Reprise du travail : l'INRS appelle à la vigilance

travail entreprise coronavirus
ORGANISATION DE LA PREVENTION || Management SST
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05/05/2020

Certaines pratiques pourraient avoir des effets délétères sur la santé, la sécurité et les conditions de travail des salariés.


Dans le contexte actuel de pandémie, l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) actualise ses recommandations pour aider les entreprises à reprendre leur activité sur site tout en préservant la santé et la sécurité de leurs salariés. Nettoyage des locaux, remise en service des machines, organisation du travail… Face aux nombreuses questions des employeurs et aux retours d’expérience, l’Institut appelle à la vigilance sur l’impact de certaines mesures prises pour éviter la propagation de la maladie et propose un dossier spécial COVID-19.

Ainsi pour ce qui concerne le nettoyage et la désinfection des locaux, il convient de faire attention à l'usage répétitif de désinfectants de surfaces, qui peuvent augmenter la résistance des autres micro-organismes (bactéries et moisissures). « Le virus du COVID-19 ne proliférant pas en dehors de l’hôte, il n’y a donc aucune raison de désinfecter après deux mois de fermeture des locaux de travail. » insiste Christine David, responsable du pôle risques biologiques à l’INRS. « Il faudra cependant être vigilant avec les réfrigérateurs susceptibles d’avoir développé des moisissures sur des aliments oubliés ou avec l’eau stagnante dans les canalisations. »

L'adoption d'horaires décalés et du travail de nuit ne peut être qu'exceptionnelle. Cette réorganisation du temps de travail peut avoir des répercussions sur la santé et la sécurité des travailleurs. « Prévenir la dette chronique de sommeil est particulièrement important car elle a pour conséquence directe une baisse de vigilance qui peut être source d’accidents de travail ou de trajet. » alerte le Dr. Marie-Anne Gautier, expert d’assistance médicale à l’INRS. « Attention, décaler les horaires ne doit pas entrainer d’augmentation de l’amplitude du temps de travail et le recours au travail de nuit doit rester exceptionnel. »

Et la prise de température ? Certaines entreprises peuvent être tentées de procéder à des relevés de la température corporelle de toutes personnes entrant dans l’entreprise. Or, à ce jour, les autorités sanitaires déconseillent la réalisation de mesure de filtrage par température corporelle des personnes, salariés, clients, prestataires, souhaitant entrer dans une entreprise. « Ces mesures préventives, qui conduiraient certains salariés à se voir imposer la prise de température ou la réalisation d’un test, ou à se voir refuser l’accès à leur entreprise en raison de leur état de santé, pourraient être considérées comme discriminatoires et attentoires à la liberté individuelle. » précise Jennifer Shettle, responsable du pôle information juridique à l’INRS.

Enfin l'INRS rapelle que la reprise des activités dans ce contexte exceptionnel ne doit pas conduire à sous-estimer les autres risques professionnels. Cette crise sanitaire ne doit pas faire perdre de vue à chaque employeur la prévention des principaux risques inhérents à son activité et ceux qui pourraient être engendrés par le COVID-19. « Actuellement, travailler en contact avec le public expose les salariés à des risques accrus de violence et d’agression. Des mesures de prévention existent, il est indispensable de les mettre en place. » insiste Valérie Langevin, expert d’assistance conseil à l’INRS.