Karim Amri - Centre Hospitalier de Cayenne : Il faut développer une véritable culture sûreté à l'hôpital

Il faut développer une véritable culture sûreté à l'hôpital

|| Sécurité - Sûreté
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04/02/2014
Karim Amri - Centre Hospitalier de Cayenne
Karim Amri
Directeur d’Hôpital, Directeur adjoint
Centre Hospitalier de Cayenne
Karim Amri a réalisé un important travail d'étude à l'Hôpital Rotschild de Paris sur la caractérisation des actes de malveillance. Il propose des solutions concrètes tant dans le domaine préventif que curatif. Extraits

Vous pensez que la sécurité des biens et des personnes à l'hôpital est mal prise en compte, pourquoi ?
Tout d'abord j'aimerais préciser ce que j'entends par le terme sécurité. Dans le milieu hospitalier, lorsque l'on parle de sécurité, on pense en priorité au risque sanitaire ou à la sécurité des soins.
Or depuis quelques années, les phénomènes de violences, d'incivilités, de malveillance, voire de délinquance connaissent un développement considérable dans le secteur de la santé. L'hôpital n'y était pas (et n’y est toujours pas) préparé. C'est un lieu social, ouvert sur le monde extérieur, la culture sécurité n'est pas dans les gènes… en ce qu’elle est souvent opposée à tort comme un obstacle au principe d’universalité d’accès aux soins.
J'ai travaillé à la Préfecture de Police de Paris et lorsque je suis arrivé dans le milieu hospitalier, j'ai été surpris du manque d'attention des directions d'hôpitaux pour ces aspects sécuritaires.
Pourtant il n'y a pas d'autre alternative : il faut en venir à de véritables politiques de gestion de ce risque, à l'égal des autres risques auquel est confronté le secteur médical.

Quelles solutions préconisez-vous pour améliorer cette situation ?
Comme dans toute politique de prévention, il faut commencer par élaborer une cartographie des risques. Dans quelle situation, à quelle heure, quel jour, avec quelle gravité, les atteintes à la sécurité des personnels, des patients ou des biens ont-elles lieu ?
C'est en s'appuyant sur cet audit préalable que l'on pourra mettre en place des moyens adaptés, aussi bien en prévention qu'en répression : vidéosurveillance, agents de sécurité, formation des personnels, contractualisation Police-Justice,… Je préconise une approche sécuritaire construite autour du parcours du patient.
Il faut aussi mieux former les agents de sécurité au contexte particulier du milieu hospitalier
Sans entrer dans une logique d'hypersécurisation, il y a nécessité de mieux appréhender le risque et de professionnaliser les politiques de sécurité.
Mais pour que cette politique sécurité soit efficace, il faut en premier lieu une prise de conscience et une impulsion donnée par la direction de l'hôpital en concertation avec les acteurs hospitaliers.

Comment les personnels de l'hôpital peuvent-ils être impliqués dans ce processus ?
Les personnels de l'hôpital sont également des victimes de la montée des phénomènes d'agressions et de violences de la société. En dehors d'une mesure objective des faits, le sentiment d'insécurité peut être facteur d'anxiété, de stress et au final d'une souffrance au travail pour les agents en contact avec le public. Les enquêtes de victimisation me semblent une solution intéressante car elles permettent justement de mesurer le sentiment d'insécurité. Par conséquent, cela participe activement à la prévention des Risques Psycho-Sociaux ( RPS). Donner la parole aux personnels ouvre la porte au dialogue avec la hiérarchie, c’est un moyen d'évacuer des vécus parfois douloureux et au final de retrouver un sens au travail, pour le bénéfice de tous.

La sécurité des biens et des personnes à l'hôpital
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