Annabelle Ferré-Janicot - ARS NA : « Pour les établissements régulièrement accompagnés, les taux de turn-over et d’absentéisme ne sont pas à la hausse. C’est encourageant. »

« Pour les établissements régulièrement accompagnés, les taux de turn-over et d’absentéisme ne sont pas à la hausse. C’est encourageant. »

ORGANISATION DE LA PREVENTION ||
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23/08/2021
Annabelle Ferré-Janicot  - ARS NA
Annabelle Ferré-Janicot
Responsable du pôle performance et investissements à la direction de l’offre de soins et d’autonomie
ARS NA

L’ARS Nouvelle-Aquitaine vient de prendre de nouveaux engagements forts en matière de Qualité de vie au travail (QVT) dans les établissements sanitaires et médico-sociaux, et ce, malgré un contexte de crise sanitaire.

La volonté de l’ARS de Nouvelle-Aquitaine est de contribuer à l’amélioration de la qualité de vie au travail des personnels de santé qu’ils relèvent du champ sanitaire, hospitalier, médico-social ou du champ du handicap. Engagée depuis plusieurs années, cette démarche QVT vient de connaitre un nouveau tournant. Annabelle Ferré-Janicot, responsable du pôle performance et investissements à la direction de l’offre de soins et d’autonomie à l’ARS Nouvelle-Aquitaine, revient pour Préventica sur le dernier projet en date.

Vous avez lancé un appel à manifestation d’intérêt concernant des « équipes mobiles QVT ». Pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous avons réussi à mobiliser des crédits sur trois ans, pour la constitution d‘équipes mobiles sur nos 12 départements. En tout, il y a 18 équipes mobiles et pour que le projet fonctionne, 10 structures doivent se regrouper. L’idée est donc de partager des professionnels avec des qualités QVT, à l’instar des psychologues, ergonomes, préparateurs physiques, etc, dans plusieurs établissements. Ces ergonomes, thérapeutes et autres vont pouvoir accompagner les équipes au quotidien sur des problématiques larges : analyse de pratique, situation conflictuelle, aspects relationnels, managériaux, etc.

Vous venez aussi de dévoiler un projet de cartographie des bonnes pratiques. De quoi s’agit-il ?
Grâce à notre relation de grande qualité avec l’ARACT, nous avons pu leur confier la création d’une cartographie régionale des bonnes pratiques. Cette cartographie a pour but de relayer quelles sont les réussites régionales, capitaliser sur ces réussites et pouvoir repérer dans les établissements des ambassadeurs QVT. Cette démarche vise à favoriser la création d’un réseau. La cartographie sera disponible d’ici la fin de l’année sur le site de l’ARS.
Avec l’ARACT nous organisons aussi des ateliers QVT sous la forme de webinaires, de retours d’expériences, d’échanges de bonnes pratiques. Nous en avons réalisé un en juin dernier qui a réuni près de 230 participants.

Quels sont vos autres partenariats et les projets que vous développez ?

Nous avons également un partenariat avec la Carsat Centre Ouest et la Carsat Aquitaine avec lesquelles nous menons plusieurs projets.
Par exemple, les Carsat financent des rails plafonniers dans les EHPAD pour lutter contre les TMS du personnel soignant.

La Carsat a également réalisé des fiches conseils pour la construction et la rénovation des EHPAD. Comment équiper une chambre ? Comment organiser l’espace de travail ? Comment travailler sur l’éclairage naturel ? Cela nous aide pour la modernisation et la restructuration du parc hospitalier de la région.

Comme autre projet, il y a aussi le projet de recherche QENA, qui mesure la santé et la qualité de vie au travail des professionnels des EHPAD en Nouvelle-Aquitaine. Il est issu d’un partenariat avec l’Institut de Santé Publique, d’Epidémiologie et de Développement (ISPED) de l’Université de Bordeaux. L’intérêt du projet QENA est de trouver des indicateurs pour l’évaluation des politiques QVT et voir si les actions convergent dans le bon sens. Grâce à ce projet, nous avons pu constater que pour les établissements régulièrement accompagnés, les taux de turn-over et d’absentéisme ne sont pas à la hausse. C’est encourageant.

Grâce à nos partenariats, nous portons plus d’actions et elles sont davantage partagées à tous niveaux. Nous faisons tous des choses qui œuvrent à l‘amélioration de la QVT, mais ensemble nous sommes plus forts et nous pouvons avoir des actions complémentaires.

La dynamique QVT n’est pas nouvelle au sein de l’ARS. Quelles étaient vos précédentes expériences ?
Dès 2018 nous avons lancé des appels à candidatures dont la vocation était de financer des actions propres à ce que chaque structure voulait porter au sein de son établissement. Par exemple, la mise en place d’un diagnostic QVT, des actions de bien-être (massage, sophrologie), de la formation PRAP - prévention des risques à l’activité physique -, de l’aménagement de postes de travail, etc.
Cela a permis la mise en place d’échanges de bonnes pratiques entre professionnels. Dès 2018, nous avons trouvé important de renforcer des modules de formation de management, pour les former aux enjeux de la QVT. Ainsi, nous avons pu former 42 encadrants.

2020, année particulière avec la crise sanitaire. Comment avez-vous continué à développer la QVT ?
2020 a été axée sur la gestion de crise. Nous avons été proactifs auprès des professionnels de santé sur les problématiques variées du quotidien, comme l’usure, la fatigue, etc.

Nous avons souhaité faire une action extrêmement large pour tous nos champs où nous avons proposé aux différents établissements de choisir des actions QVT à mettre en place. Cela allait du renfort de personnel de gestion de crise, au renfort du personnel pour les protocoles de visite, mais aussi des actions de soutien des équipes comme l’organisation de temps de parole, de retours d’expériences, d’interventions de psychologues.

Nous avons aussi proposé des actions de coaching des cadres dans la gestion de crise pour apprendre comment remobiliser les équipes notamment.  Mais aussi des actions de formation sur la sécurisation durable des gestes barrière, d’autres sur le maintien de l’équilibre vie privée et vie professionnelle, ou des actions de formation ou d’outillage sur le numérique. Dans ce cadre-ci, nous avons procédé à l’achat de 920 tablettes pour les EPHAD. Elles ont permis de réaliser des téléconsultations, mais aussi de maintenir le lien social avec les familles.
En tout, 722 établissements médico-sociaux ont été accompagnés l’an dernier.