, nous avons également reçu le prix coup de cœur du Prix de l’Innovation en Ressources Humaines de la Fédération Hospitalière de France (FHF) pour notre programme, au titre de son inscription dans la démarche de prévention des RPS.

Votre projet peut-il s’exporter à d’autres structures ?
Oui, c’est un format complètement transposable dans d’autres sphères du monde du travail. Pour notre part, nous avons plutôt une population soignante, donc nous adaptons un peu notre discours à cette situation. Mais l’intégration des employés de l’administration montre que l’on peut vraiment appliquer ces méthodes de façon universelle. La base reste la même, et les détails techniques sont facilement adaptables, avec les mêmes bénéfices.
Pour ceux qui souhaiteraient intégrer ces formations à leur structure, beaucoup de coachs proposent aujourd’hui leurs services pour la méditation. Mais il est vrai que les niveaux d’expertise sont très variables, puisqu’il n’y a pas vraiment d’homologation officielle. C’est pour cela que nous avons mis en place les diplômes universitaires de mindfulness. Le but est de pouvoir donner un diplôme à des personnes en sachant qu’elles ont un minimum de connaissance sur la méditation et comment mettre en place des groupes, pour une meilleure intégration dans leurs milieux de travail respectifs. Mais s’il y a la moindre question, il ne faut pas hésiter à contacter notre hôpital pour que je donne plus d’informations à titre individuel.