Les espaces de travail comme clé de marque employeur

Les espaces de travail comme clé de marque employeur
DOSSIER
AMENAGEMENT DES ESPACES DE TRAVAIL || Aménagement des espaces / 10/05/2024

En mai 2023, l’Observatoire de la Qualité de vie au travail en collaboration avec Actinéo a publié son baromètre d’appréciation de la QVT. Ce nouveau décryptage des modes de vie au travail des Français, dans un contexte post-Covid-19, montre que les attentes de collaborateurs ont grandement évolué. Mais surtout, que les entreprises doivent s’adapter très vite pour garder leurs employés impliqués et heureux. Dans ce contexte, les espaces de travail constituent un enjeu de premier plan.

Le dernier « Baromètre de la qualité de vie au travail et des espaces de travail », publié en juin 2023 par L’Obseco et Actinéo, a mis au jour de nouveaux enjeux concernant la rétention des salariés dans l’entreprise, grâce aux leviers des espaces de travail. Bien aménagés et pensés, ceux-ci peuvent devenir un véritable levier de la marque employeur. Jean-Philippe Cordina, directeur de création associé chez l’agence d’aménagement de bureau Saguez & Partners, et Odile Duchenne, chargée de mission pour l’Ameublement français et pour Actinéo, ont évoqué ce sujet dense dans une conférence dédiée.

Qualité de vie au travail : un constat préoccupant

pensif

Point baromètre : des chiffres de satisfaction en baisse

Remontons à la base de l’enjeu : la « satisfaction au travail ». Selon les chiffres mis en exergue par Odile Duchenne lors de la conférence, celle-ci est « en net retrait » : - 10 points par rapport à 2019. Pour le détail, 23 % des 1200 personnes interrogées (sondées selon la méthode des quotas, ndlr) se disent « pas satisfaites » de leurs conditions de travail. Et si l’on creuse les tendances au sein de cette population, l’on constate que 10 % des insatisfaits travaillent « dans de grandes entreprises », quand ce sont les jeunes (18-34 ans) travaillant en province et région qui se sentent le mieux. L’endroit, le lieu d’évolution professionnel apparaît alors capital pour le bien-être des collaborateurs.

Quand le travail pousse à l’abandon

Progressivement, nous l’avons vu depuis le Covid-19, l’insatisfaction au travail induit irrémédiablement « une tentation du désengagement, de la démission et du quiet quitting », assure Odile Duchenne. Selon le Baromètre, 30 % des sondés « envisagent de quitter leur emploi dans les prochains mois » (dont 36 % chez 35-44 ans). Au moins 42 % se sentent peu « engagés dans leur travail, et font juste ce qu’on leur demande » (dont 47 % chez les 18-34 ans). Selon la chargée de mission pour Actinéo, les sociologues remettent en question « la centralité du travail et donc du bureau » pour les Français. « Il y a d’autres temps que le temps du travail dans la vie des gens », affirme-t-elle. Ainsi, 65 % des actifs sondés aimeraient « pratiquer le télétravail à l’avenir ». Cela n’est cependant pas sans risques : 36 % disent avoir du « mal à dissocier vie personnelle et vie professionnelle ». Comme l’explique Jean-Philippe Cordina, beaucoup ont eu tendance à conclure que « le bureau était devenu un sas pervertissant l’univers privé ».

Le nouvel attrait pour le bureau

réunion

Pour autant, selon le directeur de création associé chez Saguez & Partners, « nous sommes à l’ère de l’après ».

Un retour indispensable

C’est-à-dire que les travailleurs vont « de nouveau venir au bureau. Le bureau n’est pas mort ». Un horizon que semblent appuyer les données de l’étude. Puisque la dissociation vie privée-personnelle apparaît plus importante chez les adeptes du télétravail (41 %) que chez les adeptes du tout présentiel (32 %). « Avec la pandémie, nous avons expérimenté de nouvelles organisations. Toutefois, nous avons redistribué des tâches sans pour autant annihiler l’espace de travail. Celui-ci a simplement grignoté la sphère privée », analyse Jean-Philippe Cordina. Malgré cela, les entreprises vont devoir accompagner cet état d’esprit changeant. Car le prisme de perception du « lieu de travail » a complètement changé depuis la crise sanitaire. Le Baromètre indique en effet que 70 % des sondés viennent désormais au bureau « pour la convivialité et le partage ». Près de 20 % affirment que c’est pour eux « l’aspect le plus important ». « L’espace de travail devient une destination avec des services et des usages et revêt une dimension d’imprévu qui n’existe pas à la maison », explique Jean-Philippe.

Un retour sous conditions

Mais ce n’est pas pour autant que les travailleurs n’ont pas d’exigences, au contraire. « Le collaborateur est le premier client de l’entreprise », affirme-t-il. Une nouvelle demande sociétale se dessine ainsi. La pandémie a été la phase des prises de conscience. Selon le Baromètre, ils sont moins nombreux à « trouver que les espaces correspondent à leurs besoins » (- 8 points). « Les lieux n’ont pas suivi aussi vite que les gens ont évolué. Il y a une mise à jour à effectuer au niveau modes de travail et des modes de vie », appuie Jean-Philippe Cordina. Une vision que partage Odile Duchenne : « il faut que l’on puisse avoir plusieurs vies dans les espaces. » Garderie, services sport et bien-être… Les nouvelles demandes – et donc attentes – sont fortes. Le constat est sans appel, 70 % des interrogés disent que l’entreprise « doit proposer des espaces de travail mieux qu’à la maison », quand 40 % disent que « les locaux de l’entreprise ont eu une incidence sur leur choix d’emploi ».

Aménager ses espaces de travail pour consacrer le bien-être au travail

Espace café

L’aménagement des espaces, la décoration ou l’ameublement contribuent « à créer une ambiance et des conditions de vie pour un meilleur bien être au travail relance Odile Duchenne. Cela devient un levier pour la marque employeur et pour attirer les talents. »

Faire du lieu de travail un lieu de vie

« On peut travailler de chez soi, donc quand on vient au bureau, c’est pour évoluer avec les autres et dans un lieu agréable », poursuit-elle. Pour Jean-Philippe Cordina, « c’est le lieu qui créé le lien. Il en faut pour tout le monde. » Voici donc quelques conseils : coins café-thé (54 %) ; jardin ou espaces verts (48 %) ; cuisine en libre accès (40 %)… Les lieux informels sont « devenus indispensables au bureau ». Mutualisation des espaces de travail ; éléments de conforts à disposition ; visibilité sur les produits de la marque ; espaces de caractère ; forte dimension graphique dans la décoration ; espaces jeux ; espaces hybrides ; esprit hôtelier... Les pistes sont diverses et variées. Ce qu’il faut retenir, c’est « le besoin d’incarnations différentes ». Dans la liste des demandes, les « espaces de coworking, de brainstorming et de conférences » arrivent en dernière position. Pour Jean-Philippe Cordina, « l’enjeu de l’engagement des jeunes collaborateurs et des nouveaux entrants » se joue ici. « Le marché de l’emploi est hyper dynamique. Les mutations d’emploi sont normalisées. Donc garder les talents, c’est compliqué, d’autant que la durée de collaboration est de plus en plus courte. L’entreprise doit se dévoiler. »

De la flexibilité à la liberté

Le degré d’exigence des employés ayant beaucoup augmenté, les travailleurs se souciant plus de leur bien-être, de leur santé mentale et ayant plus de points de comparaison, ils « doivent trouver plus qu’un bureau, un écran et un réfectoire pour manger au travail », assure Odile Duchenne. Ainsi, les nouvelles organisations du travail ont permis de considérer à nouveau les travailleurs et leurs prospects. « Le flex office, bien utilisé, est le meilleur recueil de besoin », exprime Jean-Philippe Cordina. Mais plus que de l’investissement, les salariés attendent surtout de la confiance et de la latitude de la part de leur employeur : semaine de 4 jours (68 %), équipements à domicile (70 %), « pouvoir travailler depuis l’endroit de son choix » (66 %). En fait, dans ce futur désirable, pour Odile Duchenne, plus que « flexibilité », le mot majeur sera « liberté ».


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